En Israël, c'est au mois de février qu'on a commencé à s'inquiéter du virus venu de Chine et qui frappait déjà de nombreux pays. L'épidémie pourtant semblait encore lointaine, mais peu à peu, des touristes coréens, et des voyageurs de retour de l'étranger faisaient entrer le coronavirus dans le pays. En quelques semaines, le virus s'était installé et il était clair que la mise en isolement des cas contact ne suffirait plus à l'enrayer.
Début mars, les élections législatives ont lieu à l'ombre du coronavirus. Quelques jours plus tard, les premières limitations sont mises en place avec des restrictions sur les attroupements et la fermeture des commerces. Le 25 mars, le premier confinement entre en vigueur et Israël ferme ses frontières, alors que le pays recense environ 5 000 cas. Le 8 avril, veille de Pessah, les Israéliens sont cloitrés chez eux, avec interdiction absolue de réunir parents et amis pour le traditionnel repas de Séder. Avec les synagogues déjà fermées, c'est la première fois qu'en Israël, des Juifs ne peuvent pas exercer leur culte librement.
Mais le confinement fonctionne. La courbe d'infection s'inverse rapidement, et le gouvernement annonce les premières mesures d'allègement dès la fin avril. Seulement, le pays a crié victoire trop vite, et le déconfinement trop rapide, fait repartir l'épidémie dès la fin du mois de juin. Il faut recruter un responsable chargé de centraliser la lutte contre la crise sanitaire, mais ce n'est qu'à la fin du mois de juillet que le Professeur Roni Gamzu est mandaté par le gouvernement. Le médecin propose un plan destiné à adapter localement les mesures sanitaires en fonction du niveau de contamination. Mais son programme se heurte à l'opposition politique, alors que les populations juives ultra-orthodoxes et arabes israéliennes sont les plus touchées. Et à la mi-septembre, le nombre de nouveaux cas dépasse les 10.000 par jour, contraignant le gouvernement à imposer un second confinement.
Depuis un peu plus d'un mois, Israël sort progressivement de ce second confinement. Seuls les élèves de maternelle et des classes élémentaires ont été autorisés à retourner en classe. Les commerces de rue ont repris leur activité, du moins ceux qui étaient encore en mesure de le faire. Les secteurs du tourisme, de la restauration, de la culture et d'autres attendent toujours de reprendre le travail. Le taux de chômage atteint les 24%. Et de nouveaux signes de reprise de l'épidémie avec un R zéro qui se rapproche du 1, ravivent les inquiétudes des responsables sanitaires qui recommandent de freiner la poursuite du déconfinement, alors qu'Israël vient de franchir le seuil des 2 700 victimes et près de 11 000 malades actifs sur les quelque 320 000 atteints depuis le début de l'épidémie.
On évoque la mise en place d'un couvre-feu pour les localités les plus touchées. Mais les signaux économiques obligent aussi à chercher des compromis pour ne pas geler de nouveau l'activité du pays. C'est donc maintenant un nouveau commissaire au Covid qui prend le relais. Pour le Professeur Nachman Ash, c'est une mission ingrate qui commence : endiguer l'épidémie pour éviter un troisième confinement, concilier les impératifs sanitaires et économiques et trouver le moyen de rétablir la confiance du public, et sa patience nécessaire jusqu'à ce que le vaccin arrive enfin.
Pascale Zonszain
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