Les ultra-orthodoxes, Israël et l'épidémie

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Les ultra-orthodoxes, Israël et l'épidémie
Les orthodoxes juifs fortement touchés par le coronavirus (Crédit: DR)

Le coronavirus ne fait pas de distinction entre les personnes qu'il infecte. Et pourtant, la communauté juive ultra-orthodoxe est l'une des plus durement touchées par l'épidémie. Mais ce n'est pas un hasard si Jérusalem et Bnei Brak, deux villes à forte population harédite, sont les deux agglomérations d'Israël qui comptent le plus de cas d'infection.

En Israël, les ultra-orthodoxes qui représentent environ un million de personnes, sont un des secteurs les plus pauvres de la société. Pour préserver leur mode de vie, ils résident dans des communautés fermées, qu'il s'agisse de quartiers ou de communes quasi-exclusivement peuplées d'ultra-orthodoxes. Si cette société comprend des courants différents, elle a pour point commun de considérer ses rabbins et guides spirituels comme les autorités de référence, auprès de qui elle prend ses directives, que ce soit pour les actes de la vie quotidienne, les questions juridiques, éthiques ou même politiques.

Aujourd'hui, de plus en plus d'ultra-orthodoxes s'adaptent au monde moderne, tout en maintenant un strict respect des traditions. Ces harédim modernes, comme on les appelle, sont de plus en plus nombreux à travailler, mais aussi à reconnaitre l'Etat d'Israël. Ils sont connectés à internet, ont des téléphones portables, mais avec un certain nombre de restrictions, pour ne pas se mettre en infraction avec la halacha, en particulier sur ce qui touche au Shabbat ou aux règles de modestie. Ce qui signifie qu'ils n'ont pas nécessairement accès aux informations diffusées sur les sites ou les réseaux sociaux, et encore moins par la télévision, qu'ils ne regardent pas.

De surcroit, en ce qui concerne des mesures aussi drastiques que la fermeture des synagogues et des yechivot, ou même l'interdiction des rassemblements pour des événements tels que mariages ou enterrements, il est évident que la seule autorité que les ultra-orthodoxes seront prêts à entendre, est celle de leurs rabbins. Au début du mois de mars, quand les premières consignes de confinement et de distance de sécurité ont été imposées, les ultra-orthodoxes ont refusé de les suivre, pour la simple raison que leurs chefs spirituels, et en particulier le leader du courant lituanien, le rav Kaniewski, avaient affirmé que l'étude devait être la seule priorité.

Bien que le ministre de la Santé, Yaakov Litzman, appartienne lui-même au courant harédi, il n'a pas réussi à convaincre la direction religieuse de faire passer la consigne. Il a fallu que les cas de contamination se multiplient pour que la prise de conscience s'opère et que le rav Kaniewski décrète finalement que la menace était réelle et que tout Juif qui ne respecterait pas les consignes sanitaires se mettrait lui-même en infraction grave avec la halacha.

De leur côté, les autorités publiques ont également compris qu'elles devaient changer d'approche. A la fois sur le mode de communication, et sur les moyens de suivre et de diagnostiquer une population qui souvent ne peut se déplacer qu'en transport en commun, n'a pas la technologie pour recevoir des messages ou être surveillée, et dont les familles nombreuses vivent dans des appartements trop exigus pour le confinement.

Le corona va peut-être réaliser ce que 72 ans de coexistence n'avaient pas réussi à accomplir : faire comprendre aux ultra-orthodoxes qu'ils sont des citoyens comme les autres et à l'Etat d'Israël qu'il doit les intégrer au reste du pays.

Pascale Zonszain

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