C'est dommage: en temps normal, l'info aurait fait la une, non seulement en Israël, mais dans le monde entier. Mais pandémie oblige, les bonnes nouvelles diplomatiques sont reléguées dans les brèves. Après les Emirats Arabes Unis, c'est donc au tour de Bahreïn de confirmer une normalisation de ses relations avec Israël. Ce qui lui permettra de dépêcher un émissaire demain à la Maison Blanche pour ce qui commence à ressembler à une photo de groupe autour du président Trump.
C'est indéniablement un succès pour le président américain, même si des relations officieuses entre Jérusalem et Manama existent déjà depuis un peu plus de dix ans. Les deux pays coopèrent discrètement, mais activement, et pas seulement dans le domaine de la sécurité. C'est Bahreïn qui avait accueilli la conférence économique de juin 2019, au cours de laquelle les Etats-Unis avaient présenté la vision de l'administration Trump sur une paix économique au Proche-Orient. Bahreïn, c'est un petit pays à population majoritairement chiite, mais gouverné par des sunnites. Et c'est aussi l'Etat du Golfe qui héberge la plus importante base de la 5e Flotte américaine. Si l'opinion publique n'a pas été particulièrement enchantée par l'annonce de la normalisation des relations avec Israël, les dirigeants bahreïnis sont donc d'un tout autre avis.
C'est donc une nouvelle étape après l'accord d'Abraham conclu avec les Emirats Arabes Unis, et qui s'inscrit dans le plan américain, qui veut aussi donner à ce rapprochement une dimension religieuse, interconfessionnelle entre les religions abrahamiques, même si cette facette reste délicate à manier. En tout cas, Bahreïn a une communauté juive, qui, si elle est minuscule, à peine quelques dizaines de personnes, est relativement ancienne, puisque dans sa forme actuelle, elle remonte au 19e siècle, quand des Juifs de Bagdad étaient venus s'y installer. La Chambre Haute du Parlement comporte d'ailleurs un siège pour la communauté, et c'est même une femme juive, qui a occupé jusqu'en 2013, le poste d'ambassadeur de Bahreïn aux Etats-Unis.
Il n'y a donc pas d'hostilité à redouter de la part des dirigeants du petit royaume, qui de toute façon, et comme les Emirats Arabes Unis, n'a pas de frontière commune et donc aucun contentieux territorial avec Israël. De plus, on peut dire qu'Israël a déjà essuyé les plâtres avec Abu Dhabi, puisque c'est dans la négociation avec les Emirats, que s'est posé la question de l'abandon, ou en tout cas du report indéfini de l'extension de la souveraineté israélienne aux implantations de Judée Samarie. C'est donc l'esprit beaucoup plus libre, que Jérusalem peut avancer dans sa normalisation avec Bahreïn, qui doit encore être formalisée.
Là encore, l'Arabie Saoudite est restée dans l'ombre, partenaire silencieux, mais sans qui, ni les Emirats ni Bahreïn n'auraient avancé vers Israël. Officiellement, Ryad n'est pas concerné, mais laisse ses voisins avancer les premiers. Le prochain sur la liste pourrait être le sultanat d'Oman. Et il ne faut pas oublier le Qatar. Sur le papier, il reste l'allié de l'Iran. Mais il compte sur son travail de médiateur à Gaza entre Israël et le Hamas pour rentrer dans les bonnes grâces de Washington.
Pascale Zonszain
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