Il y a vingt ans, Israël entrait dans une drôle de guerre. La seconde intifada avait commencé officiellement fin septembre 2000. En réalité, le pays l'attendait depuis plusieurs mois. L'échec des négociations avec les Palestiniens avait été le réel point de départ. Les pourparlers dans le cadre des accords d'Oslo, auraient dû déboucher sur la création d'un Etat palestinien en 1999. Les mois qui ont suivi n'ont été qu'un sursis. En juillet 2000, le président américain Bill Clinton convoque le Premier ministre israélien Ehud Barak et le chef de l'Autorité Palestinienne Yasser Arafat pour la réunion de la dernière chance. Les deux équipes de négociateurs, sous la tutelle des Américains se retrouvent à Camp David. Le 25 juillet, Arafat claque la porte. Et le compte à rebours commence.
Dans les territoires palestiniens, les appels à la violence se multiplient, de la part de toutes les organisations, encouragées et orchestrées par Arafat lui-même, qui pense qu'il obtiendra plus des Israéliens par la force que par le dialogue et qu'une riposte militaire israélienne lui garantira un soutien international. La tension est de plus en plus palpable, mais les forces de sécurité israéliennes ont ordre de ne pas jeter d'huile sur le feu. Le gouvernement espère encore pouvoir éviter le pire.
Le 29 septembre 2000, Ariel Sharon, alors chef de l'opposition, se rend en visite sur le Mont du Temple, escorté d'un bataillon de journalistes. L'ancien général sait parfaitement que sa visite va mettre le feu aux poudres, mais il pense que dans cette confrontation désormais inévitable, Israël doit prendre l'initiative et en quelque sorte tirer le premier. Les accrochages commencent entre les activistes musulmans et la police. Le lendemain, c'est la prière du vendredi, qui coïncide avec la veille de Rosh Hashana. Sur le Mont du Temple, cette fois c'est l'émeute. Les policiers sont rapidement dépassés. Ils ne reprendront le contrôle du site qu'après plusieurs heures d'affrontements. La seconde intifada vient de commencer.
La fièvre monte très vite. Le lendemain, c'est à Gaza que la situation dérape avec l'émeute au carrefour Netzarim. Les images du petit Mohammed Al Dura, blessé dans les bras de son père, font le tour du monde en quelques heures. Tsahal présente ses excuses avant même de vérifier les faits. Tous les ingrédients sont réunis pour déclencher l'explosion, qui se propage des territoires palestiniens aux communautés arabes israéliennes, où la répression des émeutes par la police fera treize morts. Il aura suffi de trois jours pour que tout bascule.
On connait la suite. C'est la pire vague d'attentats suicide qu'Israël ait connue et qui fera plus d'un millier de morts. Les attaques se poursuivront jusqu'en 2005, même si l'opération Rempart lancée par Tsahal en 2002 et son retour à l'intérieur des agglomérations palestiniennes a permis de contenir le flux des attentats et de démanteler l'essentiel des réseaux terroristes. L'édification de la barrière de sécurité, première frontière physique entre les frontières de 49 et la Judée Samarie a également contribué à freiner le passage des kamikazes. Mais entre Israéliens et Palestiniens, la rupture était consommée. Et le mirage de la paix des années 90 s'est éloigné pour longtemps.
Pascale Zonszain
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