Le dialogue semble devenu impossible entre Benyamin Netanyahou et Benny Gantz, même si la logique serait pour eux de trouver un compromis. Le patron du Likoud parce qu'un bloc alternatif est en train de se mettre en place à droite. Et le leader du parti centriste, parce que sa chute continue dans les intentions de vote.
Concrètement, il est déjà trop tard pour voter le budget de l'Etat, qui n'a été présenté ni au gouvernement, ni à la Knesset. Et pour repousser l'échéance, qui entrainera la dissolution automatique du parlement le 23 décembre à minuit, il faudrait que les deux partenaires de la coalition surmontent un obstacle majeur : le ministre de la Justice. C'est le député Bleu Blanc Avi Niesenkorn qui détient le portefeuille, devenu un enjeu critique, puisque c'est lui qui aura un rôle déterminant dans la nomination du prochain conseiller juridique du gouvernement et de plusieurs juges à la Cour Suprême. Le Likoud estime que le ministre est trop favorable à la judiciarisation de la politique israélienne, alors que Bleu Blanc considère au contraire qu'il doit défendre l'indépendance du pouvoir judiciaire pour préserver la démocratie. Ces deux conceptions s'opposaient déjà quand les deux partis avaient conclu en mai leur accord de coalition. Elles sont devenues le cœur de leurs divergences depuis que leurs relations se sont dégradées. Benyamin Netanyahou serait disposé à remettre la coalition sur les rails en échange du ministère de la Justice. Benny Gantz ne veut pas en entendre parler, estimant que s'il cède encore sur ce dernier point, il signera l'arrêt de mort de son parti.
Et pendant que les deux leaders se tournent le dos, le reste de la classe politique avance ses pions, en prévision des élections. Et tout est en train de se jouer à droite. L'entrée en lice de Gideon Sa'ar, qui a quitté le Likoud pour former son propre parti et se présenter aux législatives face à Benyamin Netanyahou, est en train de rebattre les cartes. Il vient de débaucher la députée Likoud Yifat Shasha-Biton, qui avait rejoint les bancs du Likoud et qui va maintenant occuper la place de numéro deux sur la liste de Saar. La députée qui préside la commission parlementaire chargée du dossier du Covid, a acquis en quelques mois une forte notoriété, en remettant en question de nombreuses décisions du gouvernement dans sa gestion de la crise sanitaire. Ce ralliement hisse le parti de Gideon Saar en deuxième place, juste derrière le Likoud, avec respectivement 21 et 27 sièges dans les intentions de vote.
Une configuration qui inquiète le parti de Netanyahou, mais aussi les autres formations de droite et du centre, qui sont en train de voir leur base électorale grignotée par le transfuge du Likoud. Ainsi, Naftali Bennett, qui il y a encore un mois, était donné comme le candidat le mieux placé pour ravir la tête du gouvernement à Benyamin Netanyahou, se retrouve relégué en quatrième place, derrière Saar et le centriste laïc Yaïr Lapid. Et aucun d'eux ne semble tenté par la formule proposée par Avigdor Liberman, le leader du parti russophone Israël Beitenou, qui leur a suggéré de faire la course électorale ensemble, contre Benyamin Netanyahou et de former une "coalition sioniste libérale", autrement dit sans les partis orthodoxes. Même si la proposition n'a guère de chance d'aboutir, elle confirme en tout cas que la classe politique israélienne a désormais mis le cap sur les élections.
Pascale Zonszain
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