Seulement 18 voix, la motion de défiance contre Benyamin Netanyahou ne passe pas mais il est faible dans les sondages

Israël.

Seulement 18 voix, la motion de défiance contre Benyamin Netanyahou ne passe pas mais il est faible dans les sondages
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou - Capture d'écran

Le vote a été boycotté par la coalition ; pour Liberman, dans l'opposition, c'est "irréaliste" d'organiser des élections en pleine guerre. Alors que la popularité du gouvernement ne cesse de dégringoler, une motion de défiance contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a toutefois recueilli que 18 votes à la Knesset, lundi soir – loin de la majorité nécessaire pour être adoptée par la Knesset, forte de 120 députés. Le vote a été boycotté par la coalition, dont les chefs ont déclaré plus tôt dans la journée qu’ils « ne participeraient pas à des spectacles politiques en temps de guerre ».

La motion, déposée par le Parti Travailliste, évoquait « l’échec » du gouvernement à assurer le retour des 136 Israéliens qui seraient encore retenus en otage dans la bande de Gaza par le groupe terroriste du Hamas. L’incapacité de Netanyahu à obtenir la libération des captifs détenus à Gaza a entraîné les critiques féroces des familles de ces derniers et celles de ses adversaires politiques

Efrat Rayten, députée d’Avoda, a affirmé que devant la plénière, avant le vote, que « le devoir fondamental d’un État envers ses citoyens est de protéger leur vie et leur sécurité ».

« Il est impossible de faire confiance à un gouvernement qui a échoué si lamentablement » pendant et après l’attaque du Hamas du 7 octobre », selon une députée du Parti Travailliste

« Ni les moyens militaires, ni le gouvernement ne sont parvenus à faire revenir un seul otage », a pour sa part déploré Mansour Abbas, député du parti Raam, pendant le débat (une soldate a été toutefois secourue lors d’une opération militaire). Il a estimé que les captifs « paient le prix » des erreurs commises par Jérusalem et il a ajouté que la guerre devait cesser.

Prenant la parole pour le compte du gouvernement à la tribune, May Golan du Likoud a accusé l’opposition de se livrer à un jeu de politique politicienne en temps de guerre

« Le gouvernement, qui est un gouvernement responsable, ne participe pas aux petites politiques ou à tout autre type de politique alors qu’une guerre pour le droit à l’existence et à la sécurité des citoyens du pays est encore en cours », a-t-elle déclaré. Se tournant vers les membres des familles des otages, qui se tenaient dans la galerie, elle a dit que « nous comprenons votre souffrance et nous œuvrons en permanence en faveur du retour de ceux que vous aimez ». Elle a été huée.

En réponse à l’absence de la coalition, la cheffe sortante du parti Avoda, Merav Michaeli, a estimé que le gouvernement avait « peur » dans son allocution devant les députés.

« Bibi fuit ses responsabilités », a ajouté le chef de Avoda, utilisant le surnom de Netanyahu

Michaeli avait expliqué sa décision de présenter une motion de défiance au cours d’une réunion de faction hebdomadaire de la Knesset, avant le vote. « Depuis le 7 octobre », avait-elle indiqué, « nous nous sommes abstenus de prendre cette mesure mais cela fait 108 jours que nous voyons ce gouvernement s’occuper de tout… à l’exception des otages », avait-elle noté.

« Et nous devons être prêts à cesser les combats » à Gaza « pour pouvoir rapatrier nos otages », avait-elle souligné.

« On ne peut pas continuer à mentir en disant que ‘seule une victoire totale pourra garantir l’élimination du Hamas et le retour de tous les otages’. Cela prendra très longtemps de renverser le Hamas et nous n’avons pas de temps. Ils n’ont pas de temps. Et nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à leur faire courir ainsi un danger qui est très clair, qui est immédiat et ce jour après jour. »

Des propos qui ont été tenus plusieurs heures après que des proches des captifs sont entrés dans la salle où se tenait une réunion de la Commission des Finances, au parlement, pour demander au gouvernement de faire davantage pour la remise en liberté de leurs êtres chers

Mais malgré l’impopularité croissante de Netanyahou et malgré la rhétorique dure employée par ses adversaires à son égard, la motion n’a pas été en capacité de rassembler un soutien significatif de la part des autres factions d’opposition.

Suite à l’attaque commise par le Hamas, le 7 octobre, dans le sud d’Israël, la confiance dans le gouvernement a chuté – atteignant, selon l’Institut israélien de la Démocratie, son niveau le plus bas depuis deux décennies. Selon une étude qui a été diffusée, le mois dernier, par le think-tank dont le siège est à Jérusalem, plus des deux-tiers des Israéliens estiment qu’un scrutin devra se tenir dès que la guerre contre le Hamas sera terminée.

Avant le vote, le leader de l’opposition, Yair Lapid, a pour sa part appelé Netanyahu à négocier la date de nouvelles élections.

Même s’il a promis de promouvoir un vote de défiance contre le Premier ministre si le cabinet devait adopter un budget qui ne réduisait pas le montant des fonds alloués à la coalition, a indiqué Lapid aux journalistes, il attendra « une semaine encore », citant le retard pris par le gouvernement concernant la soumission du budget devant les députés de la Knesset.

Dans l’intervalle, « j’ai une proposition à faire au Premier ministre Netanyahu : Prenons place, vous et moi, le Premier ministre et le chef de l’opposition, et posons une date », a-t-il continué, affirmant qu’un scrutin était inévitable.

« Au lendemain de la plus grande catastrophe de toute l’Histoire du pays, nous avons besoin d’un gouvernement qui regagnera.

Si des élections devaient avoir lieu aujourd’hui, environ trois mois et demi depuis le début de la guerre contre le Hamas à Gaza, le parti HaMahane HaMamlahti du ministre Benny Gantz serait bien placé pour former une coalition, écartant Benjamin Netanyahu de son poste, selon un sondage qui a été publié dimanche.

Alors qu’il leur était demandé quelles étaient les valeurs qui déterminaient Netanyahou dans sa prise de décision relative à la guerre, 53% des personnes interrogées par Channel 13 ont indiqué croire que ses intérêts personnels passaient avant tout le reste. 33% seulement des sondés ont répondu qu’il agissait au nom de l’intérêt du pays

L’enquête d’opinion a révélé que le parti de l'unité nationale, de Benny Gantz, deviendrait le plus grand parti au parlement avec 37 sièges – il en occupe 12 actuellement. Le Likoud placé sous l’autorité de Netanyahou remporterait 16 sièges, un résultat divisé par deux par rapport au dernier scrutin. Le troisième parti de la Knesset serait Yesh Atid de Yair Lapid avec 14 sièges – il en a 24 actuellement.

Michel Zerbib

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