Tous les ingrédients sont réunis pour des élections législatives anticipées pour la fin février ou le début du mois de mars. Mais on a déjà vu par le passé des revirements de dernière minute, et des coalitions données pour mortes, survivre encore durant des mois.
Ce qui va se passer aujourd'hui à la Knesset, dépend en grande partie de ce que voudra le parti Bleu Blanc de Benny Gantz. Le ministre de la Défense et Premier ministre suppléant peut décider que le temps est venu de rompre l'alliance avec le Likoud, de dissoudre la Knesset et de renvoyer le pays aux urnes. Quoique sur le plan tactique, il aurait plutôt intérêt à gagner encore du temps et à utiliser un sursis supplémentaire pour retrouver une forme de légitimité politique, qui lui donnerait une chance de reconquérir une partie de son électorat déçu.
On se souvient que pour entrer au gouvernement, Benny Gantz avait divorcé d'avec ses partenaires centristes. La liste centriste Bleu Blanc comportait au départ 4 partis, celui de Gantz – Bleu Blanc -, celui de Yaïr Lapid – Yesh Atid – et deux autres petites formations, dont celle de Moshe Yaalon. La séparation avait renvoyé Lapid et Yaalon dans l'opposition avec un total de 17 élus, tandis que Benny Gantz entrait donc dans la majorité avec son groupe de 14 députés, plus deux du groupe Derech Eretz. Il est important de rappeler ce découpage, car pour les électeurs de cette constellation de groupes centristes, qui avaient pourtant envoyé 36 députés à la Knesset, beaucoup n'ont pas pardonné à Benny Gantz d'avoir scindé le bloc centriste, qui s'était engagé à ne pas siéger avec Benyamin Netanyahou. En tout cas, si l'on en juge par le recul constant de Bleu Blanc dans les sondages.
Benyamin Netanyahou de son côté, sait parfaitement lire la carte politique et n'en est pas à sa première manœuvre. Il peut encore convaincre Benny Gantz de renoncer à la dissolution de la Knesset. Et le leader centriste peut quant à lui, utiliser la menace de dissolution du parlement comme moyen de pression sur le chef du Likoud, pour obtenir un compromis qui lui soit plus favorable.
La proposition de loi de dissolution de la Knesset qui doit être présentée aujourd'hui en lecture préliminaire, est une loi ordinaire. Cela veut dire que, pour être adoptée, elle devra encore passer trois votes supplémentaires. Le calendrier de ces votes est déterminé par la commission des Lois, qui est justement présidée par un député Bleu Blanc. Il peut décider que les 3 autres lectures auront lieu le même jour, mais il peut aussi les fixer à la semaine suivante, ce qui laissera à Benny Gantz un délai pour négocier avec Benyamin Netanyahou.
Mais ce jeu peut se révéler périlleux pour le dirigeant centriste, car c'est un fusil à un seul coup. S'il n'obtient pas un résultat satisfaisant, il redeviendra totalement dépendant du bon vouloir du Premier ministre Likoud. Et si Gantz et Netanyahou ne parviennent pas à un accord sur le vote du budget 2020 avant le 23 décembre, le parlement sera de toute façon, automatiquement dissous. La marge de manœuvre est donc plus qu'étroite, et c'est encore Benyamin Netanyahou qui semble détenir le plus d'atouts dans son jeu.
Pascale Zonszain
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