Après la prise de contrôle éclair de la Syrie par les rebelles, voici un autre développement totalement inattendu : les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne tentent de reprendre le contrôle de certaines parties de la Cisjordanie sous sa juridiction.
Depuis huit jours, les forces de sécurité de l'AP combattent les combattants du Hamas et du Jihad islamique palestinien à Jénine, déterminées à reprendre le contrôle du camp de réfugiés tombé sous l'emprise de terroristes non affiliés à l'AP.
Ces terroristes, alignés sur « l’axe du mal » iranien, étaient la pierre angulaire de la stratégie de la République islamique pour déclencher une explosion en Judée-Samarie.
Pour alimenter ce bouleversement, l'Iran a introduit clandestinement des armes sophistiquées et des explosifs dans la région. Avec la chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie, d'où les armes fournies par l'Iran étaient introduites clandestinement en Jordanie, puis par le Jourdain en Judée-Samarie, cette situation est devenue d'autant plus difficile.
Alors qu’un rapport de l’AP publié lundi affirmait qu’« il n’était pas immédiatement clair pourquoi l’Autorité palestinienne a décidé de lancer la répression maintenant », la raison semble évidente : prouver qu’elle peut prendre le contrôle d’un territoire dans l’espoir et l’attente qu’elle finira par reprendre le contrôle de Gaza.
Le Hamas a renversé le Fatah et l’Autorité palestinienne lors d’un coup d’État sanglant en 2007. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’oppose à ce que l’Autorité palestinienne gouverne Gaza le jour même, car elle s’est montrée incapable de contrôler les territoires déjà sous son contrôle.
Néanmoins, les efforts soudains de l'AP pour prouver sa valeur s'ajoutent à la liste croissante des problèmes du Hamas. La pression sur le Hamas est devenue si forte que le groupe a publié un communiqué enflammé mardi matin, dénonçant les actions de l'AP comme un « crime à grande échelle » et appelant à une « mobilisation publique pour briser le siège et soutenir les combattants de la résistance ».
C’est cette liste croissante de problèmes qui a forcé le Hamas à faire enfin preuve d’une certaine flexibilité dans ses exigences, le rapprochant plus que jamais – selon de nombreux rapports – d’un accord sur la prise d’otages avec Israël.
La répression menée par l’AP contre les « combattants de la résistance » à Jénine et à Tulkarem n’est qu’une pièce du puzzle. A Gaza, le mécontentement face à la stratégie sans issue du Hamas ne cesse de croître, comme le souligne un titre du Washington Post de lundi : « Face à la colère croissante de l’opinion publique, un Hamas affaibli commence à faire des compromis. »
« Avec sa puissance militaire diminuée et son influence politique en déclin, le Hamas subit une pression publique croissante pour aider à mettre fin à la guerre à Gaza », peut-on lire dans l’article.
Cette pression publique, ainsi que la perte de son emprise sur Jénine, ne sont que quelques-uns des nombreux facteurs qui ont poussé le Hamas à abandonner ses exigences selon lesquelles un arrêt complet de la guerre et un retrait total de l’armée israélienne de Gaza seraient des conditions préalables à un accord.
Un changement radical de dynamique
Au cours des trois derniers mois, la dynamique régionale et internationale a radicalement changé, laissant le Hamas dans sa position la plus faible depuis le début de la guerre.
Premièrement, l’armée israélienne continue d’opérer à Gaza, dégradant encore davantage les capacités militaires de l’organisation terroriste. Deuxièmement – et cela a à voir avec la dynamique internationale – l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a insufflé une nouvelle énergie aux efforts de Washington pour parvenir à un accord.
La transition entre les administrations américaines a créé une urgence unique, le président sortant Joe Biden étant impatient de conclure un accord après y avoir investi beaucoup de temps et d’énergie, et Trump souhaitant entrer en fonction sans que ce problème ne pèse sur son administration.
Trump a clairement fait savoir que l’échec de la conclusion d’un accord avant son investiture le 20 janvier aurait des conséquences, prévenant : « Ce sera l’enfer. »
Même si l’on peut se demander dans quelle mesure ces menaces touchent les dirigeants du Hamas à Gaza, elles semblent avoir eu un fort écho auprès des États qui soutiennent le Hamas, en particulier le Qatar.
Soucieux de se mettre dans les bonnes grâces de Trump, le Qatar exercerait sur le Hamas une pression qu'il n'avait jamais exercée auparavant. Cette pression est ressentie par les dirigeants du Hamas vivant à l'étranger – au Qatar et en Turquie – qui, par conséquent, seraient plus désireux de parvenir à un accord et de faire preuve de souplesse que les dirigeants du Hamas à Gaza, qui sont moins touchés par cette pression.
Le troisième facteur de changement est la neutralisation du Hezbollah au Liban. Pendant près d’un an, le Hezbollah a bombardé Israël de roquettes et de missiles en solidarité avec le Hamas. Son chef, Hassan Nasrallah, a explicitement lié les deux fronts, déclarant qu’il n’y aurait pas de paix dans le Nord tant qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu à Gaza.
Mais Nasrallah n’est plus là, et le Hezbollah n’est plus que l’ombre de lui-même. Les dirigeants du Hamas, à Gaza comme à l’étranger, savent désormais que le salut par le Nord n’est plus une option, ni aujourd’hui ni dans un avenir proche.
Les espoirs du Hamas de voir l'Iran reconstruire rapidement le Hezbollah ont été anéantis par la prise de contrôle de la Syrie par les rebelles. En clair, personne ne vient au secours du Hamas.
Ces développements ont donné lieu à des mouvements considérables ces derniers jours en vue d’un accord. Et cette fois, en raison des changements régionaux importants et de l’arrivée imminente d’un nouveau président à Washington, ces mouvements pourraient réellement déboucher sur des avancées concrètes et des résultats tangibles.
Gabriel Attal
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