Imaginez pour un instant que vous êtes à l'état-major de l'un des partis israéliens – celui de votre choix - et que vous planchez sur l'organisation de la campagne pour les législatives du 23 mars. Vous devez élaborer votre programme et surtout savoir ce qui se passe dans la tête de vos électeurs potentiels.
Et c'est là qu'interviennent les sondages. Celui publié mardi par l'Institut pour la Démocratie en Israël est particulièrement intéressant. Selon cette enquête, ce sont d'abord les questions socio-économiques qui vont guider le choix des électeurs israéliens, à 56%. Reste ensuite à savoir si les électeurs israéliens resteront fidèles à leur vote précédent. Ils sont 47% à en être surs.
Répartis sur l'échiquier politique, cela signifie que 29% des électeurs de gauche, 27% des centristes et 58% des électeurs de droite remettront dans l'urne le même bulletin qu'en mars dernier. Sans surprise, ce sont les partis religieux orthodoxes qui peuvent compter sur la fidélité de leur électorat : 93% pour le parti ashkénaze Yaadout HaTorah et 88% pour le parti séfarade Shas. La Liste Arabe Unifiée peut compter sur 72% de ses électeurs de mars 2020. Même score pour le parti Yamina de Naftali Bennett. Les électeurs du Likoud sont seulement 63% à être certains de revoter pour le parti conservateur. Et en allant vers la gauche, la situation est encore plus incertaine. Le parti Travailliste et le Meretz devraient conserver 46% de leurs électeurs. Et pour le parti centriste Bleu Blanc de Benny Gantz, c'est évidemment la catastrophe, avec à peine 16% de ses électeurs de 2020 qui se disent prêts à lui donner leurs suffrages en 2021.
Alors bien sûr, cette photo est réalisée trois mois avant le scrutin et les choses peuvent encore changer. C'est même à cela que sert une campagne électorale. Mais ce qui est intéressant, c'est d'ores et déjà le décalage entre les attentes des électeurs et le discours des politiciens. Clairement, le public israélien se projette dans l'après-crise sanitaire et attend des réponses sur les modalités de relance de l'économie, devant les questions de personnes et les enjeux démocratiques. D'ailleurs, l'enquête de l'Institut pour la Démocratie en Israël constate que l'indice de satisfaction des Israéliens sur l'action de leur gouvernement sortant varie fortement selon les domaines. Ils sont 57% à être satisfaits de sa politique étrangère et 48% de satisfaits pour la politique sécuritaire. En revanche l'indice de satisfaction tombe à 24% pour la gestion de la crise sanitaire et 21% pour celle de la crise économique.
L'apparition de nouveaux partis et éventuellement d'alliances électorales en vue du scrutin aura évidemment un impact sur le choix des électeurs, même s'ils sont plus d'un tiers à estimer que leur vote ne changera rien, quel que soit le parti qu'ils choisissent. Rien d'étonnant après trois scrutins depuis 2019, qui ont tous abouti à un blocage de la machine politique. Et pourtant, les Israéliens sont plus de 80% à estimer qu'ils iront voter le 23 mars. Si cette proportion se maintient, ce serait alors un des plus forts taux de participation de l'histoire politique d'Israël.
Pascale Zonszain
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