Israël aussi est passé au stade 3 de sa lutte contre l'épidémie de Covid-19, brouillant peu à peu tous ses repères sociaux. Mais la politique israélienne elle aussi doit réagir à une situation inédite, alors qu'elle est déjà dans une situation inédite.
La Knesset tout d'abord qui va entamer aujourd'hui sa 23e législature. Les 120 députés, restrictions sanitaires oblige, devront prêter serment par groupes de dix et probablement moins, pour ne pas contrevenir aux interdictions de rassemblements de plus de dix personnes. Mais ce n'est que le premier défi du nouveau parlement israélien, qui va surtout devoir trouver le moyen de fonctionner normalement, malgré l'épidémie. Comment tenir les assemblées plénières, comment assurer le travail des commissions qui doivent encore être formées et qui constituent le pilier du pouvoir législatif ? Le système en vigueur n'autorise ni débat par vidéoconférence, ni vote à distance ou par procuration. Or, la Knesset doit impérativement reprendre son activité, au cœur de la démocratie israélienne. Sans oublier que le vote du budget de l'Etat devient plus vital que jamais.
Le pouvoir exécutif lui aussi, doit sortir de sa période de transition qui dure depuis près d'un an et demi. Dimanche, les représentants des partis élus se sont succédé chez le président de l'Etat. Ils ont été 61 à recommander le leader du parti centriste Benny Gantz pour former le prochain gouvernement. Le président, à la suite de ces consultations, a indiqué qu'il investirait formellement aujourd'hui Benny Gantz du mandat de former le gouvernement.
Reuven Rivlin a ensuite reçu à sa demande Benny Gantz et Benyamin Netanyahou pour entendre leurs propositions et leur proposer les siennes. Il espérait encore faire pression sur les deux élus pour qu'ils trouvent un compromis viable en vue d'une alliance politique.
Les options, il faut le rappeler, n'ont pas changé. Le gouvernement de minorité, envisagé par le parti centriste Bleu Blanc avec un soutien extérieur de la Liste Arabe Unifiée et du parti d'Avigdor Liberman, Israël Beitenou parait la moins réaliste, car trop fragile. D'autant plus que deux élus centristes y restent opposés.
Reste encore l'option d'un gouvernement d'union avec rotation entre le Likoud et Bleu Blanc. Le scénario que le président Rivlin avait déjà tenté, sans succès, de faire adopter par les deux partis, incapables de se mettre d'accord sur les conditions de fonctionnement.
Et enfin, dernière possibilité : celle d'un gouvernement d'urgence nationale, préconisé par le Premier ministre sortant Benyamin Netanyahou. Sur le papier, c'est le plus logique. Face à la menace croissante du coronavirus, l'exécutif doit être en mesure le plus vite possible de prendre les mesures sanitaires, mais aussi économiques et sociales qu'impose la lutte contre l'épidémie. Une telle formule serait évidemment temporaire, avec une date de péremption de quelques mois, pour ne pas installer un système d'exception dans la durée.
D'ici la formulation d'une solution politique, le gouvernement de transition dirigé par Benyamin Netanyahou continuera évidemment à fonctionner. Tous espèrent maintenant qu'il cédera la place à une coalition stable et pas à une quatrième élection.
Pascale Zonszain
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