Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, vous souhaitez revenir sur la réaction en chaine, l’effet domino, causé par les massacres du 7 octobre.
Bonjour,
Face à une armée syrienne en déroute, qui a préféré fuir plutôt que mourir pour le régime, il n’aura fallu que 12 jours aux rebelles islamistes pour que leur offensive renverse la dictature des el-Assad, en place depuis 53 ans.
Après treize longues années, plus d’un demi-million de morts et 7 millions de réfugiés, la guerre civile syrienne est-elle en train de se terminer ? Nul ne peut le dire mais ce qui est désormais certain, c’est que Bachar el-Assad aura lui aussi été emporté par la réaction en chaîne du 7 octobre.
En attaquant sauvagement et précipitamment l’État juif, le Hamas aura changé le cours du XXIe siècle.
Les terroristes palestiniens espéraient entraîner de force Israël dans une guerre régionale contre « l’Axe de la Résistance », mais se sont retrouvés seuls. L’Iran et le Hezbollah n’étaient pas prêts à mener cette guerre et se sont contentés d’un soutien limité, presque symbolique.
Au final, le Hamas a été décimé.
Le Hezbollah, a été balayé en quelques semaines et décapité.
Quant à la Syrie de Bachar el-Assad, mécaniquement affaiblie par le transfert d’hommes du Hezbollah au Liban pour pallier les pertes, elle s’est effondrée sous l’offensive mûrement préparée des rebelles, qui ont su attendre le moment opportun pour frapper.
« L’Axe de la Résistance » mis en place par les Ayatollahs est en miettes.
La route chiite reliant Téhéran à Beyrouth est coupée.
L’Iran pourrait rapidement se retrouver isolée.
Arié, en quoi la défaite de l'axe iranien redéfinit-elle les rapports de force dans la région ?
Tout simplement parce que le centre de gravité du conflit Moyen oriental est en train de se déplacer vers la Turquie Sunnite.
En raison de la répression sanglante exercée contre leur propre peuple, les mollahs ne peuvent pas compenser l’effondrement de leurs proxys en mobilisant leur armée de conscrits, qui refuserait de mourir à l’étranger pour défendre les intérêts d’un régime qui les opprime.
Quant aux campagnes terroristes qu’ils pourraient mener pour nuire à Israël, elles seraient contre-productives, car ne feraient que renforcer le soutien occidental à Israël, allant ainsi à l’encontre de leur objectif de diaboliser et d’isoler l’État juif.
Aujourd’hui, de nombreux États dans la région se réjouissent de voir l’Iran perdre ses positions et son influence, mais ceux qui en bénéficient le plus sont Israël, ainsi que la Turquie, qui se repositionne au Moyen-Orient.
La Syrie est une pièce maîtresse pour Erdogan, dont deux engagements de longue date sont de renvoyer les plus de 3 millions de réfugiés syriens dans leur pays et d’anéantir les forces kurdes, notamment le YPG.
La Turquie entend bien occuper la place laissée vacante par l’Iran et la Russie et a déjà averti que toute attaque contre la Syrie ferait face à une réponse turque.
Quant aux Israéliens, ils ont 3 priorités : Contenir l’appétit d’Erdogan, défendre les alliés Kurdes et anticiper une possible confrontation avec les islamistes du HTS, qui souhaitent faire du « Sham » une réalité et marcher sur Jérusalem.
C’est pourquoi, le cabinet de guerre a ordonné une série de plus de 500 frappes sur des sites militaires et des infrastructures stratégiques de l'ancien régime d'Assad afin d'empêcher que des armes sophistiquées ne tombent entre les mains des rebelles dont personne ne connait vraiment les intentions.
Se faisant, Israël aura réussi à détruire près de 80 % de l'armement de l'armée syrienne, en plus de s'emparer de sites stratégiques autour du mont Hermon et du Golan pour y établir une zone tampon provisoire qui fait déjà hurler la diplomatie française, qui n’a toujours rien compris aux cataclysmes en cours.
Arié, au-delà du Moyen-Orient, c’est également la géopolitique mondiale qui est redéfinie…
Absolument.
La Russie est affaiblie. Après l'Arménie, la Syrie est un nouvel État que Poutine était censé protéger et qu'il a finalement abandonné. Sa perception mondiale en tant que partenaire fiable en prend un coup et nuit à son influence économique, militaire et politique.
Ses bases en Syrie étaient vitales pour ses opérations en Afrique et pour sa guerre hybride contre l'Europe. Pour compenser, la Russie cherche déjà à se réinstaller en Libye, notamment dans le port de Benghazi.
En plus de l'effet domino mondial, nous assistons à une imbrication des conflits et à une porosité des lignes de front. Les combats sont partout, y compris dans nos rues et dans nos urnes.
Se dessine de plus en plus clairement cette guerre mondialisée et globalisée entre les nations démocratiques et les forces qui cherchent à les détruire : une guerre pour la survie de nos civilisations, n’en déplaise aux idiots utiles qui préfèrent regarder ailleurs, alors que la maison brule.
Arié Bensemhoun
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