Israël/Gaza : “Il n'y a pas de bon accord avec un groupe terroriste qui demande la libération de milliers de criminels et d'assassins”

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Israël/Gaza : “Il n'y a pas de bon accord avec un groupe terroriste qui demande la libération de milliers de criminels et d'assassins”
Benjamin Petrover - Radio J/Nellu Cohn

Ce mardi 28 janvier à 15h sur Radio J, Cyrielle Sarah Cohen recevait Benjamin Petrover, journaliste et rédacteur en chef de la chaîne i24news, auteur également de "Ils ont tué mon disque" aux éditions First, pour parler musique à l’occasion de son concert à l'Écuje le soir même.

"On a grandi avec, une forme de responsabilité, d'héritage qu'il fallait garder en nous, qu'il fallait transmettre."

"J'ai vécu une enfance très heureuse, dans une famille très unie, très soudée dans la mesure où mes parents tous les deux, sont des enfants uniques [...] mon père a vu son père se faire arrêter devant lui et ma mère a eu tous ses frères et sœurs qui sont morts pendant ou avant la guerre." Le tragique de la situation et l’absence de cousins, d’oncle ou de tante a consolidé les liens au sein du foyer familial. Benjamin Petrover décrit : “Une maison très chaleureuse, avec l'odeur de “la cuisine de ma mère toujours qui planait comme ça. Comme un fumet."

Il relate l’histoire de sa famille qui a vécu la Shoah : "On ne peut pas dire qu'on a vécu ça comme un traumatisme, on a grandi avec, peut-être une forme de responsabilité, d'héritage qu'il fallait garder en nous, qu'il fallait transmettre." Fils direct de deuxième génération des victimes des camps, là où les gens de son âge appartenaient le plus souvent à la troisième, il raconte les tourments qui agitaient son père à la recherche de son grand-père pendant la guerre : "Il est allé le voir (à Drancy), c'est un bien grand mot, il voyait des mains derrière la muraille qui lui faisait signe et il s'imaginait que c'était son père. Voilà, et pendant des mois, des semaines et des mois et des mois, il allait comme ça, tous les dimanches à Drancy, chercher ces mains qui le saluaient [...] alors que si ça se trouve, mon grand-père était déjà parti."

"Cet accord n'est pas un bon accord. Il n'y a pas de bon accord avec un groupe terroriste [...]"

Vécu par le journaliste comme un pénible écho à ce lourd passé, les événements du 7 octobre l’accablent alors qu’il les découvre en même temps que le grand public : “ On était en plateau télé puis on découvrait minute après minute les horreurs, les atrocités perpétrées ce jour-là.” Près d’un an plus tard, alors que les otages sont progressivement libérés, il partage son soulagement, mais aussi ses inquiétudes quant aux négociations menées par Israël :“On sent à la fois un immense soulagement et le corollaire, c'est cette immense douleur également parce qu’on devine ce que ces otages ont vécu”. Il ajoute : ” Cet accord n'est pas un bon accord, il n'y a pas de bon accord avec un groupe terroriste qui demande la libération de milliers de criminels et d'assassins, parce que c'est ça le profil des gens qui sont libérés.

"J'étais un animateur inconnu, donc il fallait déployer des efforts monstres."

Après cela, il raconte comment le “petit garçon de quinze ans a commencé à faire des émissions". D’abord en régie, il commence en donnant les CD aux techniciens, à croire que l’objet le suivra toujours, puis il finit par présenter des chroniques au côté de Boris Chancel. Il présente ensuite son émission “Haute Tension” pendant une dizaine d’années sur Judaïques FM. Il se livre :

"En 2008, j'ai pu assouvir le rêve d'un enfant. Je revis, je recevais en studio les artistes et les chanteurs que j'aimais." Pourtant, initialement, rien n’était gagné d’avance :

"J'avais 19-20 ans, j'appelais les maisons de disques qui me riaient la figure au début [...] J'étais un animateur inconnu, donc il fallait déployer des efforts monstres." Mais à cœur vaillant rien d’impossible et son antenne finit par attirer l’attention des stars. Jean-Jacques Goldman, Pascal Obispo, Zazie, Marc Lavoine et bien d’autres encore finissent par s’épancher à son micro. 

Il s’en amuse : "Il faut que l'auditeur comprenne que sur une radio qui n'est pas TF1, pas Europe 1, qui n'est pas RTL, c'est beaucoup plus difficile." Il raconte : "Quand je suis arrivé à Europe 1, j'étais fasciné par l'attitude des stagiaires qui étaient là-bas. Une fois, j’ai vu un stagiaire appeler [...] pour demander une interview avec un ministre ou son porte-parole. [Ensuite] il raccrochait tout fier, tout heureux. Et dans sa tête, il ne se rendait pas compte que c’était le nom de la radio qui incitait ou non les artistes à accepter et qu’il n’y avait pas d’effort à faire, tout était joué d’avance."

"Vraiment, c'était la galère. Il fallait appeler pendant des semaines et des semaines, des mois et des mois les attachés de presse qui me mettaient sur une musique d'attente pendant parfois vingt-cinq, trente minutes. Je les salue d'ailleurs, certains m'ont [faits] confiance [...] Voilà. Et ça m'a permis vraiment de faire mes armes."

"Quand Je me suis retrouvée à Europe 1 à faire des émissions, à présenter des matinales semaine, week-end ou tour à tour, tout ce que j'avais appris s'est retrouvé brusquement là comme une synthèse."

Le 13 juillet 2014, il annonce cependant quitter la radio après six saisons d'émissions pour se consacrer à l’écriture d’un livre. 

"Les enfants d'aujourd'hui ont une chance immense"

Un livre publié aux éditions First qui s'intitule “Ils ont tué mon disque”. Une enquête composée d'une cinquantaine d'interviews de professionnels de la musique et de l'audiovisuel, qui démarrait comme une chanson d'Aznavour :” Je vous parle d'un objet que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.” et qui explique l’évolution du monde de la musique face à la digitalisation des supports. Il revient sur son enfance : ” Quand on était petit, on n'avait pas d'autre choix que d'écouter une [seule] chanson. Les enfants d'aujourd'hui, ils ont une chance immense. Ils vont sur YouTube, ils vont sur les plateformes, ils écoutent des chansons par dizaines, par centaines, par milliers. Mais nous, quand on vous offrait un vinyle, il fallait l'écouter. “

"En fait, j'ai grandi depuis que je suis né avec la musique de Matti Caspi"

Benjamin s’est trouvé un refuge dès l’enfance : La musique. À la citation de Nietzsche “La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil.” il s’empresse d’acquiescer : ”il a tellement raison.” Cependant, ses premiers pas en musique tranchent net avec l’austérité du philosophe : “Nous sommes, la génération Dorothée. Il faut dire ce qui est, j'ai été baigné dans cette musique-là. Je fais partie d'une génération qui avait la chance d'avoir des artistes dédiés aux enfants”. Aux voix de Dorothée, Chantal Goya, Douchka… se mêle une seconde influence, israélienne : ”Et de l'autre côté, j'avais les vinyles de ma mère parce qu’elle avait passé plusieurs années en Israël avant ma naissance [...] des grands vinyles noirs comme ça, des années 70.[...] J'étais un amoureux, pas seulement de la musique, mais de ce support. Il y avait une magie autour du vinyle sériel.” 

Il se confie aussi sur une heureuse rencontre musicale qui ne le quittera plus :” Il y avait mon disque fétiche [...], c'était une émission pour enfants israélienne. [...] J'étais dingue de ce disque, à tel point que [mes parents] me le confisquaient parce qu'il en avait marre de l'entendre”. Seulement l’histoire ne s’arrête pas là, une dizaine d’années plus tard, adolescent, il devient fan d’un artiste israélien : Matti Caspi, pour se rendre finalement compte, il y a quelques années, que ce dernier était en fait l’auteur du fameux CD depuis le début ! Il constate finalement : "En fait, j'ai grandi depuis que je suis né avec la musique de Matti Caspi. Donc pour moi, c'est le disque qui, pour moi, symbolise tout."

"Ce que j'aime, c'est de chanter avec le public"

Sur les plateaux-télé et à la radio, l’auteur a trouvé un nouveau moyen de partager sa passion pour la musique notamment dans des émissions spéciales sur I24news mais aussi… Dans un spectacle de chant, oû il souhaite rassembler autour de musiques qui ont traversé la Méditerranée dans les deux sens. Il nous explique : ”J'ai choisi tous les grands tubes français que l'on connaît jusqu'en Israël. Et tous les grands tubes israéliens qu'on connaît jusqu'ici. [...] Moi, ce que j'aime et ce que j'aime faire dans ce spectacle, c'est de chanter avec le public.

Le 28 janvier, pour la seconde fois et sans doute pas la dernière, Benjamin propose un voyage musical entre Paris et Tel-Aviv à retrouver à L’ECUJE. 

Hugo Daviet

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