Difficile de sortir du confinement

Israël.

Difficile de sortir du confinement
(Crédit: Haïm Zach/GPO)

Il aura fallu de longues heures aux ministres du cabinet Covid, mardi après-midi, pour se mettre d'accord sur la tenue de leur réunion. La séance était pourtant prévue et annoncée depuis plus d'une semaine et elle était d'autant plus attendue, qu'elle devait autoriser les premières mesures de déconfinement. Et pourtant, deux heures avant le début de la réunion, rien ne va plus. Les résultats des trois semaines de confinement, s'ils sont très encourageants, sont pourtant encore supérieurs aux objectifs, avec plus de 3 000 nouveaux cas quotidiens, alors que les autorités sanitaires avaient fixé le seuil de 2 000 pour un début de déconfinement.

Deux conceptions s'opposent: celle suivie par le Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui estime que les chiffres cliniques doivent primer sur toute autre considération et qu'il ne faut pas relancer trop vite l'activité du pays si cela implique une nouvelle flambée épidémique. L'autre approche est celle du ministère des Finances et aussi des ministres centristes du gouvernement, qui estiment que chaque jour qui passe sans une relance contrôlée de l'activité, risque de tuer l'économie israélienne.

A ces divergences s'ajoute encore un facteur : celui des localités ultra-orthodoxes, qui restent le principal foyer d'infection. En trois semaines de confinement, le nombre de villes rouges, où l'incidence est la plus élevée est retombée de 200 à 27. Seulement il s'agit quasi exclusivement d'agglomérations à population majoritairement ultra-orthodoxe. Ce qui veut dire qu'en toute logique, il faudrait envisager un système différentiel, qui rouvrirait l'activité dans les villes où le virus a suffisamment reculé et qui maintiendrait le confinement dans les autres. Mais alors, il faudra affronter les élus des partis orthodoxes, qui voudront défendre leur public et refuseront toute forme de discrimination.

C'est ce verrou politico-sanitaire, que le gouvernement peine à faire sauter et qui explique cette quasi paralysie du processus de décision. Sans compter la question des manifestations, qui empoisonne le débat. L'instauration de l'état d'urgence spécial approuvé fin septembre, avait suspendu provisoirement la tenue de rassemblements de masse, mais la contestation ne s'était pas arrêtée pour autant. Les manifestations s'étaient tenues pour la plupart en capacité réduite de quelques dizaines de personnes en bord de route ou sur les ponts d'autoroute, ce qui avait eu pour effet de démultiplier le phénomène.

Ces allers-retours incessants de la direction politique usent la patience du public israélien, qui a l'impression que rien ne bouge, ou en tout cas pas assez vite. Il faut rapidement des perspectives claires sur le redémarrage progressif de l'économie et sur la réouverture des établissements scolaires. Pour que le pays puisse fonctionner, il faut que les parents puissent travailler en sachant que leurs enfants ne perdront pas une nouvelle année d'études. Plus que jamais, il faut rétablir la confiance entre le gouvernement et le public israéliens.

Pascale Zonszain

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