Ce lundi, au procès de l’attentat de Trèbes, Nicolle Beltrame a glorifié un fils attaché à la « patrie ». « Je l’imagine se dire : "Il faut sauver la France". » C’était le 6ème jour d’audience consacrée en grande partie aux témoignages des proches du gendarme héroïque et patriote.
Nicolle Beltrame a parlé pendant cinq minutes, sans pause . « Voilà, merci », a-t-elle conclu, provoquant des sourires dans l'assistance tant son intervention face à la cour d'assises spéciale de Paris, très attendue. En cinq minutes, elle a pourtant eu le temps de faire un vif éloge de son fils, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, mort dans l'attentat de Trèbes le 23 mars 2018, après s'être substitué à une employée otage du magasin Super U . Bravant tout protocole, le militaire avait proposé au terroriste, Radouane Lakdim, d'être échangé contre l'otage, avant d'être finalement tué par l'assaillant.
Ce lundi, face à la cour, Nicolle Beltrame est venue « debout, porter ce qu'était » son fils : un homme plein de « courage », qui a affronté un « lâche terroriste jusqu'à la mort ». « Arnaud ne s'est pas sacrifié, il a combattu. Il a toujours été comme ça au cours de son extraordinaire carrière, et c'était évident qu'il se comporterait de cette façon. Je l'imagine se dire : Il faut sauver la France. »
« Il est mort en combattant … dressé contre le terrorisme islamique », affirme Damien Beltrame
« J'ai toujours vu Arnaud comme le grand frère soldat, guerrier, a témoigné ensuite son cadet Damien, huit ans d'écart avec Arnaud. Cela m'a rassuré de savoir qu'il était mort en combattant, qu'il n'avait pas baissé les bras. Il était blessé par balle quand il a sauté sur le terroriste, et il s'est battu. Il s'est dressé devant le terrorisme islamiste qui a fait énormément de dégâts en France. Maintenant, que fait-on pour empêcher cette dégradation de nos valeurs ? Il faut que la justice soit exemplaire et très dure pour que les prochains qui aient cette idée y réfléchissent à deux fois. »
« Il y en a marre de ce laxisme »
Très politique, la mère d'Arnaud Beltrame a aussi appelé les pouvoirs publics à « se réveiller » contre cette « cochonnerie de terrorisme ». « Il y en a marre de ce laxisme ». Arnaud avait des valeurs fondamentales qui manquent à la France. Sa vie, c'était la patrie. La famille, bien sûr, mais surtout la patrie […] Quand on voit quelqu'un se faire agresser, on se bouge. On n'est pas des assistés. » La mère du gendarme devenu héros a ensuite réclamé à la cour de « punir sévèrement tous ces terroristes », en référence aux accusés dans le box. Tout en assurant « faire confiance à la justice ».
La devise d'Arnaud Beltrame : « Qui ose gagne »
Le petit frère d’Arnaud , Damien se souvient d'un passionné de l'armée avec qui il jouait à la guerre « dans la forêt » en se mettant « du noir sous les yeux ». Avec leur troisième frère, Cédric, ils pouvaient écouter des heures les anecdotes de leur grand-père, en Corse, narrant ses exploits militaires et sa blessure en Indochine. Le jeune Arnaud était le plus impressionné.
Après une enfance passée dans un petit village du sud de l'Essonne, à Chalo-Saint-Mars, il a été diplômé de Saint-Cyr et s'engage dans la gendarmerie à la suite de plusieurs opérations difficiles à l'étranger, notamment en Irak. Quant à Marielle, l'épouse d'Arnaud Beltrame, elle n'a pas trouvé la force de se rendre au procès. Aux enquêteurs, elle a parlé d'un homme « persévérant » et « volontaire ». Être gendarme confirmait son envie de « protéger les autres » et de se « dépasser », selon sa femme.
Le lieutenant-colonel avait adopté la devise du premier régiment de parachutistes d'infanterie de marine : « Qui ose gagne. » « Je préfère les héros vivants, a conclu Damien lorsqu'on l’a interrogé sur cette devise gravée sur la tombe de son frère. Maintenant, ça ne s'est pas passé comme ça. On ne peut pas revenir en arrière. Là où Arnaud a gagné, c'est que des dizaines de personnes ont voulu devenir policier grâce à son courage. Et passer le flambeau était une valeur qui lui tenait à cœur. »
Michel Zerbib
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