Au milieu des manœuvres tactiques de Tsahal à Gaza, l’armée de l’air et la Division de défense aérienne sont engagées dans une lutte complexe et sisyphéenne depuis près de neuf mois. Les projecteurs ont été une fois de plus braqués sur la question de la défense aérienne mardi lorsque le Hezbollah a publié une vidéo couleur haute définition présentant des images de drones de sites sensibles dans la région de la baie de Haïfa. Ces images ont non seulement ébranlé l’opinion publique, mais ont également alimenté la guerre psychologique menée par l’organisation terroriste.
Le drone de reconnaissance du Hezbollah est un minuscule appareil équipé d'une caméra GoPro, capable de voler sur des dizaines de kilomètres mais sans capacité de transporter ou de larguer des armes. Selon Tsahal, il a été surveillé et il a été décidé de ne pas l'intercepter car il ne s'agissait pas d'une arme offensive.
Pourtant, il est indéniable que le défi posé par les drones dans le conflit du nord s’intensifie. Pendant la guerre, les drones explosifs du Hezbollah ont infligé d'importantes pertes et dégâts en Israël.
L’Air Force a commencé à lutter contre cette menace il y a plus de dix ans. La première interception de drone depuis la bande de Gaza a eu lieu en 2021 lors de l’opération Gardien des murs. Bien qu'Iron Dome n'ait pas été conçu à l'origine pour contrer les drones, l'Air Force l'a adapté pour apporter une réponse adéquate. Le principal problème des drones, en particulier ceux du Liban, est la courte distance qui les sépare des habitations des habitants du nord, ce qui ne permet pas une détection précoce.
Pour détecter ces menaces, l’Armée de l’Air emploie des avions de combat capables également de procéder à des interceptions. Cette stratégie a été employée la nuit de l’attaque iranienne, alors que des dizaines de combattants étaient en vol, identifiant et interceptant des drones équipés de missiles air-air. Une approche similaire a été adoptée il y a environ une semaine après l’assassinat d’un haut dirigeant du Hezbollah au Liban.
La topographie ajoute à la complexité. Contrairement au terrain plat de la bande de Gaza, le nord montagneux présente des défis importants pour les capteurs tentant de localiser les drones.
La gestion des alertes face à cette menace nécessite également une approche différente. Les drones peuvent manœuvrer de manière imprévisible, s’arrêtant ou explosant à tout moment et en tout lieu. Ainsi, une alerte est déclenchée à chaque fois que l'on s'approche d'une zone spécifique, créant un scénario d'« alertes en chaîne ».
Les estimations suggèrent qu’environ 20 000 cibles aériennes de différents types ont été lancées contre Israël depuis le début de la guerre. Cela soulève la question : pourquoi y a-t-il tant de fausses alertes ? L’Air Force a décidé de faire preuve de prudence, ce qui signifie que tout peut déclencher le système. Par exemple, les oiseaux et les grues dont les angles de vol sont similaires à ceux des drones peuvent activer les capteurs sensibles. De plus, des tirs de balles en l’air, comme cela arrive souvent dans la région frontalière de Gaza, déclenchent également ces alertes.
Gabriel Attal
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