Un journal libanais anti-Hezbollah a rapporté que le groupe terroriste avait aidé des centaines d'officiers des services de renseignement syriens à fuir vers le Liban dans les jours précédant la prise de Damas par les forces opposées à l'homme fort de la Syrie, Bachar al-Assad, dimanche.
Le journal Nidaa al-Watan s'est indigné cette semaine du prix payé par le Liban pour assurer la sécurité de certains hauts responsables, et a exprimé ses craintes que la présence des alliés d'Assad au Liban puisse entraîner des frappes israéliennes.
Certains dirigeants libanais ont également exprimé leur inquiétude face à ce rapport, qui fait suite à la découverte d'un grand tunnel secret dans les montagnes syriennes de Qalamoun, bastion du Hezbollah près de Damas et de la frontière avec le Liban, qui servirait apparemment à stocker et à transférer des armes. Cependant, les officiers qui ont réussi à s'échapper vers le Liban auraient voyagé par voie terrestre.
Citant deux responsables de la sécurité, dont la nationalité n'est pas clairement établie, Nidaa al-Watan a rapporté lundi que le Hezbollah avait donné des plaques d'immatriculation libanaises à des responsables d'Assad entrés au Liban par le poste-frontière de Masnaa. Le journal a également indiqué que des milliers de responsables de la sécurité syrienne seraient entrés illégalement au Liban par le poste-frontière de Hermel, plus au nord.
ِSelon les responsables cités dans le rapport, le trafic d'officiers syriens a été facilité par des pots-de-vin versés à des membres de la Direction générale de la sécurité du Liban. Parmi ces derniers, le journal cite Ahmed Nakad, un allié du Hezbollah, un haut responsable de la patrouille frontalière de la Direction qui aurait des liens étroits avec Ali Mamlouk, chef du Bureau de la sécurité nationale du parti Baas d'Assad.
Selon Nidaa al-Watan, Mamlouk, accusé par le Liban d'avoir perpétré des « actes terroristes » contre deux mosquées du pays, se cachait dans le bastion du Hezbollah, à Dahiyeh, dans le sud de Beyrouth. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, qui n'a pas pu être vérifiée de manière indépendante, prétend montrer Mamlouk fuyant la Syrie à bord d'un canot pneumatique.
<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="en" dir="ltr">WATCH⚡️ <br><br>The dramatic escape of Ali Mamlouk, head of Syria’s secret service and security advisor to President Assad. Just a rubber boat, a suitcase, and a getaway…<br><br>Via <a href="https://twitter.com/inside_IL_intel?ref_src=twsrc%5Etfw">@inside_IL_intel</a> <a href="https://t.co/7bQdbnrj5T">pic.twitter.com/7bQdbnrj5T</a></p>— Open Source Intel (@Osint613) <a href="https://twitter.com/Osint613/status/1867304275254424020?ref_src=twsrc%5Etfw">December 12, 2024</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>
On rapporte également qu'à Beyrouth se trouvaient - semble-t-il - à l'hôtel cinq étoiles Phonecia, Ghada Adib Mhanna, tante par alliance d'Assad et mère de son proche allié, le magnat des télécommunications Rami Makhlouf ; et - au Movenpick, un autre hôtel de luxe - Firas Issa Shaleesh, neveu de Dhu al-Himma Shalish, défunt cousin d'Assad et chef de la sécurité présidentielle, impliqué dans les massacres perpétrés sous le père et prédécesseur d'Assad, Hafez.
Khaled Qaddour, un homme d'affaires syrien sous sanctions américaines pour ses liens avec Maher al-Assad, le frère du dictateur, aurait également séjourné à l'hôtel Movenpick.
Selon Nidaa al-Watan, les deux hôtels de luxe étaient surveillés par les services de sécurité de l'État libanais.
L'éditorial du journal affirmait que le Liban, occupé par les forces de Hafez et de Bachar al-Assad pendant près de trois décennies jusqu'en 2005, finirait par « supporter le coût de la facilitation de la dissimulation des personnes recherchées par l'État libanais ».
«De plus, la présence des laquais d'Assad dans les banlieues et à Beyrouth expose la capitale au risque de frappes israéliennes», souligne le journal.
Le Parti socialiste progressiste libanais, dirigé par la famille Joumblatt, un important clan druze généralement proche du Hezbollah, a émis un avertissement similaire. Le Premier ministre libanais par intérim Najib Mikati a déclaré mardi qu'il travaillait avec le pouvoir judiciaire et la Direction générale de la sécurité pour régler le problème d'une manière qui « serve les intérêts du Liban et maintienne les relations avec le peuple syrien ».
Israël et le Hezbollah ont conclu un accord de cessez-le-feu fin novembre, après deux mois de bombardements israéliens intenses contre le groupe terroriste. Cette campagne intervient après un an de tirs de roquettes persistants du groupe terroriste soutenu par l'Iran, qui ont empêché quelque 60 000 habitants du nord de rentrer chez eux.
Craignant une attaque du Hezbollah dans le nord, Israël a évacué les habitants peu après que le Hamas a attaqué le sud le 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes ont envahi pour tuer quelque 1 200 personnes et prendre 251 otages, déclenchant la guerre à Gaza.
Peu de temps après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, les rebelles syriens ont lancé une offensive dans le nord de la Syrie, mettant fin à 13 ans d'impasse dans la guerre civile du pays et renversant finalement le régime d'Assad, en place depuis des décennies, soutenu par l'Iran et ses mandataires.
L'Iran a annoncé cette semaine avoir évacué environ 4 000 de ses propres soldats de Syrie après l'éviction d'Assad.
L'analyste des affaires arabes de la chaîne 12, Ehud Yaari, qui a cité jeudi la fuite présumée des responsables d'Assad vers le Liban, a noté qu'Israël s'était apparemment abstenu d'abattre le convoi aérien iranien.
Gabriel Attal
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