Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, vous souhaitez aborder les négociations en cours pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.
Bonjour,
Si la guerre sur le front nord ne montre aucun signe d'apaisement, en coulisses, les négociations s’intensifient pour parvenir à un accord de cessez-le-feu et mettre un terme au conflit entre Israël et le Hezbollah.
Le projet américain actuellement en discussion comporterait 13 points, et notamment une trêve de 60 jours. À l’issue de celle-ci, le Hezbollah se retirerait avec ses armes au nord du fleuve Litani, Israël mettrait fin à sa présence militaire dans le sud du Liban, et l’armée libanaise serait déployée dans les zones frontalières.
Cela reviendrait ni plus ni moins qu’à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui aurait déjà dû être mise en œuvre il y a près deux décennies.
Bien que les Américains affichent leur optimisme quant à l'aboutissement de ces négociations, les exigences des différentes parties restent nombreuses. Les autorités libanaises, par exemple, exigeraient la libération des terroristes du Hezbollah faits prisonniers lors des récents affrontements.
Mais le principal point de friction serait l’incorporation d’une clause d’autodéfense, qui pourrait permettre à Israël de frapper le Hezbollah si ce dernier venait à se réarmer ou à réinvestir le Sud-Liban.
Un cessez-le-feu représenterait un succès notable pour les dernières semaines de l’administration Biden, qui cherche depuis un an à en obtenir un à Gaza. Il répondrait également au souhait personnel de Donald Trump, désireux de s’épargner d’une crise au Moyen-Orient à son retour au pouvoir.
Quoi qu’il en soit, restons prudents. Ces derniers mois nous ont montré à maintes reprises la difficulté de conclure ces négociations. Les prochains jours seront décisifs.
Et pourtant Arié, le Hezbollah aurait tout intérêt à accepter ce cessez-le-feu…
Absolument.
Selon le New York Times, le Guide suprême, l’Ayatollah Khamenei, aurait personnellement exigé du Hezbollah qu’il conclue ce cessez-le-feu. Aujourd’hui, c’est l’ensemble de la stratégie régionale de l’Iran qui se trouve fragilisée, et Téhéran cherche à sauver ce qui peut encore l’être et calmer le jeu avant la prise de fonction du Président Trump.
La précipitation du Hamas a déclenché les hostilités le 7 octobre 2023 et a entraîné tout « l’Axe de la Résistance », et plus particulièrement le Hezbollah, dans une guerre que l’Iran n’était pas encore prêt à mener.
Depuis des années, le Hezbollah se préparait minutieusement à lancer une offensive de grande envergure dans le nord d’Israël, bien plus importante que celle menée par le Hamas au sud. Ils avaient construit un vaste réseau militaire à la frontière avec des tunnels, des positions fortifiés, des caches d’armes, etc.
Mais le 7 octobre a eu raison des plans du Hezbollah et a contraint Israël à renforcer dans l’urgence sa frontière nord, privant ainsi le Hezbollah de l’effet de surprise, essentiel à son plan d’invasion.
Mais ce n’est pas tout.
De nombreuses erreurs d’analyses ont également été commises qui ont plongé l’organisation dans la pire crise de son histoire.
Qu’il s’agisse de l’entêtement à soutenir le Hamas, de leur idée qu’Israël n’oserait pas les frapper à Beyrouth par crainte de représailles sur Tel-Aviv, ou celle que Tsahal ne pénétrerait pas en territoire libanais. Après presque un an de conflit de basse intensité, il n’aura fallu que quelques semaines à Israël pour affaiblir considérablement le Hezbollah.
L’intensification de la guerre à partir de septembre 2024 a mis en lumière l’incapacité du Hezbollah à protéger ses dirigeants et ses infrastructures stratégiques, ainsi que leur infiltration par le renseignement israélien.
Si le Hezbollah résiste encore militairement grâce à la décentralisation de sa chaîne de commandement, sa structure, elle, est en lambeaux. Ils ont besoin de temps pour se réorganiser, mais pour cela, ils ont besoin d’un cessez-le-feu.
Arié, qu’en est-il des objectifs d’Israël ?
Israël a deux objectifs principaux dans cette guerre : affaiblir le Hezbollah et sécuriser la frontière avec le Liban pour permettre le retour des 60 000 déplacés du nord.
Aujourd’hui, le Hezbollah est décapité. Nasrallah, tout son état-major militaire et plus de 3 000 terroristes sont morts. Leurs capacités opérationnelles ont été sérieusement affaiblies. Près de 70 000 armes, missiles, roquettes… ont été saisies (dont plus de 60 % sont d’origine russe). Leur moral est désormais au plus bas.
Ce qui a été accompli grâce aux renseignements et aux campagnes de bombardements est tout simplement prodigieux.
Un cessez-le-feu, s’il était respecté, et la résolution 1701 appliquée, avec des garanties internationales, pourraient permettre de sécuriser le nord du pays.
Mais la menace que représente le Hezbollah ne s’apaisera que temporairement. Tôt ou tard, s’ils persistent dans leur projet d’annihilation d’Israël, le Hezbollah et leur parrain iranien devront subir le même sort que le Hamas.
Arié Bensemhoun
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