La semaine israélienne s'était terminée sur la question non résolue des manifestations. C'est avec la même question que s'ouvre la nouvelle. Vendredi, la commission des lois de la Knesset s'était séparée sans avoir réussi à présenter le nouvel amendement à la loi Covid, qui devait réglementer la tenue de manifestations, conformément au nouveau format de confinement qui est entré en vigueur le même jour.
Samedi soir, les différents groupes contestataires s'étaient retrouvés près de la résidence du Premier ministre à Jérusalem, pour le rassemblement hebdomadaire qui se tient désormais depuis treize semaines. Tous ne sont d'ailleurs pas d'accord sur la conduite à tenir. Certains estiment qu'il faut suspendre le mouvement jusqu'à la fin du confinement, prévue pour le 11 octobre. D'autres en revanche, considèrent qu'il faut continuer coûte que coûte, comme la loi les y autorise jusqu'à présent. D'autres encore préconisent un format réduit, relayé par les réseaux sociaux, pour que les connexions sur les vidéos et retransmissions en direct remplacent la présence physique.
Cet engouement autour de la question de la poursuite de la contestation, est à la fois un épiphénomène et au cœur de la crise. Les messages des manifestants qui réclament le départ de Benyamin Netanyahou, ne sont pas vraiment homogènes. Ils sont mus par l'activisme d'une gauche extra-parlementaire, mais aussi par des mouvements citoyens anti-corruption. On y retrouve également des activistes qui ont déjà fait campagne sur des questions sociales, comme le coût de la vie ou la crise du logement, l'écologie ou l'exploitation des gisements de gaz. Parmi eux aussi des artistes de rue, qui s'angoissent pour l'avenir de la culture et du spectacle vivant en Israël.
Difficile donc de se retrouver dans ces multiples expressions et surtout de leur trouver un point commun, au-delà de la contestation contre Benyamin Netanyahou. Car sans projet commun, ni encadrement politique, leur seul dénominateur commun n'est pas suffisant pour en faire un mouvement véritablement cohérent. Cela dit, d'autres contestations, ailleurs, ont débuté par des manifestations de ce genre, pour évoluer vers de véritables crises de régime. En Israël en revanche, jamais jusqu'à présent, des manifestations n'ont contraint un gouvernement à la démission.
Le fait que les manifestations à caractère plus clairement socio-économique, telles qu'on en avait vues ce printemps, lors du premier déconfinement, ne se soient pratiquement plus produites au cours des deux derniers mois, marquent aussi les limites du mouvement actuel. Si les sondages montrent que la cote de satisfaction du gouvernement pour sa gestion de la crise sanitaire est en recul constant, le public reste majoritairement spectateur. Et il attend les résultats du nouveau confinement.
Pascale Zonszain
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