Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, vous souhaitez évoquer une possible reprise de la guerre dans la bande de Gaza.
Bonjour,
Après 42 jours de trêve, la première phase du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas doit s’achever ce samedi 1er mars, sans aucune certitude sur la suite des événements.
Les négociations pour la deuxième phase, entamées depuis plusieurs semaines, piétinent. Car si toutes les parties – Israël, le Hamas, les États-Unis et les autres médiateurs – souhaitent prolonger la trêve, leurs exigences respectives restent incompatibles.
Car cette deuxième phase, telle que prévue dans l’accord de cessez-le-feu, ne concerne pas seulement la libération des derniers otages – dont une vingtaine sont encore en vie – elle implique surtout d’acter la fin de la guerre.
Or, pour Israël et les États-Unis, il est hors de question de clore le conflit tant que le Hamas demeure au pouvoir et que Gaza reste militarisée ; et pour le Hamas, y être chassé n’est pas une option.
Face à cette impasse, Israël pousse pour prolonger la première phase et libérer autant d’otages que possible. Mais ne soyons pas naïfs : jamais les terroristes palestiniens ne relâcheront tous les otages, morts ou vivants. Ils sont leur assurance-vie. Conscients de leur importance pour les Israéliens, ils trouveront toujours un prétexte pour en retenir certains.
Toutefois, si aucune issue n’est trouvée d’ici au 8 mars, le cessez-le-feu prendra fin et la guerre reprendra. Un scénario auquel chacun se prépare déjà.
Arié, à quoi faut-il s’attendre avec la reprise de la guerre ?
Après le 7 octobre, la riposte israélienne a été prudente et graduelle. Tsahal a misé sur une stratégie d’incursion : entrer, frapper, éliminer les terroristes, puis se replier. Une approche efficace dans un contexte de guérilla urbaine, qui a infligé de lourdes pertes au Hamas tout en limitant celles de l’armée israélienne.
Mais cette stratégie a ses limites.
À chaque repli de Tsahal, les terroristes ont réinvesti le terrain grâce à leurs tunnels. Gaza est devenue un champ de bataille où Israël doit intervenir encore et encore, parfois trois, quatre, cinq fois au même endroit. Et pendant ce temps, le Hamas survit. Il profite de l’aide humanitaire, la revend, engrange des fonds, recrute, finance son armée… et continue de frapper.
Aujourd’hui, le Hamas est plus faible que jamais. Gaza est en ruine. Plus de 20 000 combattants ont été éliminés, remplacés par des jeunes inexpérimentés, dont l’âge moyen ne dépasse pas 16 ans et demi. Certes, depuis la trêve, le Hamas a réussi à remobiliser des forces. Des milliers de terroristes ont repris position dans le nord de la bande de Gaza, de nouveaux commandants ont été désignés, et des tunnels ont été reconstruits. Les armes circulent, et l’organisation se réorganise.
De son côté, Tsahal, bien que très mobilisé en Judée Samarie, a repris des forces, s’est libéré du front avec le Hezbollah, et est bien plus puissant qu’en octobre 2023.
Si la guerre reprend, elle devra s’accompagner d’une nouvelle approche militaire plus agressive. Les troupes sont en état d’alerte, et une vaste opération se profile : plusieurs divisions pourraient lancer une offensive générale dans toute la bande de Gaza, avec des combats bien plus violents.
Mais pour espérer une victoire totale, Israël devra prendre le risque d’occuper militairement la bande de Gaza pour traquer le Hamas sans relâche et l’étouffer définitivement.
Pourtant, Arié, la reprise de la guerre pourrait condamner les derniers otages…
Il y a un risque car il reste une vingtaine d’otages vivants dans la bande de Gaza, censés être libérés lors de la deuxième phase. Ces otages constituent le dernier atout stratégique majeur du Hamas pour leur permettre de se maintenir au pouvoir.
Les cérémonies macabres et provocantes de libération d’otages mises en scène par le Hamas ne visent pas seulement à afficher une image de force et de résilience. Elles servent aussi à envoyer un message clair à Israël : la seule manière de récupérer ces otages passe par la négociation, et non par la guerre.
Cependant, le soutien intangible de Donald Trump offre à Israël plus de latitude pour faire face à la situation.
Il n’est pas inenvisageable qu’Israël accepte la deuxième phase du cessez-le-feu, s’engage sur un certain nombre de concessions et, une fois les otages vivants récupérés, décide de revenir sur ces engagements et reprenne la guerre.
Après tout, face à une organisation terroriste génocidaire qui ne respecte aucun accord et trahit systématiquement ses promesses, pourquoi une démocratie devrait-elle se sentir tenue par quelque engagement que ce soit ?
Alors que toute une nation pleure aux côtés de Yarden Bibas, contraint d’enterrer sa femme Shiri et ses enfants Ariel et Kfir, devenus les symboles de la cruauté absolue du terrorisme palestinien, comment Israël pourrait-il accepter que ces monstres continuent d’exister ?
C’est un dilemme, car rien n’est plus important que l’élimination du Hamas, mais rien n’est plus urgent que de ramener chaque otage auprès des siens – les vivants comme les morts.
Arié Bensemhoun
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