L'étrange rapprochement d'un député arabe israélien avec le Likoud

Israël.

L'étrange rapprochement d'un député arabe israélien avec le Likoud
(Crédit: Capture d'écran Twitter)

Mansour Abbas, le chef du parti Raam fait beaucoup parler de lui. Le député islamiste israélien semble en effet prêt à briser un tabou : coopérer avec un gouvernement de droite. Depuis la tribune de la Knesset, il interpelle Benyamin Netanyahou en déclarant qu'un "Premier ministre capable de conclure tous les deux jours un traité de paix avec un Etat arabe, doit être en mesure de régler les problèmes de la société arabe israélienne". Un discours qui dénote avec la ligne traditionnelle d'opposition ouverte des élus arabes à tout parti sioniste et en particulier de droite.

En début de semaine, Mansour Abbas a encore adopté un ton conciliant pour accueillir le chef du gouvernement à la commission parlementaire qui discutait d'un plan de lutte contre la violence pour la minorité arabe. Chez les autres partis qui forment la Liste Arabe Unifiée, on fulmine : soit Abbas vend son âme, soit il ne comprend pas qu'il est en train de se faire manipuler. Et plusieurs rumeurs circulent : le chef du parti Raam serait prêt à un marché avec le chef du Likoud. Si Netanyahou prend des mesures concrètes pour traiter les problèmes récurrents qui plombent la minorité arabe israélienne : construction sauvage, violence et  légalisation des localités bédouines du Néguev, Mansour Abbas s'engagerait en échange à faire voter les 4 élus de son parti en faveur du Likoud sur certains textes de loi défendus par la coalition.

Le parti Raam est l'expression politique du Mouvement islamique israélien, et plus précisément de sa faction sud, puisque la faction nord, dirigée par le Sheikh Raed Salah, proche du Hamas palestinien, a été déclarée hors-la-loi depuis plusieurs années. Il s'agit donc bien d'un parti islamiste et on a même vu son leader, Mansour Abbas, manifester le mois dernier contre Emmanuel Macron et les caricatures du Prophète, devant l'ambassade de France à Tel Aviv.

Il ne s'agit donc pas d'un parti libéral ni progressiste. Et Raam, pas plus que les autres partis arabes israéliens, n'a l'intention de reconnaitre le sionisme. Leur position constante est celle du nationalisme arabe et de l'identification aux Palestiniens.  Une seule fois, en 1992, ils avaient accepté une coopération avec le gouvernement. Le Premier ministre Itzhak Rabin avait décidé d'un important plan de développement pour le secteur arabe. En échange, les députés arabes avaient accepté de soutenir son gouvernement à la Knesset.

C'est donc ce que tente de reproduire Mansour Abbas, qui estime que le pragmatisme peut le servir. Aujourd'hui pourtant, la minorité arabe israélienne, en tout cas en partie, serait disposée à voir ses élus s'engager plus activement, car elle ne voit pas l'avantage d'avoir quinze députés sur les 120 que compte le Parlement israélien, si ce n'est pas pour améliorer sa situation socio-économique.

Reste que la plupart de ces députés arabes ne sont pas prêts à sauter le pas et que si le chef du parti Raam s'entête, cela pourrait signifier l'explosion de la Liste Arabe Unifiée. Exactement ce que les adversaires de la position de Mansour Abbas définissent comme la manœuvre de Benyamin Netanyahou pour neutraliser l'influence des députés arabes à la Knesset.

Pascale Zonszain

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