Doit-on sauver le soldat Macron ? Chronique d'Arié Bensemhoun

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Doit-on sauver le soldat Macron ? Chronique d'Arié Bensemhoun
Le directeur du think tank Elnet France, Arié Bensemhoun - Radio J/Nellu Cohn

Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, vous souhaitez faire un point sur Emmanuel Macron et son attitude envers Israël. 

Bonjour,

Le Président de la République a poussé l’inversion accusatoire à son paroxysme. Israël, pourtant ami et allié de la France, pourtant victime de la barbarie islamiste et du pire massacre de Juifs depuis la Shoah, est devenu, dans ses mots, l'incarnation même de cette barbarie.

Malgré un soutien initial à Israël qui semblait sincère après le 7 octobre, ce revirement hostile à Israël d’Emmanuel Macron était déjà amorcé depuis des mois.

Rappelons qu’il a été le dernier grand dirigeant occidental à se rendre en Israël pour exprimer sa solidarité.

Seulement un mois après le 7 octobre, alors que la riposte israélienne commençait à peine, il exhortait sur les ondes de la BBC Israël à « cesser de tuer des femmes et des bébés », avant de refuser de se rendre à la marche pour la République et contre l’antisémitisme du 12 novembre.

Il a multiplié les pressions diplomatiques pour empêcher Israël de se défendre et plaidé en faveur d’un cessez-le-feu inconsidéré. Si Israël avait cédé, Mohamed Deif, Ismaël Haniyeh, Hassan Nasrallah, Yahya Sinwar et tant d’autres seraient encore en vie, et la guerre loin d’être terminée.

Il a ordonné le boycott des entreprises israéliennes au salon Eurosatory et entrave désormais leur présence au salon Euronaval, qui doit se tenir du 4 au 7 novembre prochain, heureusement la justice vient de casser cette décision inique. 

Il a appelé à un embargo sur les armes à destination d’Israël, pour ensuite nier son histoire plurimillénaire, le réduisant à une simple création artificielle de l’ONU, délégitimant ainsi son existence. 

Et maintenant, Israël serait l’incarnation de la barbarie… 

Israël, seul Etat démocratique du Moyen-Orient, attaqué sur 7 fronts, rabaissé au niveau des pires organisations terroristes… C’est indécent... C’est inacceptable. 

Arié, comment expliquez-vous les errements d’Emmanuel Macron concernant Israël ? 

Emmanuel Macron se tient aux côtés des Juifs victimes et d’Israël attaqué, mais ne supporte pas de voir l’État juif se défendre, même quand sa survie est en jeu, ce qui est le cas.

Idéologie victimaire, retour du refoulé, difficulté à se guérir de la haine des Juifs… toujours est-il que les nations n’ont toujours pas digéré le retour des Juifs dans l’histoire et la géographie. Israël semble toujours être en question.

Emmanuel Macron n’est pas à la tête d’une organisation humanitaire ni de l’Armée du Salut. Il est le Président de la France, un État souverain qui doit se hisser à la hauteur des défis qu’il doit relever pour tenir son rang, protéger ses valeurs et sa population.

Adopter une approche humano-pacifiste dans le combat contre le terrorisme islamiste est une faute grave, dont nous finirons par payer le prix.

La barbarie, c’est le 7 octobre 2023, c’est le 13 novembre 2015, c’est partout où des innocents sont massacrés. Ce ne sera jamais la réponse légitime qui s’ensuit, et certainement pas l’exercice du droit à la légitime défense.

En refusant de tenir cette ligne morale pourtant si évidente, le Président de la République manque à son devoir de chef d’État et, par son ambiguïté permanente, délégitimise sa parole et la rend inaudible sur la scène internationale. 

Alors justement, est-il possible de ramener Emmanuel Macron à la raison ? 

Je l’espère, mais cela ne dépend que de lui. Il porte la parole de la France et ne peut s’enfermer dans une posture qui ferait de lui le Président le plus détesté des Juifs et le plus hostile à Israël. 

Même si l’Emmanuel Macron qui considérait autrefois le boycott d’Israël inacceptable, qui appelait à une coalition internationale contre le Hamas, et qui affirmait qu’il ne pourrait jamais y avoir de "oui, mais" semble aujourd’hui bien loin, nous devons agir pour sauver le soldat Macron ; d’abord pour la France, car les temps à venir sont incertains et son déclassement aggravera que notre situation.

Nous avons été embarqués dans une guerre globalisée, un conflit civilisationnel, où l’ennemi commun qu’est l’islam radical et le djihadisme ne sont que des outils entre les mains du Quatuor du Chaos : Russie, Chine, Iran et Corée du Nord, unis pour miner nos sociétés démocratiques.

La guerre est déjà là, que nous la voulions ou pas.

Il est urgent d’adopter une vision géopolitique rationnelle. Israël n’est pas seulement un pays ami parce qu’il partage nos valeurs ; c’est un allié stratégique, avec lequel nos intérêts immédiats s’alignent et dont notre sécurité dépend.

La France se doit de se tenir fermement aux côtés de ceux qui se battent pour la liberté et les valeurs universelles : que ce soient les Ukrainiens face à l’envahisseur russe, les Libanais et le peuple iranien face à la tyrannie chiite, ou les Israéliens face au spectre de l’extermination.

Arié Bensemhoun

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