L'accalmie sur le front sud est toujours précaire, mais le nouvel arrangement négocié par l'intermédiaire du Qatar, devrait donner un peu de répit à la défense israélienne, du moins tant que le Hamas y trouve son compte. Mais si l'organisation islamiste palestinienne dans la Bande de Gaza se concentre pour le moment sur la gestion de la crise sanitaire, elle ne perd pas pour autant de vue sa réimplantation en Cisjordanie. Dans les territoires de Judée-Samarie sous contrôle de l'Autorité Palestinienne, la situation a évolué depuis que Mahmoud Abbas a rompu la coordination sécuritaire avec Israël à la fin du printemps et qu'il a réduit les salaires de ses policiers depuis qu'il refuse les transferts de taxe israéliens.
Tsahal et les services de sécurité intérieure israéliens, le Shin Beth, doivent désormais travailler seuls pour traquer l'activité terroriste. Car les organisations palestiniennes, attentives à la situation politique de l'Autonomie, ont vu dans l'affaiblissement de Mahmoud Abbas, l'occasion de remettre un pied dans la porte. Le Djihad islamique avait reformé un réseau dans la région de Bethléem et de Hébron, heureusement démantelé au cours de l'été par les services israéliens. Le Hamas, lui aussi, a repris ses opérations de recrutement dans les agglomérations palestiniennes. Son objectif n'est pas à ce stade de menacer le régime d'Abbas, mais de reprendre ses attaques contre Israël, par des actions nécessitant peu de logistique, mais qui peuvent avoir un impact important, comme des fusillades sur les routes de Judée-Samarie ou des enlèvements de civils ou de militaires israéliens, qui serviraient de monnaie d'échange pour la libération de terroristes palestiniens.
Ce mode opératoire est moins complexe et moins onéreux que les actions télécommandées depuis la Bande de Gaza ou depuis l'extérieur, et surtout, le Hamas n'est pas directement en violation de ses engagements de maintien du calme sur le front de Gaza. Et il ne faut pas oublier que le chef de l'Autorité Palestinienne lui-même, a renoué le contact avec la direction du Hamas, avec lequel les contacts étaient rompus depuis 2007, lorsque l'organisation islamiste s'était emparée de la Bande de Gaza. Après le projet d'extension de la souveraineté israélienne sur les implantations de Judée Samarie qui aurait dû se concrétiser le 1er juillet dernier, et surtout depuis l'annonce le 13 août dernier de la normalisation des relations entre Israël et les Emirats Arabes Unis, Mahmoud Abbas se sent de plus en plus isolé diplomatiquement et surtout lâché par ses traditionnels alliés sunnites, ou en tout cas une partie d'entre eux. Cela pourrait inciter le chef de l'Autonomie à se rapprocher de ses rivaux islamistes palestiniens, au risque d'éroder son propre pouvoir.
Les attaques de ces dernières semaines, dont celle qui a coûté la vie au rav Ohayon, restent des cas isolés. Mais les tentatives ne cessent pas. C'est donc l'action des services de sécurité israéliens, mais aussi la nouvelle propagation du Covid qui limitent la circulation des terroristes, comme celle du reste de la population palestinienne. Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz a ordonné aux forces de sécurité de poursuivre leur traque des réseaux terroristes en reformation et aussi de combler les brèches de la barrière de sécurité.
Pascale Zonszain
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.