Accusé d’avoir proféré dans des prêches des appels à la haine visant les femmes, les Juifs ou une société française « pourrie », l’imam tunisien de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze (Gard) Mahjoub Mahjoubi a été arrêté jeudi à son domicile et expulsé vers la Tunisie quelques heures plus tard. Dans un message posté sur X (ex Twitter), le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé son expulsion effective « moins de 12 heures après son interpellation ». « C’est la démonstration que la loi immigration, sans laquelle une telle expulsion aussi rapide n’aurait pas été possible, rend la France plus forte », a-t-il ajouté, « nous ne laisserons rien passer ».
Installé en France depuis le milieu des années 1980, père de quatre enfants, Mahjoub Mahjoubi a « fait l’objet d’une visite domiciliaire et d’une interpellation », avait précisé plutôt dans la journée sur X M. Darmanin, qui avait réclamé dimanche le retrait de son titre de séjour. Le ministre a à nouveau fustigé jeudi un « ‘imam’ radical aux propos inacceptables ». Arrêté sur la base d’un arrêté ministériel d’expulsion, en présence de ses enfants et de son épouse selon son avocat Samir Hamroun, il a été transféré vers un centre de rétention administrative (CRA) en région parisienne.
Mahjoub Mahjoubi s’était fait connaître il y a quelques jours pour une vidéo circulant sur les réseaux sociaux dans laquelle il qualifiait le « drapeau tricolore » – sans préciser s’il s’agissait du drapeau français – de « drapeau satanique » qui n’aurait « aucune valeur auprès d’Allah ».
L'imam Mahjoub #Mahjoubi a été expulsé vers la Tunisie, 12 h après son arrestation : il avait qualifié le "drapeau tricolore" de "satanique" pendant un prêche à Bagnols-sur-Cèze 🔴 #Telematin pic.twitter.com/fV64wRkhFD
— Telematin (@telematin) February 23, 2024
Il s’était défendu lundi en évoquant un « lapsus », expliquant qu’il dénonçait en réalité les rivalités entre supporters des pays du Maghreb lors de la récente Coupe d’Afrique des nations de football.
L’imam Mahjoub Mahjoubi a assuré qu’il ferait «tout pour revenir en France», ce 23 février, au lendemain de son expulsion du territoire par les autorités. «Je vais tout faire pour retrouver les miens, retrouver mon travail, dans les jours ou les semaines qui arrivent», a poursuivi sur BFMTV le prêcheur musulman, qui assure prévoir de saisir la justice pour faire annuler cette décision. «Ma place n’est pas ici [en Tunisie, NDLR], même si c’est mon pays. Les miens sont de l’autre côté de la Méditerranée», a-t-il insisté dans cette interview à nos confrères, martelant qu’il doit retourner en France auprès de son épouse et de ses cinq enfants, tous de nationalité française, pour s’occuper de l’un d’eux «qui a un cancer». «Je ne demande qu’à être entendu par les juges. Si je dois être sanctionné, j’accepterai la sanction... Si elle est juste. J’ai vécu quarante ans dans ce pays, le pays des droits de l’Homme et du citoyen. Je ferai tout pour faire valoir mes droits.»
«Mon expulsion s'est faite sur une décision arbitraire du ministre de l'Intérieur. Monsieur Darmanin cherche à faire du buzz autour de la loi immigration en se servant de Mahjoub Mahjoubi», a de son côté rétorqué l’imam auprès de nos confrères de l'AFP.
Gabriel Attal
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