Tout le monde est d'accord. Des élections législatives dans les mois qui viennent sont une très mauvaise nouvelle pour Israël et son économie. Non seulement, elles vont coûter des milliards aux caisses publiques, mais elles vont repousser encore de plusieurs mois le vote du Budget de l'Etat, paralysant du même coup toute mise en place d'un plan de relance de l'économie.
Et pourtant, il semble de moins en moins réaliste de pouvoir sortir de la crise politique en cours, sans passer par la case élections anticipées. Mais même ce parcours-là est semé d'embûches. Personne ne fait plus rien pour renouer les liens rompus entre les partenaires de la coalition. Les ministres Likoud et Bleu Blanc ne coopèrent plus que dans le cadre de la lutte contre l'épidémie, et encore les réunions du cabinet Covid sont aussi l'occasion de tensions et de divergences.
Sur la question toujours non réglée du Budget, Benny Gantz a eu dimanche une réunion de travail avec son collègue Likoud des Finances. Israël Katz était accompagné des hauts fonctionnaires de son ministère qui ont présenté au leader de Bleu Blanc un certain nombre de données techniques et lui ont indiqué que la Loi de Finances 2021 pourrait être adoptée d'ici la fin du mois de mars. On sait par ailleurs que sans le vote du Budget 2020 avant le 23 décembre, la Knesset sera automatiquement dissoute et des élections législatives convoquées dans les 90 jours suivants.
Puisqu'apparemment plus personne ne croit possible de voter le budget de l'année dans les jours qui viennent, celui de 2021 parait encore plus inaccessible. Ce qui ramène donc à la proposition de loi de dissolution du parlement, adoptée la semaine dernière en lecture préliminaire, grâce au soutien du parti Bleu Blanc, qui a voté avec l'opposition. Et hier, le parti centriste a marqué un nouveau point en gardant le contrôle du calendrier politique. Le Likoud voulait que les travaux de préparation du texte de loi avant les trois prochaines lectures, passent de la commission parlementaire présidée par un député Bleu Blanc, à une commission dirigée par un élu du Likoud. Mais la manœuvre a échoué, les représentants du Likoud et des partis orthodoxes ont boycotté le vote, et le parti centriste a pu maintenir la procédure sous sa direction.
Ce qui veut dire que le parti de Benny Gantz va décider quand le texte reviendra devant l'assemblée plénière, mais aussi quelle sera la date des élections qui figurera dans la loi. Le Premier ministre suppléant, comme les partis d'opposition veulent que les élections législatives aient lieu au plus tôt, si possible fin février ou début mars. Tant que la crise sanitaire persiste et qu'un troisième confinement est possible, cela aura des effets négatifs pour le Likoud, qui risque d'y perdre des suffrages. Benyamin Netanyahou a déjà vu comment sa cote de popularité dans l'opinion chutait durant les confinements.
En revanche, le Premier ministre conservateur sait qu'il peut compter sur l'effet inverse, si les élections peuvent avoir lieu après la première campagne de vaccination et un début de retour à la normale. Ce qui veut dire au plus tôt au mois de mai prochain. Mais si le budget de l'Etat, même pour 2020, n'est pas voté dans les quinze jours qui viennent, ces calculs n'auront plus d'importance. Et les élections seront pour le mois de mars.
Pascale Zonszain
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