Manœuvres terrestres au Liban : Israël face à trois options

Israël.

Manœuvres terrestres au Liban : Israël face à trois options
Des troupes de Tsahal opèrent à la frontière nord avec le Liban, sur une photo publiée le 1er octobre 2024 - FDI

Le cabinet de sécurité s'est réuni lundi avec une question centrale à l'ordre du jour : la possibilité d'une opération terrestre israélienne au Liban.

Après des semaines de succès opérationnel, l'armée israélienne veut profiter de l'affaiblissement du Hezbollah pour renforcer ses gains le long de la frontière. L'objectif est de démanteler les infrastructures opérationnelles du Hezbollah, notamment les tunnels construits pour les infiltrations et les attaques, ainsi que les maisons et les zones utilisées pour cacher des armes et des terroristes. Il est essentiel d'éliminer ces menaces pour réduire le danger qui pèse sur les communautés israéliennes et garantir que les résidents déplacés puissent rentrer chez eux en toute sécurité.

Lundi, le Wall Street Journal a rapporté que ces derniers mois, l'armée israélienne a mené de nombreuses opérations spéciales pour préparer la voie à une éventuelle offensive terrestre, notamment dans les tunnels du Hezbollah, côté libanais. L'armée israélienne est particulièrement préoccupée par la menace antichar du Hezbollah, à laquelle le groupe terroriste se prépare depuis la deuxième guerre du Liban en 2006, ayant accumulé de grandes quantités de lanceurs et de missiles.

L'armée israélienne envisage trois options principales. La première consiste à effectuer une manœuvre limitée près de la frontière pour détruire les infrastructures clés du Hezbollah. Cette opération ciblée serait limitée dans son ampleur et dans sa durée et pourrait être conclue en quelques semaines. La deuxième option consisterait à avancer jusqu'au fleuve Litani pour frapper les infrastructures plus éloignées de la frontière. La troisième option consisterait à déplacer les forces israéliennes au nord du Litani pour infliger des dommages plus importants aux capacités et au personnel du Hezbollah.

La décision dépendra probablement de trois facteurs : le niveau des dommages infligés au Hezbollah, le bilan humain des soldats israéliens (y compris le risque de captivité) et la possibilité d'un engagement prolongé au Liban.

Ces considérations suggèrent qu'Israël pourrait opter pour la première option, en limitant ses actions à la zone frontalière et à une courte période. Cette approche permettrait de réduire la pression internationale résultant de l'invasion du territoire libanais tout en préservant le sentiment d'accomplissement d'Israël et la perception de défaite du Hezbollah.  

La psychologie joue un rôle important dans ces décisions. Les deux dernières semaines ont été cruciales, non seulement en termes de succès opérationnel, avec l'élimination du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et de la plupart des dirigeants militaires du Hezbollah, et la destruction grave de ses systèmes de missiles, d'armes et d'infrastructures, mais aussi en termes de façonnement des perspectives psychologiques des deux camps.

Le Hezbollah est aujourd’hui une organisation meurtrie et démoralisée, confrontée à des problèmes de commandement et de contrôle qui l’empêchent d’exécuter même les petites parties de ses plans opérationnels. Les hauts dirigeants survivants se concentrent sur leur survie, luttant souvent pour communiquer efficacement leurs ordres à leurs combattants sur le terrain, d’où la réduction du nombre de tirs de roquettes vers Israël.

Une présence prolongée de l'armée israélienne au Liban, avec des pertes en vies humaines, pourrait modifier cette dynamique. C'est pourquoi Israël préférera probablement des victoires limitées aux objectifs ambitieux affichés par certains ministres, comme la destruction complète du Hezbollah (qui ne fait pas partie des objectifs de la guerre). Néanmoins, Israël cherchera probablement à conserver sa liberté d'action même après la fin de la phase terrestre, ce qui lui permettra de contrer les tentatives du Hezbollah de faire entrer des armes en contrebande au Liban ou de se réinstaller près de la frontière. 

Le cabinet de sécurité s'est réuni lundi avec une question centrale à l'ordre du jour : la possibilité d'une opération terrestre   israélienne au Liban.

Après des semaines de succès opérationnel, l'armée israélienne veut profiter de l'affaiblissement du Hezbollah pour renforcer ses gains le long de la frontière. L'objectif est de démanteler les infrastructures opérationnelles du Hezbollah, notamment les tunnels construits pour les infiltrations et les attaques, ainsi que les maisons et les zones utilisées pour cacher des armes et des terroristes. Il est essentiel d'éliminer ces menaces pour réduire le danger qui pèse sur les communautés israéliennes et garantir que les résidents déplacés puissent rentrer chez eux en toute sécurité.

Lundi, le Wall Street Journal a rapporté que ces derniers mois, l'armée israélienne a mené de nombreuses opérations spéciales pour préparer la voie à une éventuelle offensive terrestre, notamment dans les tunnels du Hezbollah, côté libanais. L'armée israélienne est particulièrement préoccupée par la menace antichar du Hezbollah, à laquelle le groupe terroriste se prépare depuis la deuxième guerre du Liban en 2006, ayant accumulé de grandes quantités de lanceurs et de missiles.

L'armée israélienne envisage trois options principales. La première consiste à effectuer une manœuvre limitée près de la frontière pour détruire les infrastructures clés du Hezbollah. Cette opération ciblée serait limitée dans son ampleur et dans sa durée et pourrait être conclue en quelques semaines. La deuxième option consisterait à avancer jusqu'au fleuve Litani pour frapper les infrastructures plus éloignées de la frontière. La troisième option consisterait à déplacer les forces israéliennes au nord du Litani pour infliger des dommages plus importants aux capacités et au personnel du Hezbollah.

La décision dépendra probablement de trois facteurs : le niveau des dommages infligés au Hezbollah, le bilan humain des soldats israéliens (y compris le risque de captivité) et la possibilité d'un engagement prolongé au Liban.

Ces considérations suggèrent qu'Israël pourrait opter pour la première option, en limitant ses actions à la zone frontalière et à une courte période. Cette approche permettrait de réduire la pression internationale résultant de l'invasion du territoire libanais tout en préservant le sentiment d'accomplissement d'Israël et la perception de défaite du Hezbollah.  

La psychologie joue un rôle important dans ces décisions. Les deux dernières semaines ont été cruciales, non seulement en termes de succès opérationnel, avec l'élimination du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et de la plupart des dirigeants militaires du Hezbollah, et la destruction grave de ses systèmes de missiles, d'armes et d'infrastructures, mais aussi en termes de façonnement des perspectives psychologiques des deux camps.

Le Hezbollah est aujourd’hui une organisation meurtrie et démoralisée, confrontée à des problèmes de commandement et de contrôle qui l’empêchent d’exécuter même les petites parties de ses plans opérationnels. Les hauts dirigeants survivants se concentrent sur leur survie, luttant souvent pour communiquer efficacement leurs ordres à leurs combattants sur le terrain, d’où la réduction du nombre de tirs de roquettes vers Israël.

Une présence prolongée de l'armée israélienne au Liban, avec des pertes en vies humaines, pourrait modifier cette dynamique. C'est pourquoi Israël préférera probablement des victoires limitées aux objectifs ambitieux affichés par certains ministres, comme la destruction complète du Hezbollah (qui ne fait pas partie des objectifs de la guerre). Néanmoins, Israël cherchera probablement à conserver sa liberté d'action même après la fin de la phase terrestre, ce qui lui permettra de contrer les tentatives du Hezbollah de faire entrer des armes en contrebande au Liban ou de se réinstaller près de la frontière. 

Attaquer l'Iran
Les succès militaires impressionnants remportés contre le Hezbollah ouvrent la voie à des changements importants au Liban, et peut-être en Syrie. Ces changements nécessiteraient l’implication des principaux pays sunnites (principalement l’Arabie saoudite et les Émirats), des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne, ainsi que des communautés non chiites du Liban. Ce changement nécessiterait également un certain niveau de coordination avec la Russie, qui a montré un manque surprenant d’intérêt pour les récents événements survenus à la frontière nord d’Israël, malgré les répercussions sur plusieurs de ses alliés.

Ces succès devraient aussi relancer le débat : Israël doit-il saisir cette opportunité pour frapper l'Iran ? Plusieurs responsables israéliens de haut rang ont récemment fait des déclarations explicitement dirigées contre Téhéran, à commencer par le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l'ONU, qui a mis en garde l'Iran contre une attaque contre Israël, suivi de son appel direct au peuple iranien, et des propos du chef d'état-major Herzi Halevi selon lesquels toute personne capable d'atteindre le Yémen (en référence à la frappe de Tsahal sur le port de Hodeidah) peut atteindre d'autres cibles similaires dans la région.

Plusieurs facteurs rendent une attaque contre l’Iran plus probable à l’heure actuelle. Tout d’abord, l’Iran est désorienté et a perdu des atouts importants dans la région, en particulier le Hezbollah, qui était censé être sa principale défense contre une attaque israélienne sur ses sites nucléaires. Ensuite, la capacité de l’Iran à riposter directement contre Israël est limitée, comme l’a montré l’attaque du 14 avril. Israël peut contrecarrer la plupart des efforts de l’Iran en s’appuyant sur ses systèmes de défense et ses alliés régionaux.

Troisièmement, les défenses de l’Iran sont insuffisantes face à la puissance aérienne supérieure d’Israël, qui a été libérée après avoir atteint ses objectifs au Liban. Quatrièmement, l’Iran est sur le point d’acquérir la capacité nucléaire (peut-être une explosion d’essai), ce qui placerait le monde devant un fait accompli. Et cinquièmement, la liberté opérationnelle d’Israël pourrait être affectée par l’issue des prochaines élections américaines.

D’un autre côté, plusieurs facteurs plaident contre une attaque. D’abord, on craint que les Israéliens ne fassent preuve d’une confiance excessive et qu’ils ne soient tentés de s’attaquer à trop de fronts à la fois, notamment dans le cas de questions non résolues comme celle des otages à Gaza.  

Deuxièmement, Israël ne peut agir seul dans ce scénario (contrairement au Liban), et l’administration Biden n’a pas indiqué qu’elle donnerait le feu vert à Israël ou offrirait un soutien direct à une telle opération. Troisièmement, une frappe contre l’Iran déclencherait probablement un conflit prolongé. Quatrièmement, on ne sait pas encore clairement dans quelle mesure Israël pourrait nuire au programme nucléaire iranien.

Ce dernier point est peut-être le plus crucial. Israël a complètement détruit les installations nucléaires de l’Irak en 1981 et de la Syrie en 2007 en une seule frappe. Mais l’Iran a tiré les leçons de ces deux cas et a dispersé son programme nucléaire, ce qui rend une attaque réussie beaucoup plus difficile. Pour qu’une attaque soit rentable, il faudrait retarder considérablement les progrès nucléaires de l’Iran pendant des années. Si cela n’est pas possible, Israël devra peut-être adopter d’autres stratégies – une combinaison de dissuasion, de diplomatie et peut-être de pressions américaines bien nécessaires – pour empêcher l’Iran d’obtenir la bombe.

Gabriel Attal

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