Trois semaines avant Roch Hachana, des dizaines de milliers de hassidim ne savent pas comment ils parviendront à rejoindre la tombe du rabbin Na'hman de Breslev à Ouman , en Ukraine, où ils se rendent habituellement chaque année. La guerre entre la Russie et l'Ukraine rend impossible tout vol direct vers l'Ukraine. Une solution a été d'atterrir en Moldavie et de se diriger vers l'est. Cependant, les Israéliens qui avaient déjà acheté un billet pour la Moldavie ont récemment reçu une alerte leur indiquant que leur vol avait été annulé en raison de la foule à l'aéroport.
Le principal obstacle est d'ordre financier. L'année dernière, les gouvernements israélien et moldave avaient coordonné leurs efforts pour renforcer les postes frontières afin d'accueillir les dizaines de milliers de personnes qui se dirigeaient vers Ouman. Cette année, la Moldavie a déclaré que cela ne se produirait pas. Le porte-parole du Premier ministre moldave, Daniel Voda, a expliqué qu'Israël n'avait pas encore remboursé sa dette de l'année dernière et qu'il ne serait pas en mesure de répondre à tous les besoins de sécurité israéliens.
Le grand rabbin de Moldavie, Pinchas Salzman, tente de trouver un moyen de faciliter le pèlerinage de dizaines de milliers de Juifs à Ouman.
"Je suis surpris par cette nouvelle, qui est totalement incompatible avec ce qui a été convenu entre les deux pays. J'essaie d'organiser des réunions pour annuler ce décret", a déclaré le rabbin. "L'Etat d'Israël a donné aux Moldaves une garantie de paiement de la dette. Peut-être que certains pensent qu'Israël est faible à cause de la guerre et qu'il peut être victime de chantage, mais ils ont tort".
L'ambassadeur de Moldavie en Israël, Alex Roitman, a démenti ces allégations, affirmant que la Moldavie n'avait pas reçu de lettre d'engagement d'Israël à rembourser la dette. Il a en outre déclaré que le ministère israélien des Affaires étrangères refusait de négocier car le voyage hassidique vers la tombe du rabbin Nahman est une entreprise privée.
Les Hassidim de Breslev considèrent ce voyage comme un pèlerinage sacré vers la tombe de Rabbi Nahman, en raison de sa promesse que ceux qui s'y rendront à Roch Hachana seront bénis.
« J’ai 37 ans et je viens à Ouman pour Roch Hachana depuis que j’ai trois ans. Je ne peux pas m’empêcher de venir », explique Nachman Rabani, un habitant de Beitar Illit. « Je comprends qu’il y ait des problèmes, mais bien sûr, tout ira bien. Si ce n’est pas par la Moldavie, ce sera par la Hongrie. Pendant la pandémie de Covid-19, quand il n’y avait aucun passage de frontière, nous avons atterri en Moldavie et de là, nous avons traversé la frontière en traversant des rivières et des forêts, en bateau et à pied. Nous avons voyagé l’année dernière pendant la guerre, et nous n’avons pas peur de recommencer. Le voyage est aussi important que la destination. »
Naftali Galhar vient à Ouman depuis près de 20 ans. « Nous voyageons tous les ans, mes parents et tous mes frères et sœurs », dit-il.
Bien qu’il ait passé Chabbat à Ouman il y a environ une semaine, il comprend que Roch Hachana sera plus chargé. « Les gens voyageront à travers la Pologne, la Hongrie, la Roumanie ou tout autre pays européen, et arriveront en transports en commun. Ils peuvent acheter un billet de train pour un voyage de 25 heures jusqu’à leur arrivée. Il y a des obstacles sur le chemin qui valent la peine d’être franchis et qui renforcent la mitsva pour ceux qui viennent. Pendant le COVID, nous avons voyagé en bateau, nagé dans une rivière gelée et marché pendant des heures. Si nécessaire, nous le ferons également cette année », a-t-il affirmé.
Gabriel Attal
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