Le président iranien Ebrahim Raïssi se rend mercredi 23 janvier à Ankara, où il s'entretiendra avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan de la guerre à Gaza et des moyens d'empêcher son extension. La visite, deux fois reportée, intervient sur fond de tensions croissantes au Moyen-Orient.
Ebrahim Raïssi a ainsi juré samedi de venger la mort de cinq membres des Gardiens de la Révolution iraniens tués selon lui par Israël dans une frappe en Syrie
Israël a déjà été accusé d'avoir tué ces dernières semaines un haut responsable iranien en Syrie et le numéro deux du Hamas au Liban, faisant craindre une extension de sa guerre contre le Hamas, tandis que les Gardiens de la Révolution ont mené mi-janvier une attaque au Kurdistan irakien contre «un quartier général» d'où opéraient, selon eux, les services de renseignement extérieur israéliens.
Autre situation explosive, les rebelles yéménites Houthis, soutenus par Téhéran, continuent d'attaquer des navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, malgré les frappes américano-britanniques, disant agir en solidarité avec les Palestiniens
Le président Erdogan a lui aussi pris fait et cause pour le Hamas. Le chef de l'État turc a qualifié Israël d'«État terroriste» et le Hamas - dont la République islamique d'Iran est un des principaux soutiens internationaux - de «groupe de libérateurs». Recep Tayyip Erdogan, qui a rappelé début novembre l'ambassadeur de Turquie à Tel-Aviv, a toutefois jugé impossible de «rompre complètement» avec Israël. Le ministre iranien des Affaires étrangères venait précisément d'appeler, depuis Ankara, au «boycott» des produits israéliens et à rompre tous liens avec Israël.
Les Iraniens jugent positives les déclarations fermes d'Erdogan, mais ils lui reprochent de ne pas rompre avec Israël,mais pour qui la guerre à Gaza a toutefois créé une «proximité tactique» entre Téhéran et Ankara.
Les deux voisins ne sont pas d’accord sur tous les sujets et entretiennent des rapports complexes
Mais les deux voisins entretiennent des relations complexes sur plusieurs dossiers. La Turquie a notamment appuyé les groupes rebelles en Syrie, contre le président Bachar al-Assad soutenu par Moscou et Téhéran. Le soutien d'Ankara à l'Azerbaïdjan à propos du territoire disputé du Haut-Karabakh, dont Bakou s'est emparé en septembre lors , a aussi irrité l'Iran, qui s'inquiète que la montée en puissance de Bakou dans le Caucase puisse alimenter des ambitions séparatistes au sein de sa propre minorité ethnique azérie.
L'Iran voit en outre d'un mauvais œil toute ambition de l'Azerbaïdjan, allié d'Ankara, de se ménager un couloir en territoire arménien vers l'enclave du Nakhitchevan qui longe la frontière nord de l'Iran et pourrait compliquer son propre accès à l'Arménie
La visite du président Raïssi, qui sera accompagné d'une large délégation, sera aussi l'occasion de renforcer les liens commerciaux avec Ankara, souligne encore Arash Azizi. Les deux présidents pourraient ainsi discuter de l'ouverture d'un nouveau point de passage entre leurs deux territoires qui permettrait de faciliter le commerce bilatéral.
Michel Zerbib
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