Le 7 octobre 2023 restera gravé dans l'histoire moderne d'Israël et du monde comme l'une des attaques les plus meurtrières jamais perpétrées contre l'État hébreu. Les pires massacres antisémites depuis la Shoah… Ce jour-là, à l’aube, des milliers de citoyens israéliens ont été brutalement frappés par une offensive massive lancée par le Hamas… une attaque islamiste et terroriste préparée, minutieusement, qui a révélé l’impasse dans laquelle se trouvait Israel face aux arabes palestiniens.
En une seule journée, le Hamas a massacré 1400 israéliens et kidnappé plus de 200 personnes. Et depuis, cette guerre multi fronts pour Israel, s’est intensifié… 14 mois de guerre au cours de laquelle plus de 825 soldats de Tsahal ont été tués… et 100 otages toujours en captivé. Et malheureusement, les répercussions de ce conflit ne se sont pas limitées au Moyen-Orient. En France, une augmentation significative des actes antisémites a été observée.
Que s'est-il passé pour les juifs de France en 2024 ?
Depuis le 7 octobre 2023, les actes antisémites ont complètement explosé à Paris et en petite couronne (Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Val d’Oise, Seine-Saint-Denis)… c’est ce qu’à en effet confirmé le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, le 14 novembre dernier chez nos confrères de France Info… Les régions Paca, Auvergne-Rhône-Alpes et le département du Bas-Rhin sont également très concernés. La ville de Nice est enfin particulièrement exposée depuis l’attaque du Hamas, avec fin novembre 2024, 38 faits antisémites recensés contre deux seulement les mois précédents. Au total, sur les dix premiers mois de l'année, plus de 500 actes antisémites ont été répertoriés, contre une centaine sur ceux de 2022. Cela comporte des injures, des provocations, des tags mais aussi des violences physiques.
Les faits anti juifs en France sont donc au plus haut et ont bondi de 192% au premier semestre 2024 par rapport au premier semestre 2023. Ainsi, les événements tragiques qui ont frappé Israël le 7 octobre 2023 ont, hélas, servi de catalyseur pour une haine grandissante, alimentée par des discours extrémistes et des acteurs étrangers qui ont encouragé cette violence.
Pourtant, faut-il le rappeler : les juifs représentent seulement 0,7% de la population française, selon une enquête détaillée de l’Institute for Jewish Policy Research en 2020
Nécessaire de rappeler ces chiffres, et d’ajouter qu’en 2023, selon les données du ministère de l'Intérieur, environ 48% des actes racistes enregistrés en France visaient des Juifs, alors qu'ils constituent une toute petite minorité démographique…
La montée de l'antisémitisme ne se limite pas aux événements isolés, mais constitue un phénomène qui touche plusieurs aspects de la vie des citoyens juifs en France.
Cet antisémitisme s'est exprimé dès le 7 octobre 2023 par des slogans entendus dans certaines manifestations prétendument pro-palestiniennes. A Paris, le 10 octobre 2023, des croix gammées et des inscriptions "Mort aux Juifs" ont été découvertes sur les murs d'un immeuble du 11ᵉ arrondissement. A Lyon, des écoles, synagogue et commerces de la communauté sont régulièrement tagués. Idem à Marseille, où des croix gammées et des insultes antisémites ont été aperçues ces derniers mois. A Strasbourg, un homme de 62 ans a été condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir inscrit des tags antisémites, tels que "mort aux juifs" et "USA Israël = nazis", sur des rames de tramway et du mobilier urbain entre le 13 octobre et le 14 novembre 2023.
Une liste non exhaustive…
A Toulouse, en octobre 2023, ville encore marqués par la tuerie antisémite de l’école Ozar Hatorah il y a 12 ans, plus d'une vingtaine de tags hostiles à Israël ont été découverts et rapidement effacés par les services municipaux. "Israël assassin" ou encore "Vive la résistance palestinienne", ont été principalement observées aux alentours de l'université Jean-Jaurès et dans divers quartiers de la ville.
La liste des villes de France touchées par des tags est longue… Nantes, Montpellier, Grenoble, Nice, Paris…
En mai dernier, 35 pochoirs représentant des mains rouges, peintes dans la nuit sur le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah, à Paris ont notamment été découverts… Un symbole aussi utilisé par des étudiants de Sciences Po il y a quelques mois, visages masqués et arborant keffiehs, circulant les mains en l'air, peintes en rouge… Des mains rouges aussi revisitées lors des Oscars en mars dernier… Billie Eilish, Mark Ruffalo ou encore Swann Arlaud arboraient en effet un pin’s "main rouge" sur leurs tenues…
Et pourtant, comment l’ignorer… ces mains rouges sont depuis plus de 20 ans le symbole morbide d'une scène de lynchage remontant au 12 octobre 2000 à Ramallah. Celui de deux réservistes israéliens, entrés par erreur en territoire palestinien… Un des terroristes s’était alors affiché fièrement à la fenêtre du commissariat où s’était produit le double meurtre, les mains pleines de sang. Les mains rouges, un appel au meurtre, tout simplement.
En mai, concernant celles qui ont été peintes au memorial de la Shoah, les enquêteurs avaient privilégié l'hypothèse d'une opération de déstabilisation venue de Russie.
Concernant Sciences-Po...
Les actes antisémites ont aussi été recensés au sein du milieu universitaire… à Sciences-Po, des étudiants anti israéliens ont été suspendus après une manifestation où des slogans pro-Hamas et appelant au boycott d’Israel ont été proférés… Ce qui a crée des blocages et suscité l’inquiétude des étudiants juifs mais aussi de certains professeurs qui ont alerté la direction.
A l’INALCO, également, récemment, des étudiants juifs ont été harcelés et agressés, provoquant la réaction de l’école qui a publié un communiqué pour condamner ces actes de violence.
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Des agressions physiques
Et en 2024, la haine anti juive n’a cessé d’exploser… avec l’agression d'un sexagénaire à la sortie d'une synagogue à Paris le 1er mars 2024… Rue des Orteaux dans le 20ème arrondissement de Paris, un homme de 62 ans portant une kippa a en effet été frappé et insulté par un individu qui a pris la fuite.
3 mois plus tard, le 15 juin dernier, c’est une fillette de 12 ans à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine qui a été frappée et violée sous les cris de « sale juive » et des menaces de mort par trois garçons mineurs, âgés de 12 et 13 ans, depuis mis en examen.
Un mois auparavant, le 17 mai dernier, un homme a été abattu par la police en pleine rue après avoir tenté d’incendier la synagogue de Rouen et brandi un couteau face aux policiers. Il s’agissait d’un Algérien en situation irrégulière qui faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français.
Quelques semaines plus tard, le 24 août dernier, un autre homme également franco-algérien, a été arrêté après avoir mis le feu à la synagogue Beth Yaacov Atlan de La Grande-Motte, drapeau palestinien noué autour de la taille. Selon le ministère de l’intérieur, son objectif était de tuer les juifs qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment…
D’autres incidents signalés, un homme qui avait arboré dans le métro un maillot où il était écrit « anti juif » au dos, a été condamné le 12 décembre dernier à six mois de prison avec sursis… Par ailleurs, toujours dans le métro, après des chants antisémites - une vidéo diffusée sur Tik Tok - cinq mineurs ont été reconnus coupables en mai dernier par le tribunal pour enfants de Bobigny pour injures publiques, et pour apologie de crimes contre l’humanité, pour l’un d’entre eux.
Enfin sur la scène politique, si les autorités ont mis en place des mesures de sécurité accrues, le groupe d’opposition LFI a multiplié les saillies anti israéliennes, frôlant souvent avec l’antisémitisme…
David Guiraud, député LFI, a ainsi comparé les Juifs à des "dragons célestes", un dog whistle antisémite… connotation stéréotypée et déshumanisante. Dans un autre registre, la députée Mathilde Panot avait affirmé : "Il ne faut pas réduire le combat pour la Palestine à un combat contre les Juifs, mais on ne peut pas laisser les crimes d’Israël sans réponse"…
Thomas Portes avait de son côté appelé à exclure la délégation israélienne "pas la bienvenue" selon lui aux Jeux Olympiques de Paris 2024… Sans parler des déclarations de Jean-Luc Mélenchon qui avait exhorté les étudiants à "mettre des drapeaux palestiniens partout où c’est possible" à partir du 8 octobre 2024...
Rima Hassan a, quant à elle, multiplié les provocations et déclarations très ambigues sur les réseaux sociaux, et fait encore cette semaine l'objet d'une plainte pour apologie du terrorisme... Sans compter Danièle Obono, Marie Mesmeur, Aymeric Caron… Tous ont suscité l'ire au sein de la communauté juive de France.
L'espoir et la solidarité comme réponse & 35 000 Alyot
Mais face à ces épreuves, un regain d'engagement associatif et militant s'est manifesté au sein de la communauté juive, témoignant d'une volonté de résister et de lutter contre l’antisémitisme… quand d’autres ont choisi de faire l’alyah… Depuis le 7 octobre 2023, environ 35 000 Juifs ont rejoint Israël selon les chiffres publiés en cette fin d'année 2024 par l'Agence juive, dont 2300 français. Les demandes de dossier d’alyah en provenance de France ont en effet augmenté de 342 % en 2024. Et dans le concret, l’alyah de france a augmenté de +100 %, selon Ygal Palmor, directeur des relations internationales à l'Agence Juive.
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