L'affaire Ahouvia Sandak

Israël.

L'affaire Ahouvia Sandak
(Crédit: DR)

Le 21 décembre dernier, sur une route de Samarie, la police israélienne prend en chasse une voiture avec à son bord cinq adolescents israéliens, qui viennent apparemment de caillasser des voitures palestiniennes. La voiture des jeunes fait une sortie de route et l'un des passagers, Ahouvia Sandak, 16 ans, est tué dans l'accident. La police ouvre une enquête et arrête les quatre autres passagers, soupçonnés d'homicide involontaire, tandis qu'aucune charge n'est retenue contre les policiers impliqués dans la poursuite.

C'est cette décision qui met le feu aux poudres et qui, depuis maintenant deux semaines, donne lieu à des manifestations quasi-quotidiennes à Jérusalem, mais aussi à une recrudescence de jets de pierres contre des véhicules palestiniens sur les routes de Judée Samarie. Dans la capitale, des  centaines de jeunes, venus des implantations, pour la plupart des mineurs, filles et garçons, mais aussi des élèves de yéchivot ultra-orthodoxes se heurtent presque tous les soirs aux forces de l'ordre. Des véhicules arabes de Jérusalem ont été caillassés, et des manifestants ont aussi dégradé du mobilier urbain, ou tenté de bloquer la circulation et le passage des tramways. A chaque fois, la police est intervenue et la dispersion a donné lieu à des blessés de part et d'autre et à des dizaines d'interpellations.

Les jeunes réclament le démantèlement de l'unité de la police israélienne chargée des extrémistes juifs en Judée Samarie, qu'ils accusent d'avoir couvert les policiers impliqués dans l'accident qui a coûté la vie à Ahouvia Sandak. C'est la première fois depuis le retrait d'Israël de la Bande de Gaza et le démantèlement des implantations du Gush Katif en 2005, que des manifestations mobilisent des jeunes des territoires de Judée Samarie.

Et le mouvement embarrasse autant les forces de l'ordre que la classe politique. Benyamin Netanyahou avait présenté ses condoléances aux parents d'Ahouvia Sandak après l'accident qui lui a coûté la vie. Son ministre de la Sureté, Amir Ohana n'a pas formellement condamné les manifestations violentes qui ont suivi, tandis que le député nationaliste d'opposition Betsalel Smutrich a accusé le parquet et l'inspection générale de la police d'avoir protégé les policiers. Les services de sécurité de leur côté, s'estiment abandonnés par leur ministre de tutelle et redoutent que les incidents, surtout dans les territoires, ne conduisent à une escalade entre Palestiniens et jeunes Israéliens de Judée Samarie. Quant aux élus locaux des implantations, ils sont clairement désemparés, tiraillés entre la nécessité de maintenir l'ordre public et la crainte de perdre la confiance des jeunes de leur communauté, choqués par la mort de l'adolescent.

Ceux que l'on appelle les "jeunes des collines" sont entre quelques centaines et un millier selon les estimations, originaires des implantations, mais venus aussi de plus en plus d'autres régions d'Israël, qui s'installent dans des points de peuplement sauvage sur les collines de Judée Samarie, soit par idéologie, soit parce qu'ils sont en rupture avec leurs familles. La plupart refuse l'autorité des adultes, y compris celle des rabbins. En marge de la communauté, ils sont tous religieux, même s'ils rejettent les cadres dont ils sont issus, sionistes ou orthodoxes. Les manifestations qui ont suivi la mort d'Ahouvia Sandak confirment que les institutions israéliennes n'ont pas encore réussi à canaliser le phénomène, ni à traiter ses causes.

Pascale Zonszain

pzoom050121

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