Comment les motos sont devenues le meilleur allié du terrorisme

Israël.

Comment les motos sont devenues le meilleur allié du terrorisme
Des motos retrouvées dans les tunnels de Gaza - Unité du porte-parole de Tsahal

D'un point de vue pratique, il est facile de comprendre pourquoi les organisations terroristes choisissent les motos comme moyen de transport : elles sont efficaces pour transmettre des messages, du matériel, des armes et des terroristes, pour effectuer des patrouilles et pour perpétrer des attaques et des assassinats.

Ces véhicules sont relativement petits et légers, ce qui permet de se déplacer rapidement d'un endroit à un autre. Les motos sont adaptées à la conduite sur des terrains variés, qu'il s'agisse du sol sablonneux de Gaza ou des routes montagneuses du sud du Liban.

Les motos permettent également de s'échapper facilement dans les rues étroites. Dans les camps d'entraînement des groupes terroristes, on s'entraîne à la conduite tout-terrain et les motos sont difficiles à manquer dans leurs vidéos de propagande. Un exemple est la vidéo diffusée par le Hezbollah sur la base souterraine « Imad 4 » où l'on voit un terroriste sur une moto.
Ces derniers mois, les frappes aériennes de Tsahal contre les terroristes du Hezbollah à moto sont devenues monnaie courante. La semaine dernière, les médias libanais ont rapporté que des drones de Tsahal avaient attaqué des motards dans des villages du sud du Liban.

Au cours des semaines précédentes, des motos ont été attaquées dans des régions comme Tyr, dans le sud du Liban. Bien que les organisations terroristes ne dépendent pas uniquement des motos, il existe un lien de longue date entre diverses organisations terroristes et les motos.

Le 7 octobre 2023, le peuple israélien a été témoin de la manière dont les terroristes du Hamas ont utilisé des motos pour infiltrer les communautés proches de la frontière de Gaza.

Les médias arabes ont rapporté que ces motos étaient bon marché, rapides et faciles à manœuvrer, dont la plupart étaient fabriquées ou assemblées en Égypte et portaient les marques DAYUN et HALAWA. HALAWA est une entreprise égyptienne qui fabrique et importe des motos, celles-ci étant les moins chères parmi les motos chinoises vendues en Égypte.

Selon les rapports, la plupart de ces motos sont arrivées à Gaza par des tunnels souterrains. Certaines pièces détachées pour motos ont également été introduites dans la bande de Gaza depuis Israël grâce à une coordination spéciale avant la guerre. Ces pièces sont considérées comme des équipements à double usage (utilisables à la fois à des fins civiles et terroristes), et une autorisation spéciale était donc nécessaire pour les introduire dans Gaza.

Des tentatives de contrebande de ce type de matériel ont également été déjouées. En décembre, il a été signalé que l'armée israélienne avait découvert un tunnel contenant des motos utilisées par des terroristes du Hamas le 7 octobre.

En ce qui concerne la frontière nord, en mai 2023, une vidéo a été diffusée montrant un exercice du Hezbollah au cours duquel des motos ont été utilisées. Les terroristes ont été vus en train de s'entraîner au tir en conduisant à deux. Le 7 octobre, une vidéo a été diffusée sur la chaîne libanaise Al-Jadeed montrant des motocyclistes portant des drapeaux du Hezbollah à la frontière libanaise.
Pendant la guerre, des vidéos ont été diffusées depuis le Liban montrant de grands convois de motos organisant des manifestations de soutien à Gaza, notamment à Beyrouth et dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban.

Les motos ne sont pas l'apanage du Hezbollah au Liban. Le pays est inondé de motos, mais la plupart ne sont pas immatriculées. En mai, un article du journal libanais Al-Akhbar, affilié au Hezbollah, évoquait l'importation continue de motos au Liban, même pendant les périodes les plus difficiles du pays.

Entre 2014 et 2023, 626 000 motos et vélos électriques ont été importés au Liban, alors que le nombre de véhicules immatriculés dans le pays, selon les données 2021 du ministère libanais de l'Intérieur, ne dépasse pas 290 000.

Les propriétaires de motos non immatriculées jouent au chat et à la souris avec les forces de sécurité locales. La situation économique du Liban et le coût élevé de l'immatriculation incitent de nombreux Libanais à abandonner cette démarche. Les Libanais optent pour la moto parce qu'elle est petite, qu'elle consomme peu et qu'elle est pratique pour se déplacer dans les grandes villes et leurs banlieues.

L'article d'Al-Akhbar a noté que la catégorie la plus importée au Liban est celle des petites motos, jusqu'à 250cc, et a rapporté que les motos chinoises sont les plus vendues dans le pays.

L'utilisation de motos à des fins terroristes est bien connue dans le monde arabe. Il y a plus de dix ans, des discussions ont déjà eu lieu sur l'utilisation de motos par le Hezbollah à des fins militaires. Un article de 2010 mentionnait que les Iraniens, en particulier la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique, utilisaient des motos pour des missions de forces spéciales visant à entraîner le Hamas et le Hezbollah.

Il a également été signalé que les organisations terroristes associées au djihad mondial opérant dans le Sinaï utilisaient fréquemment des motos pour mener des attaques.

Certains pays ont tenté de lutter contre l'utilisation de la moto pour prévenir le terrorisme. En Irak, par exemple, les autorités ont décidé de limiter la durée de conduite des motos en 2022 pour « remédier à la situation sécuritaire liée à l'utilisation de la moto par des terroristes pour perpétrer des attentats ».

En janvier de la même année, le ministère irakien de l’Intérieur a interdit la circulation de tous les types de motos entre 18 heures et 6 heures du matin, les contrevenants risquant une confiscation et de lourdes amendes. La même décision interdisait également à deux personnes de rouler ensemble sur la même moto.

Les responsables militaires ont affirmé qu'il s'agissait d'une tentative de faire respecter l'État de droit, mais de nombreux Irakiens n'ont pas apprécié cette décision. Cette décision a porté préjudice aux pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre d'autres véhicules, et a éliminé leur seule option pour éviter les embouteillages. De nombreux Irakiens ont commencé à protester, ce qui, selon des informations du journal Al-Araby al-Jadeed, a conduit à l'annulation de la décision.

Gabriel Attal

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