La poétesse et écrivaine, survivante de la Shoah, Francine Christophe était l'invitée de Steve Nadjar dans le journal de 14h de Radio J ce mercredi après-midi. Coauteure de "L'enfant des camps", avec Pierre Marlière, paru le 20 janvier 2021 aux éditions Grasset, elle est revenue sur son histoire à l'occasion de la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah. "Je n'ai pas partagé du tout mon histoire avec mes enfants. C'était mon histoire et je ne leur en parlais absolument pas. Je n'en était pas capable, c'était absolument impossible. Comment dire à ses enfants, qu'on aime, tout ce qui vous est arrivée ? Les enfants aiment bien qu'on leur raconte des souvenirs mais pas des souvenirs comme ça. Alors je me suis tue. J'ai attendu que mon fils ait 15 ans et qu'une cousine me dise 'écoute tu ne peux pas continuer comme ça, il faut que tu lui en parles'. Justement ce jour là, la radio diffusait nuit et brouillard et j'ai dit à mon fils 'regarde ce film, c'est l'enfance de ta mère'. Je ne me suis pas rendu compte de ce que je faisais. Je lui fais du mal. Il a écouté ça affolé, il est même sorti pour vomir, je ne peux pas parler de déportation avec lui. (...) Encore maintenant, tant d'années plus tard, je ne peux pas parler déportation avec mes enfants, ils ne l'acceptent pas, ils ne le supportent pas. Avec les petits enfants c'est différent, c'est devenu de l'histoire, on l'étudie à l'école, alors je peux leur en parler tout à fait tranquillement, sans histoire, ça passe", a déclaré Francine Christophe.
Gabriel Attal
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