Une enquête préliminaire libanaise a révélé mardi de nouveaux détails présumés sur un raid naval israélien le week-end dernier dans le nord du Liban au cours duquel des commandos ont capturé un membre du Hezbollah.
S'adressant à l'AFP mardi, un responsable judiciaire libanais a déclaré que l'enquête avait révélé que des membres de l'unité de commando Shayetet 13 de la marine israélienne étaient entrés dans les eaux libanaises à bord d'un hors-bord équipé de dispositifs de brouillage radar qui ont échappé à la détection des radars navals libanais et de la FINUL lors du raid à Batroun, au sud de Tripoli, à environ 140 kilomètres au nord de la frontière maritime d'Israël avec le Liban.
Les premières conclusions suggèrent que « l'armée israélienne a utilisé un navire à grande vitesse équipé de dispositifs avancés capables de brouiller les radars », a déclaré le responsable, demandant l'anonymat pour discuter de questions sensibles.
L'enquête sur l'opération est menée conjointement par la police et la justice libanaises.
Le média libanais Addiyar a rapporté que les nouvelles informations sur le raid ont été présentées mardi par le commandant des forces armées libanaises, le général Joseph Aoun, au Premier ministre par intérim Najib Mikati et au président du Parlement Nabih Berri.
L'enquête aurait révélé que les radars navals n'ont pas réussi à localiser les bateaux en raison de la vitesse élevée à laquelle ils naviguaient. Aoun aurait également noté que les vagues peuvent perturber davantage la précision de la détection radar lorsqu'il s'agit de petites embarcations.
Une fois arrivés à terre, les commandos se sont dirigés vers un port de pêche depuis une zone située hors de portée du radar et ont accosté dans un angle mort. Ils ont également utilisé des dispositifs de pointe capables de brouiller les radars pour perturber le signal, a rapporté Addiyar, garantissant que même si les commandos étaient détectés, les forces libanaises ne seraient pas alertées de leur présence.
Le journal Al-Akhbar, affilié au Hezbollah, a rapporté dimanche que l'opération de vendredi n'avait duré que quatre minutes et impliquait une vingtaine d'agents déguisés en membres des forces de sécurité libanaises, ainsi que plusieurs civils non identifiés. Il a également estimé que des membres des forces spéciales israéliennes étaient probablement présents dans la zone pour effectuer des reconnaissances et des opérations de surveillance avant l'opération.
La cible du raid était Imad Amhaz, un membre du Hezbollah qui, selon Israël, est un officier supérieur des forces navales du groupe terroriste.
Après sa capture, Amhaz a été emmené en Israël pour être interrogé par l'unité 504 de la Direction du renseignement militaire, spécialisée dans le renseignement humain, sur les opérations navales du Hezbollah.
Citant des sources proches de l'enquête en cours, Addiyar a rapporté que les forces navales libanaises n'ont été alertées d'aucune activité suspecte le long du littoral par la force maritime de la FINUL, dirigée par l'Allemagne.
La force maritime de maintien de la paix de l'ONU aide l'armée libanaise à surveiller les eaux territoriales et à empêcher l'entrée d'armes ou de matériel connexe par la mer depuis 2006, selon le site Web de la mission.
L'armée libanaise attend des éclaircissements de la FINUL sur les raisons pour lesquelles aucune alerte n'a été émise, ont indiqué les sources.
La FINUL a nié toute implication dans l’opération israélienne, et un porte-parole adjoint anonyme a déclaré la semaine dernière à la chaîne d’information saoudienne Asharq que l’organisation « n’est impliquée dans aucune facilitation d’enlèvement ou de toute autre violation de la souveraineté libanaise ».
Le responsable judiciaire libanais a déclaré à l'AFP que les autorités libanaises « ne peuvent pas enquêter sur les forces de la FINUL ou leur demander de fournir des informations ou des images capturées par leurs radars car elles bénéficient de l'immunité ».
Selon Addiyar, Aoun a également évoqué la question de l'érosion de la confiance dans les forces armées libanaises à la suite du raid et a averti Mikati que les critiques publiques à l'encontre de l'armée et de ses commandants ne serviraient que les intérêts d'Israël, qui, selon lui, tente de semer la discorde entre les institutions libanaises et de provoquer une guerre civile.
L'opération de vendredi a eu lieu alors qu'Israël poursuit sa campagne militaire contre le Hezbollah au Liban. L'opération vise à permettre le retour progressif de quelque 60 000 habitants déplacés du nord d'Israël qui ont été évacués de leurs maisons près de la frontière libanaise peu après l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, dans un contexte de craintes que le Hezbollah ne mène une attaque similaire et de tirs de roquettes persistants de la part du groupe terroriste.
Après avoir averti pendant près d’un an qu’il ne tolérerait pas les attaques en cours, Israël a lancé en septembre une opération majeure contre le Hezbollah, éliminant une grande partie de ses dirigeants et paralysant certaines de ses capacités de combat.
En octobre, elle a lancé une offensive terrestre dans le sud du Liban pour débarrasser la zone frontalière des infrastructures terroristes qui, selon elle, devaient être utilisées dans une attaque de type 7 octobre contre les communautés du nord.
Gabriel Attal
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