Bonjour Arié Bensemhoun, en ce début d’année 2025, vous souhaitez faire le point sur les différents fronts où Israël est engagé.
Bonjour,
Dans un moment où la géopolitique mondiale se façonne au rythme des déclarations du futur président américain Donald Trump, les choses s’accélèrent au Moyen-Orient à l’approche de son retour à la Maison Blanche le 20 janvier prochain.
Alors qu’il a une nouvelle fois promis l’enfer dans la région si les 100 otages encore détenus par le Hamas n’étaient pas libérés avant son investiture, les pourparlers s’intensifient pour parvenir à leur libération et à un cessez-le-feu.
Si certains points semblent se clarifier, les discussions achoppent toujours sur la question des otages. Le Hamas aurait fourni une liste de 34 otages, mais refuse pour l’instant – ou se révèle simplement incapable – de confirmer s’ils sont vivants ou non.
Un point évidemment crucial, d’autant que cette première liste inclurait la famille Bibas, symbole du calvaire des otages et de leurs familles, ainsi que de la cruauté du Hamas. Qui peut prédire la réaction des Israéliens si l’on venait à apprendre que cette famille est réellement décédée, comme le prétend le Hamas depuis novembre 2023 ?
Quoi qu'il en soit, Israël peut difficilement faire plus de concessions. Le temps joue contre le Hamas, et ils feraient bien de se dépêcher, car avec Trump, ils ont plus à perdre qu'à gagner.
Arié, si un cessez-le-feu se négocie à Gaza, celui en cours au Liban est en péril…
Absolument.
Il était difficile d’imaginer que les terroristes du Hezbollah allaient respecter leur parole.
Car si Israël a entamé le retrait d’une partie de ses forces du Sud-Liban, l’application de l’accord côté libanais patine. Le Hezbollah reste présent au sud du fleuve Litani et essaye même de se réorganiser, alors que ses armes ainsi que ses infrastructures n’ont pas été démantelées par l’armée libanaise, qui peine à assumer ses responsabilités et à déployer les 10 000 soldats prévus par l’accord.
Pour l’heure, il semble improbable que l’accord tienne en l’état, la période de 60 jours arrivant à son terme à la fin du mois. Soit l’accord sera prolongé, soit il s’effondrera et la guerre reprendra.
Dans tous les cas, Tsahal poursuit ses opérations de nettoyage au Sud-Liban. D’importants sites terroristes ont été découverts et détruits, tandis que plus de 85 000 armes ont été saisies, dont 70 % sont d’origine russe.
Pour Israël, le 7 octobre a marqué un tournant : il n’est plus question de permettre à des organisations terroristes de proliférer à ses frontières. Si le Hezbollah n’est pas capable de respecter sa part de l’accord, Israël n’a aucune raison de respecter la sienne.
Arié, qu’en est-il des Houthis et de l’Iran ?
Pour les Houthis, la situation est plus complexe que pour le Hamas ou le Hezbollah.
Le Yémen se trouve à plus de 2 000 km d'Israël, rendant toute opération terrestre d’envergure inimaginable. Israël est donc contraint d’opérer à distance.
Jusqu’à présent, les réponses aux attaques incessantes des Houthis ont été très limitées, parce que l’administration Biden cherchait à éviter une escalade qui aurait pu perturber encore davantage le commerce maritime mondial. Mais comme avec toute organisation terroriste, cette stratégie n’a fait qu’empirer la situation : les attaques sont plus fréquentes que jamais.
Avec Donald Trump, la donne pourrait changer. La coalition internationale anti-Houthis pourrait être renforcée pour cibler leurs cadres et leurs dirigeants grâce à une coopération accrue entre les agences de renseignements, à laquelle l’Égypte et l’Arabie Saoudite pourraient se joindre, en plus d’un éventuel blocus naval.
Quant à l’Iran, on peut se réjouir qu’enfin les puissances occidentales s’accordent sur la gravité et l’urgence d’agir et haussent le ton, alors que les ayatollahs sont sur le point d’atteindre le seuil nucléaire.
Face à la défaite cuisante de son axe d’agression, l’Iran semble miser sur une accélération de son programme atomique pour sanctuariser son territoire et assurer l’immunité de son régime.
Petit à petit, la perspective de frappes sur leurs installations nucléaires gagne du terrain et apparaît comme la dernière option crédible pour empêcher le pire, et ne pas répéter les erreurs commises avec la Corée du Nord.
Dans le même temps, l’Égypte, en violation de l’accord de paix avec Israël, renforce sa présence militaire dans le Sinaï en y déployant des divisions blindées. En Syrie, les tensions avec la Turquie, dirigée par un Erdogan aux ambitions régionales et membre de l’OTAN, dessinent lentement les perspectives d’un conflit et laissent craindre le pire.
Alors que s'ouvre cette nouvelle année civile, les espoirs sont nombreux, mais les incertitudes et les dangers le sont tout autant. L'année 2025 sera intense pour Israël, pour la France et pour le monde. Nous nous dirigeons vers de grands bouleversements, pour le meilleur…et hélas aussi pour le pire.
Arié Bensemhoun
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