Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, vous souhaitez évoquer l’élection présidentielle américaine et la victoire de Donald Trump.
Bonjour,
Après une longue et intense campagne, le résultat des élections américaines est tombé : Donald Trump a été élu Président des États-Unis d’Amérique et sera investi le 20 janvier 2025, quatre ans après avoir quitté le pouvoir dans des conditions difficiles.
Alors que l’élection s’annonçait indécise et que Kamala Harris était annoncée comme légèrement favorite, ce 5 novembre a finalement été une victoire totale pour les Républicains, qui ont remporté la présidence, le vote populaire, la Chambre des représentants et le Sénat, sans oublier qu’ils contrôlent déjà la Cour suprême.
Cette défaite cuisante, les Démocrates ne la doivent qu’à eux-mêmes. Une part significative de l’électorat noir et hispanique, qu’ils pensaient acquise à leur cause, s’est détournée d’eux. C’est donc un nouvel échec du pari de l’intersectionnalité à gauche, de la stratégie Terra Nova, et l’expression d’un ras-le-bol du wokisme.
Mais les États-Unis ne sont pas les seuls concernés. C’est un phénomène qui touche toutes les démocraties occidentales, des hommes et des femmes de toutes origines, et qui s'inscrit dans un rejet viscéral des élites, de l'establishment et d'une gauche morale culpabilisatrice. Nous avons connu une première vague en Europe après 2016 et sa première élection, et il est probable qu'une autre se produise prochainement.
Ce triomphe d’un Donald Trump revanchard constitue désormais un grand saut dans l’inconnu, tant pour les Américains, dont le pays est fracturé en deux camps qui semblent plus que jamais irréconciliables, que pour nous, qui vivons de l’autre côté de l’Atlantique.
Alors, Arié, quelles implications la victoire de Donald Trump pourrait-elle avoir pour Israël ?
Pour Israël, dans un moment aussi complexe et dangereux, l’élection de Donald Trump apporte une bouffée d’espoir, dont les Israéliens ont bien besoin.
La reconnaissance de Jérusalem comme capitale et de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, les Accords d’Abraham, la suspension des versements à l’UNRWA, son extrême fermeté face à l’ennemi iranien. Tant et tant de mesures prises lors de son premier mandat qui ont fait de lui le Président américain le plus pro-israélien et un allié de poids de l’Etat juif.
Si le retour de Trump au pouvoir est une bonne nouvelle pour les Accords d’Abraham et pour une future normalisation avec d’autres pays arabes, dont l’Arabe Saoudite, il n’est pas gage de paix non plus, tant il peut se révéler imprévisible.
Mais une chose est sure, dans la jungle du Moyen-Orient, seule la force impose le respect. Et Donald Trump l’a montré par le passé, il aura très peu de tolérance vis-à-vis de la République islamique d’Iran et ses proxys qui mettent à mal la paix et la prospérité qu’il s’est efforcé de bâtir lors de son premier mandat.
Quoi qu’il en soit, son élection est une très mauvaise nouvelle pour les ennemis d’Israël, qui feraient mieux de négocier ce qu’ils peuvent dans les dernières semaines de l’administration Biden, avant qu’il ne soit trop tard.
Arié, en tant que Français et Européen, comment devrions-nous aborder le retour de Donald Trump ?
Dans une perspective pessimiste, on pourrait légitimement craindre son retour au pouvoir en raison de sa complaisance supposée envers la Russie, sa volonté répétée de mettre fin à l’aide militaire à l’Ukraine, de ses déclarations suggérant qu’il ne respecterait pas ses engagements en cas d’agression d’un pays membre de l’OTAN, sans même parler de son hostilité envers l’Union européenne.
En tant qu’Européen, et au regard de l’histoire, nous connaissons que trop bien les conséquences terribles que peuvent avoir les volontés isolationnistes américaines.
Cela dit, les États-Unis restent et resteront pour longtemps un grand allié pour l’Europe, et même s’ils s’éloignent, leur intérêt réside dans une Europe en paix.
Avec une perspective plus optimiste, son élection représente une opportunité historique pour l’Europe de s’émanciper. Jusqu’ici, bien confortablement installés sous le parapluie américain, nous avons négligé notre défense et notre souveraineté et ignoré un monde devenu chaque jour plus dangereux.
Aujourd’hui, la guerre est là, et nous sommes seuls. Il est donc urgent, même vital, de bâtir une autonomie stratégique européenne, une Europe forte, une Europe géopolitique, capable de prendre en main son propre destin.
Les dirigeants européens appels déjà à un sursaut et à l’unité, mais qu’en sera-t-il vraiment ? Combien iront courir à Mar-a-Lago pour cirer les bottes du nouveau Président américain dans l’espoir d’un traitement de faveur ?
L’heure des responsabilités est arrivée, et le moment exige du courage.
Après huit décennies de sommeil, l’élection de Donald Trump doit être un réveil. Il est temps pour l’Europe de retrouver sa place sur l’échiquier mondial.
Arié Bensemhoun
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