Quelles différences y a-t-il entre Benyamin Netanyahou, Gideon Saar et Naftali Bennett ? On pourrait d'ailleurs inclure d'autres noms dans la devinette, tant les similarités entre les principales personnalités politiques, brouillent la lecture de la carte politique israélienne. La droitisation progressive de l'électorat israélien s'est amorcé depuis maintenant une vingtaine d'années. Elle a commencé avec l'échec du processus de paix israélo-palestinien, au début des années 2000.
Le clivage traditionnel gauche-droite, qui s'articulait autour du dossier palestinien, a peu à peu perdu de son sens. Le pic de violence terroriste de la deuxième intifada a écarté cette définition des paramètres politiques, qui se sont recentrés sur des enjeux intérieurs. La libéralisation économique du pays, amorcée avec le parti Travailliste au début des années 90, a continué sous le premier gouvernement Netanyahou et au début de la décennie suivante, quand Benyamin Netanyahou est devenu le ministre des Finances du gouvernement Sharon. La prospérité économique et le faible taux de chômage ont installé une classe moyenne, qui n'entendait pas vraiment, du côté des partis de gauche, la proposition d'un autre modèle politique qui soit une alternative intéressante.
Quant aux partis sectoriels, leur positionnement, par définition, est celui qui défend les intérêts de leur base électorale, et qui leur permet de servir de soutien aux partis dominants, pour former une coalition. Et leurs publics ont eux aussi évolué vers une posture plus conservatrice, compatible avec le Likoud, qu'il s'agisse des partis orthodoxes, ou du parti des immigrants de l'ex-Union Soviétique, Israël Beitenou, créé à la fin des années 90 par Avigdor Liberman, ancien chef de cabinet de Benyamin Netanyahou. Même si depuis, ils sont devenus adversaires. Il en va de même pour le courant sioniste religieux, représenté principalement par le Parti National Religieux, devenu le Foyer Juif et qui alterne des alliances avec de petites formations plus nationaliste ou plus religieuses. Mais ce parti non plus, ne sort jamais de la catégorie des petits partis.
Il reste le centre, dont on a déjà vu qu'il n'est jamais parvenu à maintenir une représentation politique à long terme. Aujourd'hui, c'est le parti Bleu Blanc de Benny Gantz qui achève de se désintégrer. Ce qui va permettre au parti laïc de son ancien allié Yaïr Lapid de retrouver quelques forces, mais pas assez pour reformer une alternative politique au Likoud, comme parti de gouvernement.
C'est donc à droite que se détermine l'enjeu du pouvoir. Le Likoud reste le seul grand parti sur la carte politique israélienne. Personne n'a réussi à y remettre en jeu la direction de Benyamin Netanyahou. Gideon Saar a préféré en sortir pour tenter sa chance. Naftali Bennett lui, a choisi de ne jamais y entrer. Pourtant, les opinions de l'ancien député Likoud et de l'ancien leader du parti sioniste religieux sont quasiment identiques à celles de Netanyahou, voire plus conservatrices, notamment sur le dossier diplomatique.
Avigdor Liberman a proposé à ses collègues de droite et de centre-droite de former un bloc qui pourrait rivaliser avec celui de Netanyahou. Une chose est sure: en Israël, l'alternance droite-gauche n'est plus à l'ordre du jour.
Pascale Zonszain
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