Faut-il craindre un rapprochement inter-palestinien après la nouvelle avancée diplomatique entre Israël et les pays du Golfe ? Alors que le front arabo-musulman de soutien inconditionnel aux Palestiniens n'est plus qu'un souvenir, le chef de l'Autorité Palestinienne tente au moins de resserrer les rangs à l'intérieur. Depuis l'annonce à la mi-août, de la normalisation des relations entre Israël et les Emirats Arabes Unis, Mahmoud Abbas avait commencé à sonner le tocsin. Au début du mois, un nouveau sommet virtuel a réuni, via internet, le président de l'Autorité Palestinienne à Ramallah et le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh à Beyrouth. Abbas a évoqué la tenue d'élections législatives et présidentielles comme moyen de parvenir à une réconciliation nationale et unifier la position de l'ensemble des organisations palestiniennes.
Le leader du Hamas, quant à lui, a rappelé que la réconciliation inter-palestinienne ne se réaliserait qu'après l'annulation des accords d'Oslo, et rejette évidemment toute forme de normalisation entre Israël et les pays de la région. Haniyeh était aussi venu dans la capitale libanaise pour s'assurer du soutien du Hezbollah et de son chef Hassan Nasrallah et resserrer les liens entre leurs organisations.
Les tirs de roquettes de mardi soir contre les localités israéliennes de l'ouest du Néguev étaient, dans une certaine mesure, prévisibles. On se souvient de la cérémonie d'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem en mai 2018. Le Hamas avait réussi à transformer l'événement en concentrant l'attention des médias du monde entier sur les émeutes qu'il avait organisées sur la barrière de sécurité de la Bande de Gaza, face aux soldats de Tsahal. Les roquettes lancées sur Ashkelon et Ashdod en plein discours du ministre émirati des Affaires étrangères à la Maison Blanche, avaient évidemment le même objectif.
Que l'attaque ait été le fait du Hamas ou du Jihad islamique ne fait pas vraiment de différence. C'est aussi un message en direction de l'Iran, qu'il peut compter sur une base de soutien dans le territoire palestinien, si l'Iran est le dernier pays musulman à soutenir les Palestiniens. L'organisation islamiste palestinienne qui avait pourtant conclu une nouvelle trêve avec Israël, a clairement violé ses engagements de cesser tout nouveau bombardement. Le Hamas a fait le pari qu'Israël n'entrerait pas dans une escalade, au moment de signer la paix avec Bahreïn et les Emirats et se contenterait d'une riposte modérée. Les faits lui ont donné raison.
La marge de manœuvre de Mahmoud Abbas en Cisjordanie est plus complexe. Il continue de disqualifier le plan proposé par Donald Trump pour lui préférer un processus international dans le cadre de l'ONU, avec le soutien actif des Européens. Sauf que le chef de l'Autorité Palestinienne a de plus en plus de mal à faire justifier son irrédentisme, quand face à lui, le chef de la Maison Blanche peut afficher des résultats concrets, y compris le report sine die de l'extension de la souveraineté israélienne sur les implantations de Judée-Samarie.
Pascale Zonszain
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