Yad Vashem expose des albums de naissance de bébés juifs cachés ou adoptés

Israël.

Yad Vashem expose des albums de naissance de bébés juifs cachés ou adoptés
Album photo tenu par la mère adoptive d'Efraim Kochava durant la Shoah - Autorisation

Généralement, les livrets, albums photos et journaux des tout premiers mois de la vie d’un bébé sont conçus par les mères.

Un certain nombre d’albums récemment remis au mémorial de la Shoah Yad Vashem fourmillent de photos, anecdotes et notes manuscrites relatant le développement des bébés – poids, taille, premiers babillages, premiers mots, premières phrases. Mais ces albums-là sont l’œuvre méticuleuse et patiente de femmes qui ont caché des enfants juifs, dans l’espoir que les mères biologiques les liraient après la guerre.

Un de ces albums est consacré aux premiers mois d’Efraim Kochava, né en 1942 aux Pays-Bas, et immédiatement confié aux amis néerlandais de ses parents, les Mintz – Max, qui était juif et Jacqueline, chrétienne. Ils appelaient l’enfant Ernst.

Cet album témoigne des difficultés de Jacqueline, la mère adoptive, pour faire au mieux face à une situation pour le moins difficile.

Les parents de Kochava ont été tués pendant la guerre et son père adoptif, Max, a lui aussi été conduit dans un camp de travail. Après la guerre, des rescapés de la famille Kochava l’ont retrouvé et ont obtenu la garde du petit garçon.

Son père adoptif, Max, a survécu, mais Jacqueline, malade, est morte, et Kochava ne les a jamais revus lorsque sa nouvelle famille est partie s’installer en Israël.

Ce n’est que des années plus tard, alors âgé d’une vingtaine d’années, qu’il a appris l’existence de ses parents adoptifs et qu’il a pris contact avec Max, qui lui a adressé une version traduite de son album, qu’il avait précieusement conservé.

« Cela nous montre que la Shoah ne s’est pas terminée en 1945. Les rescapés ont continué à souffrir de ce qui s’était passé », explique Orit Noiman, qui dirige le département de collecte et enregistrement des fonds de Yad Vashem.

Un autre de ces albums de bébé parle des premières années d’Avraham Packer, pris en charge par Maria lorsque sa mère a dû se séparer de lui et de ses frères et sœurs durant la guerre.

Même après la naissance de son premier enfant vers la fin de la guerre, Maria a continué à relater le développement de Packer et a gardé précieusement l’album jusqu’à ce que ses parents, rescapés de la Shoah, puissent le lire à la fin de la guerre.

Packer et ses proches sont restés en contact avec Maria et cet album a servi de preuve pour l’élever à la dignité de Juste parmi les Nations.

Le dernier album de la collection de Yad Vashem est celui de Rolf Stibbe, lui aussi né en 1942 et adopté par la famille Kirpenstijn, comme d’autres enfants, qu’ils ont protégés pendant la guerre.

La famille de Stibbe a été assassinée à Auschwitz et à Sobibor, et il a été élevé par ses parents adoptifs jusqu’à l’adolescence. Ses parents adoptifs lui ont enseigné le judaïsme et il a fini par émigrer en Israël.

« Sa mère adoptive, qui l’a littéralement sauvé, savait qu’il lui fallait prendre soin de ce garçon », explique Noiman, « Elle a tenu ce journal et relaté son parcours, tout en protégeant sa judéité. »

Gabriel Attal

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