Une des plus terribles affaires de crime islamiste revient au devant de l’actualité par l’action que mène la soeur du professeur assassiné en direction de l’Etat français Michel Zerbib
Convaincue que la mort de son frère aurait pu être évitée si le rectorat et la préfecture avaient pris au sérieux les menaces le visant, Mickaëlle Paty a engagé une démarche pour exiger la reconnaissance par l’État de sa responsabilité dans l’assassinat de l’enseignant.
«Ma démarche est symbolique : elle est nécessaire pour rendre justice à la mémoire de Samuel, mais elle doit permettre aussi d’éviter que de nouveaux drames similaires se reproduisent», explique Mickaëlle Paty en confiant au Figaro le sens de l’action qu’elle vient d’engager contre l’État.
«L'État doit faire amende honorable et effectuer un travail d'introspection sur la façon dont il a traité les offensives de déstabilisation de l'institution scolaire et du modèle républicain», poursuit Mickaëlle Paty. Cette démarche, qu’elle est seule à engager, s’ajoute à une plainte contre X déposée par l’ensemble de la famille de Samuel Paty (ses parents et ses deux sœurs) devant la justice civile, afin de poursuivre les fonctionnaires dont la responsabilité personnelle est selon eux en cause.
Les jours fatals et la faillite de l’administration
Du 8 au 16 octobre 2020, l’administration «a été le témoin impuissant car inactif d’un lent engrenage fatal, nourri de menaces de mort contre Samuel Paty et d’appels à venger le prophète, relayés sur les réseaux sociaux», a déclaré Me Carine Chaix, qui est par ailleurs membre du Collectif Justitia de l'Institut Thomas More. Ces éléments sont au cœur d’un livre-enquête du journaliste Stéphane Simon paru en 2023, Les derniers jours de Samuel Paty.
La sœur de l’enseignant et son entourage insistent sur «une multitude de fautes de l’administration» qui ont rendu possible selon eux l’assassinat terroriste dont l’enseignant a été victime.
Ni la principale du collège, ni le rectorat n’ont opposé de démenti public au mensonge d’une élève qui a mis le feu aux poudres en faisant croire que Samuel Paty aurait discriminé les musulmans, et l'aurait forcée à sortir de son cours - dont elle était pourtant absente.Ajoutant : «les équipes académiques du rectorat ont ensuite minoré la gravité et l’ampleur des menaces de mort pesant sur Samuel Paty et, au lieu de mettre un terme aux contestations violentes de son cours, ont dépêché un référent laïcité chargé de lui rappeler les règles de laïcité !»
Enfin, toujours selon l’avocate, «à ces défaillances se sont ajoutées celles des services de renseignement et de la préfecture qui, parfaitement alertés du niveau de gravité des menaces et de l'implication de la mouvance islamiste radicale, n'ont ni mis Samuel Paty sous protection, ni protégé le Collège, ni demandé à Samuel Paty de s'éloigner de l'établissement scolaire et de son domicile le temps que la situation s'apaise».
Mickaëlle Paty demande à l’État en dédommagement une somme «symbolique», qui sera reversée à des associations promouvant la laïcité à l’école : «ce qui compte pour moi, c’est seulement que cette responsabilité soit établie et reconnue». Elle ajoute avoir eu le désir d’engager cette démarche à la suite du meurtre de Dominique Bernard à Arras, un autre enseignant tué le 13 octobre 2023 comme son frère par un islamiste - le jour où les établissements scolaires devaient d’ailleurs rendre hommage, trois ans après le drame, à Samuel Paty.
Début mars, un rapport issu d'une commission d'enquête du Sénat lancée après l'assassinat de Samuel Paty a décrit avec inquiétude une «école de la République en danger». 38 recommandations ont été formulées pour conjurer la «solitude des enseignants» face à l’islamisme radical.
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