L'élection américaine et les questions du Proche-Orient

Israël.

L'élection américaine et les questions du Proche-Orient
(Crédit: DR)

En Israël, on attend la réponse à deux questions déterminantes. L'identité du vainqueur de la présidentielle américaine, et la ligne diplomatique que fixera le prochain chef de la Maison Blanche concernant le Proche-Orient. Plus le temps passe, et plus le dossier proche-oriental risque de passer en arrière-plan des priorités américaines, car le président des Etats-Unis devra se concentrer d'abord sur les affaires intérieures et restaurer la confiance de ses citoyens.

Ceci étant posé, que Donald Trump conserve son fauteuil dans le Bureau Ovale, ou qu'il laisse la place à Joe Biden, les enjeux proche-orientaux seront les mêmes, quel que soit le président et quelle que soit la réponse qu'il y donnera.

On a déjà évoqué ici le dossier du règlement du conflit israélo-palestinien et des attentes de Ramallah. Si c'est un président démocrate qui prend le relais, il reviendra probablement au modèle suivi par ses prédécesseurs Clinton et Obama : réactivation de la solution à deux Etats, reprise de l'aide financière à l'Autorité Palestinienne, et blocage de tout projet d'annexion israélienne des implantations de Judée Samarie.

 Mais il y a aussi un autre dossier, encore plus pressant : celui de l'Iran. Donald Trump avait retiré les Etats-Unis de l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien. Il avait rétabli les sanctions américaines contre l'Iran, mais aussi assuré qu'il proposerait un autre accord pour freiner les ambitions iraniennes. Deux ans plus tard, le président républicain n'a pas présenté d'alternative, et en attendant, l'accord de Vienne continue à fonctionner et notamment la levée de l'embargo international sur les armes que Washington n'a pas pu empêcher. Joe Biden a assuré de son côté qu'il voulait lui aussi empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, mais qu'il valait mieux le faire par la négociation. Il pourrait donc réintégrer les Etats-Unis dans l'accord de Vienne. Mais si Donald Trump est finalement réélu, personne ne peut dire comment il entend contrer la menace iranienne.

Et cela n'inquiète pas seulement Israël, mais aussi les Etats arabes sunnites, qui craignent d'être lâchés par leur allié américain. Malgré sa fermeté dans le ton, le président républicain n'avait pas riposté aux attaques lancées par l'Iran et ses milices contre des objectifs saoudiens, notamment dans le détroit d'Ormuz. Quant à l'arrivée à la Maison Blanche d'un président démocrate, cela pourrait signifier un retour à une approche moins favorable de l'alliance sunnite. Il pourrait en effet se montrer plus pointilleux sur le respect des droits de l'homme par ces régimes autoritaires. L'Arabie Saoudite pourrait en faire les frais, tout comme l'Egypte. Le président égyptien al Sissi n'a pas oublié que le président Obama lui préférait les Frères Musulmans et avait gelé l'aide américaine à son pays, alors qu'il luttait contre Daech dans le Sinaï.

Un revirement américain dans la région aurait évidemment des répercussions pour Israël. Les régimes sunnites qui n'ont pas encore normalisé leurs relations avec Israël pourraient en effet reconsidérer leurs priorités et chercher un arrangement avec l'Iran ou même se tourner vers un autre protecteur. Beaucoup de questions en suspens donc, et qui ne se règleront pas forcément avec l'investiture du prochain président américain.

Pascale Zonszain

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