Ce lundi 10 janvier à 15h sur Radio J, Cyrielle Sarah Cohen recevait Gilles-William Goldnadel pour revenir sur son nouveau livre « Journal d’un Prisonnier » aux éditions Fayard. Dans une dystopie déroutante aux accents de satyres, on retrouve Ghislain Gronadel, dans une France partagée en deux nouvelles entités politiques, l’une islamiste et l’autre wokiste. Jugé comme dissident, il finit prisonnier de son état dans les deux sens du terme.
Loin d’être appelé au barreau comme peut l’être parfois l’auteur, le personnage Gronadel quant à lui, est condamné à finir derrière sans demander son reste. Alors comme embastillé, il se met à tenir un journal ou il relate les tenants et aboutissants de ces deux France et surtout leurs absurdités et leurs dysfonctionnements.
Alors ? Critique acerbe, simple saillie humoristique ou roman d’anticipation engagé ? Sans doute un peu de tout ça pour l’auteur qui s’inquiète des dérives de l’extrême gauche. Construit comme un conte philosophique, et à l’inverse d’un Candide de Voltaire, on y suit un personnage cynique et lucide qui se heurte à un monde orwellien aliéné par son idéalisme. Un enfer pavé de bonnes intentions somme toute comme le dit si bien l’expression…
« Je pourrais vous dire que j’ai été vacciné contre la gauche, contre le communisme… mais en réalité, ce n’est pas vrai »
« Je pourrais vous dire que j’ai été vacciné contre la gauche, contre le communisme… mais en réalité, c'est pas vrai, c’est pas moi qui ai changé, c’est la gauche qui a changé sinon j’aurais pu rester de gauche, j’aurais pu être de gauche » déclare l’auteur.
Alors ce serait la gauche qui se serait vaccinée contre Gilles-William Goldnadel ? Pourrait-on faire semblant de mal comprendre. Dans les faits, l’auteur regrette surtout son détachement de la liberté d’expression qui lui était pourtant si chère jusqu'à très récemment. Alors qu’en Mai 68, la gauche placardait qu’« il était interdit d’interdire », quelque part sa devise pourrait être devenue « il est interdit d’interdire mais… sauf pour … ». D’après lui : « L’extrême gauche ayant perdu la bataille des idées, elle n’a pour combat que l’intolérance et le désir de faire taire la droite ou l’opposition détestable. »
Depuis la fermeture de C8, l’auteur qui s’exprime sur CNews redoute de voir ses canaux de diffusions se réduire. Par ailleurs, lui qui est actif sur X se dit « assez content qu’Elon Musk soit à la tête de Twitter » pour la libération de la parole qui s’y est opérée.
"Ce n'est pas moi qui a changé, c'est la gauche qui a changé"@GWGoldnadel dans le 15h-16h de @CyrielleSarahCo ,pour son livre "Journal d'un prisonnier", aux @EditionsFayard , numéro 1 des ventes @AmazonNewsFR
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Interview à retrouver en intégralité sur Youtube :… pic.twitter.com/SIrVJ6uazO
« Le conformisme qui se donne l'air moderniste, c’est ce que je déteste le plus au monde »
Peut-être de manière inattendue pour certains, il énonce : « Je préférerais vivre dans une France Libre, mais canoniquement à gauche que dans un pays où je ne paierai pas beaucoup d’impôts, mais qui serait conformiste ». Très soucieux des questions de liberté, il ajoute : « Les questions économiques m’intéressent médiocrement, certes, je me sens libéral dans l’âme, mais c’est secondaire très sincèrement ». Il conclut : « Je n’ai pas d’aversion pour la gauche lorsque celle-ci est humaine, mais elle n’existe plus celle-là ».
Sur le conformisme, il poursuit, « Les américains exaspérés par le wokisme [...] ont basculé chez les républicains trumpistes ». En effet, les grandes firmes étasuniennes qui avaient fait du sujet le cheval de bataille de leur communication ont senti le vent tourner à l’approche de l’élection et ont fait machine arrière depuis. Il nous partage sa réaction : « Je vous mentirai en vous disant que je suis un trumpiste invétéré [...] je me suis davantage réjoui de la défaite du wokisme que de la victoire de Trump, ceci posé, je ne boude pas ma satisfaction, ne serait-ce que ma satisfaction méchante. »
« J'assume sans vanité, mais sans honte non plus d’être un hétérosexuel, mâle blanc, juif et sioniste »
Par-delà le wokisme et le mal, il s’exprime sur des sujets liés : « Il réside dans l'inconscient blanc, dans le monde post-chrétien une sourde honte d’avoir la même couleur de peau que l’antéchrist des temps modernes qui s’appelle Adolf Hitler ». Par ces termes qui désignent le dictateur un peu à la manière d’Aron qui leur préférait celui de "satanique", l’auteur semble dénoncer une forme de culpabilisation morale de l’homme blanc occidental pour des faits qu’il n’a pas commis. Il explique : « La France et les français cèdent au mirage de la préférence pour l’autre ».
"Il réside dans l'inconscient blanc (...) une source de honte d'avoir la même couleur de peau que l'Antéchrist des temps modernes qui s'appelle Adolf Hitler"@GWGoldnadel dans le 15h-16h de @CyrielleSarahCo ,pour son livre "Journal d'un prisonnier", aux @EditionsFayard , numéro… pic.twitter.com/N3bv8zsrE0
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Il confie : « J'assume sans vanité, mais sans honte non plus d’être un hétérosexuel, mâle blanc, juif et sioniste, c’est exactement ce que je suis et malheureusement ça ne correspond pas à la mode médiatique du temps. » Il précise son propos : « La folie française, c'est la honte d’être français et d’avoir été dépeints comme un Dupont Lajoie avec un béret pétainiste sur la tête et donc l’autre était forcément mieux, et bah l’autre, il est pas mieux, il est pas moins bien forcément, mais il est pas mieux. »
« Angélisme de plume et réalisme d’acier. »
Pour finir il nous confie : « Déjà le rappel du sept octobre m’est odieux, je ne peux pas, réellement, j'ai du mal à en parler. » […] « Mon cœur est divisé des deux côtés de la méditerranée [...] Je me suis construit comme ça, du moins fictivement, maintenant, c'est des deux côtés que je souffre. [...] Pour être tout à fait franc, j’ai au cœur beaucoup le sort des français de France dans leur malheur qui est mien et j’ai tout autant au cœur le sort des juifs israéliens dont mes enfants. »
"J'ai au cœur le sort des Français de France dans leur malheur, qui émigrent, et j'ai tout autant au cœur le sort des Juifs israéliens"@GWGoldnadel dans le 15h-16h de @CyrielleSarahCo ,pour son livre "Journal d'un prisonnier", aux @EditionsFayard , numéro 1 des ventes @amazon… pic.twitter.com/8WOwmZIjyU
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Enfin, il se montre assez sévère avec les organisations juives : « Je suis en conflit permanent avec le CRIF depuis des décennies ». Il leur reproche leur manque de recul : « Pardon de le dire, mais la société juive organisée ne m’a jamais impressionné grandement par son acuité à voir les problèmes. Vous pouvez l'interpréter par le traumatisme de la Shoah [...] mal interprétée sur le plan politique [...], par la courtisanerie, vous pouvez l’expliquer par la bêtise [...] mais malheureusement, c'est une tradition historique lourde que je constate. »
"Je suis en conflit permanent avec @Le_CRIF depuis des décennies (...) même si je reconnais qu'en ce moment le CRIF fait le job en ce qui concerne Israël"@GWGoldnadel dans le 15h-16h de @CyrielleSarahCo ,pour son livre "Journal d'un prisonnier", aux @EditionsFayard , numéro 1… pic.twitter.com/iMuP3R2kkh
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Il poursuit : « Je ne leur pardonnerai jamais à l’époque où ils étaient encore forts et où ils avaient encore un magistère intellectuel et moral impressionnant d’avoir favorisé l’immigration dont les juifs français sont aujourd’hui les premières victimes [...] pour ces juifs-là qui étaient très pro-israéliens la manière dont il comprenait les problèmes d’Israël, mais ils ne comprenaient pas les problèmes de la France. […] Je pointais l’angélisme de plume s’agissant de la France et le réalisme d’acier s’agissant d’Israël. » Finit-il par conclure.
Hugo Daviet
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