Conséquence inattendue de l'épidémie de coronavirus : une relative amélioration des relations israélo-palestiniennes. Depuis que les premiers cas de contagion ont été diagnostiqués en fin de semaine dernière à Bethléem, Israël et l'Autorité Palestinienne ont dû réviser leurs priorités. La coopération sanitaire fonctionne à plein. Quand Mahmoud Abbas a ordonné la mise en quarantaine de toute la ville de Bethléem, il l'a fait en coordination avec Israël. Israël a aussi aidé à évacuer des dizaines de touristes étrangers que l'Autorité Palestinienne a voulu expulser de son territoire, après avoir décrété l'état d'urgence. Et surtout, les services médicaux palestiniens reçoivent des Israéliens les kits de dépistage dont ils ont besoin et ce sont les Israéliens qui traitent les prélèvements.
Si les territoires palestiniens ont été bouclés par Tsahal pour la durée de la fête de Pourim, le répit ne résout pas le problème. L'économie palestinienne a un besoin vital des revenus de ses quelque 120.000 travailleurs employés par des Israéliens (sans compter les clandestins) que ce soit dans les implantations de Judée Samarie ou à l'intérieur d'Israël et qui rapportent 26 millions de shékels par jour. Si cette source devait se tarir, cela aurait des conséquences immédiates pour la population palestinienne de Cisjordanie. De même que l'absence de main d'œuvre palestinienne aurait aussi des effets négatifs pour l'économie israélienne, notamment dans le secteur du bâtiment et des services.
Situation plus complexe à Gaza
Avec la Bande de Gaza, le problème est plus compliqué. Paradoxalement, le bouclage du territoire côtier le préserve pour l'instant contre la propagation du virus. Mais une fois que les premiers cas seront enregistrés, la densité de population pourra devenir un vrai risque sanitaire. Il n'y a presque plus de passage par le terminal de Rafah, le poste frontalier de la Bande de Gaza avec l'Egypte. En revanche, les sept mille Gazaouis autorisés à travailler en Israël devraient recommencer à passer, quand le terminal d'Erez sera rouvert jeudi après la fête de Pourim. A ce stade, les craintes sont plutôt du côté du Hamas. Tant que l'épidémie n'a pas atteint Gaza, le risque vient du côté israélien, si les travailleurs gazaouis contractent le virus au contact de la population israélienne. Ensuite, la question sera de savoir si Israël pourra rester extérieur à une dégradation sanitaire dans la Bande de Gaza, dont il s'est pourtant retiré depuis 2005.
Le scénario d'une épidémie fait évidemment partie de ceux qui ont déjà été étudiés par les services de sécurité israéliens. Et il est clair que c'est le cas de Gaza qui reste le plus complexe, d'autant qu'Israël aura probablement du mal à ne pas intervenir dans une crise humanitaire majeure qui serait une menace pour sa propre sécurité.
La situation n'en est heureusement pas là. Et en attendant, on peut au moins constater que les Palestiniens peuvent mettre le conflit entre parenthèses, voire accepter des coopérations inédites, face à une menace commune. A condition que le pragmatisme reste plus fort que les vieux réflexes.
Pascale Zonszain
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