En Israël, l'euphorie post-électorale n'aura pas duré plus de quelques heures. Que ce soit le discours de victoire de Benyamin Netanyahou, ou surtout le sentiment de soulagement des électeurs israéliens, tout s'est dissipé, pour laisser la place à une nouvelle bataille politique, comme si les élections n'avaient pas eu lieu.
Benny Gantz, qui avait commencé par reconnaitre sa défaite, est remonté au créneau et espère maintenant former un gouvernement de minorité. Mais il veut aussi empêcher son rival de droite de reprendre la main, ou de provoquer de nouvelles élections. Pour cela, le leader de Bleu Blanc veut faire voter une loi qui interdirait à un élu sous le coup d'une inculpation de former un gouvernement. Il compte pour cela sur la majorité anti-Netanyahou qui est sortie des urnes après le scrutin du 2 mars.
Mais le chef du parti centriste doit encore surmonter un certain nombre d'obstacles. D'abord, Avigdor Liberman, le leader d'Israël Beitenou voudrait que la loi s'applique pour cette législature, alors que Benny Gantz préfère qu'elle ne s'applique qu'à la prochaine Knesset. D'abord, parce que ce serait l'assurance que Benyamin Netanyahou ne tenterait pas le tout pour le tout en provoquant de nouvelles élections anticipées. Mais surtout, dans un état de droit, une loi ne peut être ni personnelle, ni rétroactive. C'est exactement le reproche qu'il avait adressé au Likoud, quand le parti conservateur avait envisagé une loi qui permettrait à son dirigeant de repousser l'ouverture de la procédure judiciaire contre lui.
Par ailleurs, se pose la question technique du moment où présenter une proposition de loi devant le nouveau parlement. La 23e Knesset ne sera investie que dans deux semaines, donc rien de possible avant. D'autre part, il faut que ce soit le parti Bleu Blanc qui prenne la présidence de la commission parlementaire chargée de fixer l'ordre du jour. Ensuite, il faut aussi que le président de la Knesset valide cet ordre du jour. Ce qui n'a aucune chance de se produire tant que c'est le député Likoud Yuli Edelstein qui préside l'assemblée. S'il ne peut empêcher la présentation du texte devant les parlementaires, il peut tout du moins la retarder. Le parti Bleu Blanc peut essayer de mettre un de ses élus pour remplacer Edelstein, sauf que le parti d'Avigdor Liberman s'y oppose, en tout cas pour l'instant.
Enfin, il n'est pas certain que Benny Gantz parvienne effectivement à réunir les 61 voix de majorité pour faire adopter le texte, qui doit impérativement passer à la majorité absolue, puisqu'il s'agit d'une loi fondamentale. Il n'est donc pas exclu que cette manœuvre soit seulement un moyen de faire pression sur le Likoud pour le déstabiliser, plutôt qu'un programme concret.
Le leader centriste commence à apprendre les techniques déjà maitrisées depuis longtemps par son rival conservateur. Benyamin Netanyahou sait parfaitement comment occuper totalement le terrain politique. Benny Gantz essaye à son tour de s'y faire une place.
Pascale Zonszain
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