«Ne pas jeter de l'huile sur le feu». Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a demandé, par courrier daté de ce lundi 29 janvier, l'annulation d'une conférence organisée par un syndicat étudiant à l'université Lyon 2 et intitulée «Crimes de guerre, crimes contre l'humanité, génocide ? Israël au tribunal !». L'événement qui devait se tenir en présence d'un avocat lyonnais jeudi a finalement été annulé par la direction de la faculté, ce mardi, après une intervention de la préfecture en ce sens. Intervention demandée par le Crif Auvergne-Rhône-Alpes, premier à avoir alerté les services de l'état à ce sujet lundi matin, par la main de son président, l'avocat Paul Richard Zelmati.
«Le titre en lui-même suffi à comprendre la rhétorique à l'œuvre derrière cette conférence, a estimé Laurent Wauquiez dans son courrier adressé à Nathalie Dompnier, la présidente de l'université Lyon 2, consulté par Le Figaro. C'est celle diffusée, dès le lendemain du 7 octobre, par des discours militants consistant à mettre sur le même plan l'attaque terroriste du Hamas et la réponse militaire de l'État d'Israël. Une rhétorique selon laquelle le Hamas ne serait pas une organisation terroriste, islamiste et antisémite, mais «un mouvement de résistance»».
Un intervenant à l'origine d'une plainte contre Israël
Portée par l'organisation Solidaires étudiant-e-s Lyon, cette conférence devait traiter des dépôts de plaintes devant la justice internationale, en présence de l'avocat lyonnais Gilles Devers. Ce dernier avait déposé une plainte collective contre Israël devant la cour pénale internationale de La Haye pour génocide au mois de novembre. «Dans le respect du cadre réglementaire, qui permet à toute organisation étudiante de proposer des conférences ou tables rondes dans ses locaux, l'université avait donné une suite favorable à la tenue de cette manifestation», précise la direction de l'université. Avant d'annoncer son annulation à la demande de la préfecture, les services de l'état ayant souligné de possibles risques en termes d'ordre public et de sécurité, précise l'entourage de la préfète au Figaro.
Le Crif Auvergne-Rhône-Alpes s'est félicité de cette annulation. «L'université ne pouvait pas laisser cette conférence se tenir dans un contexte incandescent, ne serait-ce que pour des questions d'ordre public, a souligné Paul Richard Zelmati, son président, au Figaro. L'université est là pour diffuser et assurer un savoir, pas entretenir une propagande. Il faut du pluralisme dans les interventions». C'est pourquoi il a alerté la préfecture, la région et la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau. De son côté, Laurent Wauquiez pointait une «présentation fallacieuse» mise en perspective avec la très forte augmentation des actes antisémites depuis le 7 octobre.
Début octobre justement, une précédente conférence organisée à l'université Lyon 2 avait déjà suscité une levée de boucliers à la veille de l'attaque du Hamas. Elle prévoyait l'intervention de Maryam Abbu Daqqa, la Chef de file du Front de libération de libération de la Palestine, organisation classée terroriste. Si celle-ci avait été déprogrammée des interventions par les organisateurs, à la demande de l'université, elle était toutefois bien présente dans le public et avait pu prendre la parole en fin de conférence. Maryam Abbu Daqqa avait ensuite été expulsée du territoire français alors qu'elle devait initialement intervenir à l'assemblée nationale le 9 octobre.
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