Le mandat des grands rabbins Yitzhak Yosef et David Lau a pris fin dimanche. Des remplaçants temporaires ont déjà pris leurs fonctions, mais la date de l'élection des nouveaux grands rabbins n'a pas encore été fixée. Les grands rabbins, qui sont censés exercer un mandat de 10 ans, doivent être élus au scrutin secret par une assemblée de 150 représentants, composée de rabbins et de personnalités publiques. Vingt de ces représentants sont choisis par le ministre des Services religieux et les grands rabbins sortants eux-mêmes.
Le procureur général a conseillé aux rabbins Yossef et Lau de ne pas choisir de représentants en raison de conflits d'intérêts potentiels, car leurs frères figurent parmi les candidats à ces postes prestigieux. Cependant, un autre représentant du Conseil du Grand Rabbinat ou des tribunaux rabbiniques pourrait nommer des représentants à leur place.
Étant donné que la majorité du corps électoral est composée d’hommes, avec 80 représentants étant des rabbins municipaux, des rabbins communautaires et des juges – tous des rôles occupés exclusivement par des hommes – la Haute Cour de justice a demandé aux grands rabbins d’envisager de nommer des femmes parmi leurs représentants afin d’assurer une représentation féminine significative au sein de l’assemblée électorale.
Accords politiques et liens familiaux : qui seront les prochains grands rabbins ?
Cette directive a conduit les rabbins et leurs proches, ainsi que le ministère des Services religieux, à retarder la convocation de l'assemblée électorale, bloquant ainsi le processus électoral officiel.
« Le fait que les grands rabbins mettent fin à leur mandat sans successeurs dûment élus met en évidence l’inutilité du Grand Rabbinat aux yeux du public israélien », a déclaré Tani Frank, directrice du Centre pour le Judaïsme et l’État à l’Institut Shalom Hartman. « Sous un gouvernement où les ultra-orthodoxes exercent un contrôle absolu sur les services religieux, les élections des grands rabbins sont retardées pour des raisons personnelles, principalement pour assurer des emplois aux familles de Lau, Yosef et Deri. Cela démontre clairement que le rabbinat n’est qu’un outil d’exploitation politique par les politiciens ultra-orthodoxes. »
La Haute Cour devrait également examiner une requête déposée par le professeur Aviad Hacohen au nom des cliniques juridiques du centre académique Sha'arei Mishpat, demandant que les élections du Grand Rabbinat se tiennent à la date prévue. La date légale pour les élections est déjà dépassée, car la loi stipule qu'elles doivent avoir lieu au moins un mois avant la fin du mandat des titulaires, qui s'est achevée plus tôt cette semaine. Les pétitionnaires demandent une décision selon laquelle « le fait de ne pas organiser les élections du Grand Rabbinat à la date prévue constitue une violation de la loi et un mépris flagrant des dispositions légales, et par conséquent, les élections doivent avoir lieu dès que possible ».
La pétition demande également au tribunal d'ordonner au Comité électoral du Grand Rabbinat de publier immédiatement la composition de l'assemblée électorale.
Le rabbin Eliezer Igra, juge le plus ancien du Grand Tribunal rabbinique de Jérusalem et l'un des juges les plus éminents d'Israël, qui occupe actuellement le poste de Grand Rabbin par intérim, s'est joint à la pétition en tant qu'ami du tribunal. Il est également candidat au poste de Grand Rabbin d'Israël.
Le rabbin Igra, qui aura 70 ans en août prochain, ne pourra pas se présenter au poste de grand rabbin si les élections ont lieu après son anniversaire. Par l'intermédiaire de ses avocats, il demandera que « si les élections pour le grand rabbinat n'ont pas lieu à temps, son éligibilité à être élu grand rabbin ne soit pas affectée, car elle était valable au moment où les élections étaient censées avoir lieu ».
Gabriel Attal
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