Liban : la schizophrénique diplomatie française, chronique d'Arié Bensemhoun

Israël.

Liban : la schizophrénique diplomatie française, chronique d'Arié Bensemhoun
Le directeur du think tank Elnet France, Arié Bensemhoun - Radio J/Nellu Cohn

Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, vous souhaitez évoquer la diplomatie française alors qu’Israël intensifie sa campagne contre le Hezbollah.

Bonjour, 

Après l'opération des bipeurs et des talkies-walkies piégés, qui a permis de neutraliser 42 terroristes du Hezbollah et d’en blesser plusieurs milliers, Israël mène depuis une vaste campagne de bombardements ciblés, baptisée « Opération Flèches du Nord ».

En l’espace de quelques jours seulement, l’armée israélienne a éliminé presque autant de membres du Hezbollah que durant toute la guerre de 2006. Ce succès est le fruit du travail de longue haleine des services de renseignement, qui parviennent aujourd’hui à liquider un à un les hauts responsables du Hezbollah et à décapiter leur chaîne de commandement.

Nasrallah serait bien inspiré de mettre fin à son soutien au Hamas, de stopper les bombardements quotidiens contre Israël et de retirer sa milice au-delà du fleuve Litani. S’il refuse, qu’il se prépare au pire, à tout perdre et à une possible offensive terrestre de Tsahal.

Pour l’heure, le Hezbollah est très isolé. L’Iran semble très hésitant à intervenir pour ne pas risquer sa propre destruction. Raison de plus pour ne pas relâcher la pression. 

Les terroristes doivent être combattus avec force, car ils sont une menace pour tous :

Ils retiennent le peuple libanais en otage depuis des décennies. 

Ils terrorisent les Israéliens qu'ils cherchent à anéantir. 

Ils font peser sur tout le Moyen-Orient le spectre d'une guerre régionale. 

Ils sont une menace pour nos démocraties faibles et apeurées.

Ils sont surtout les pantins de la République islamique d’Iran prête à mettre le monde à feu et à sang au nom d’une idéologie apocalyptique qui échappe à toute raison. 

Arié, qu’en est-il de la position de la France face à tout cela ? 

Eh bien, Ilana, la diplomatie française nous a encore offert une grande semaine.

Cela a commencé à New York avec l’ouverture de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies. L’Ambassadeur Nicolas de Rivière s’est aligné, une fois de plus, sur tous les pires régimes de la planète et s’est targué d’un vote honteux sur une résolution palestinienne, copiée-collée d’un avis consultatif de la Cour internationale de Justice, qui n’est rien d’autre qu’un torchon politique et ne correspond à aucun travail judiciaire. 

La France a donc voté une fois de plus, une fois de trop pour sanctionner Israël, pour imposer un embargo sur les armes, pour le démantèlement de toutes les implantations et la fin de toute présence juive en Judée-Samarie et Jérusalem Est… sous 12 mois. Rien de moins !

On nage en plein délire ; heureusement que cette résolution n’est pas contraignante.

À cela, s’est ajoutée une vidéo du Président de la République à destination des Libanais, empreinte d’un paternalisme mal placé, dans laquelle il explique « partager leur chagrin pour les victimes civiles » après l’opération des bipeurs, qui est l’une des opérations anti-terroriste les plus précises et ciblées de l’histoire moderne. C’est lunaire.

Et puis, maintenant qu’Israël en a assez de tolérer l’intolérable et riposte enfin aux attaques du Hezbollah qui bombarde Israël depuis le 8 octobre, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, happé par la machine infernale du Quai d’Orsay, appelle à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU parce qu’il y aurait prétendument des « centaines de victimes civiles ». C’est hélas ce qui arrive lorsque l’on fait une guerre. Les européens semblent l’avoir oublié. Ils feraient bien de s’en souvenir car la guerre est à nos portes.

Je passe sur le discours à la tribune de l’Assemblée Générale de l’ONU d’Emmanuel Macron… La diplomatie française se dirige tout droit vers une nouvelle faillite morale. 

Arié, qu’attendre pour la suite ? 

Et bien, c’est dur à dire, mais la diplomatie française est schizophrène. Et ce n’est pas une pathologie qui se soigne facilement. 

Nous l’avons bien vu depuis près d’un an avec le Hamas : bien qu’elle ait exprimé son indignation face aux massacres du 7 octobre et réaffirmé son attachement à la sécurité d’Israël, sa priorité est d’appeler au cessez-le-feu et à réclamer la mise en œuvre de la solution à deux États.  

Elle doit se garder de commettre les mêmes erreurs avec le Hezbollah, car les conséquences pour le Liban, dont on connait l’attachement de la France, seraient terribles.

Le Liban, autrefois majoritairement chrétien, considéré comme la « Suisse du Moyen-Orient », est déjà en train de disparaître sous les coups répétés des Palestiniens d’abord, des islamistes ensuite, des mollahs et du Hezbollah enfin qui jouent avec ce qu’il reste du rêve d'un Liban multiconfessionnel.

Si la France tient au Liban autrement que par des mots, qu’elle exige et obtienne le respect de la résolution 1701, le désarmement et la reddition du Hezbollah et qu’elle soutienne l’effort de paix avec Israël à laquelle aspirent la plupart des Libanais qui n’en peuvent plus eux aussi. 

Arié Bensemhoun

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