C'est une bombe de fabrication artisanale qui a explosé vendredi à quelques mètres de l'ambassade israélienne dans la capitale indienne, ne causant heureusement que des dégâts matériels. Près du site de la déflagration, la police locale a retrouvé une lettre indiquant que l'attaque n'était qu'un début et qu'elle venait venger la mort du chef de la force al Quds des gardiens de la Révolution Qassem Suleimani, tué il y a un an dans un raid américain, et celle de Mohsen Fakhrizadeh, le responsable du programme nucléaire militaire iranien, abattu en novembre dans une opération attribuée au Mossad. Une autre revendication postée le lendemain sur les réseaux sociaux émanait d'une organisation indienne inconnue et se réclamant de l'opposition au Premier ministre Modi, alors que l'attaque a eu lieu le jour anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques en 1992, entre l'Inde et Israël.
Cela dit, en Israël les services de sécurité préfèrent ne pas exclure l'hypothèse qu'il s'agisse bien d'une action de l'Iran, qui aurait pu faire appel à des terroristes locaux et ils ont relevé le niveau d'alerte de toutes les représentations israéliennes à l'étranger. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'ambassade israélienne à New Delhi est visée par un attentat. Déjà en 2012, une voiture piégée avait explosé à proximité, blessant une Israélienne, épouse de diplomate et un employé indien de l'ambassade. A l'époque, l'attaque avait été revendiquée par le Hezbollah, en riposte à l'élimination par Israël d'Imad Mourniyeh, le numéro deux de la milice chiite libanaise. Parallèlement, une seconde attaque qui visait l'ambassade d'Israël en Géorgie avait, elle, pu être enrayée à temps.
L'Iran, on le sait, a développé un véritable réseau d'organisations terroristes et de milices supplétives qu'il soutient, finance et entraine au Moyen-Orient et ailleurs. C'est justement une des missions de la force al Quds que commandait Suleimani et qui s'appuie aussi sur le Hezbollah qui dispose de sa propre nébuleuse. Aussitôt après l'élimination de Fakhrizadeh, Israël s'était préparé à une riposte iranienne, considérant qu'elle pouvait intervenir indifféremment contre le territoire israélien, ou contre des objectifs israéliens ou même de communautés juives à l'étranger.
L'attaque de vendredi à New Delhi est peut-être une action d'opportunité lancée localement par un groupuscule soutenu par l'Iran, de façon à faire savoir à Israël que la riposte pourrait intervenir à tout moment et en tout lieu. D'ailleurs, les services de sécurité israéliens ne négligent pas non plus les tentatives de l'Iran d'ouvrir des brèches terroristes en Israël même, en recrutant des acteurs locaux, notamment via le Hezbollah. Le Shin Beth démantèle régulièrement des formations de cellules terroristes liées à l'Iran, que ce soit chez les Palestiniens ou les Arabes israéliens.
Alors, attaque délibérée ou coïncidence, l'explosion près de l'ambassade d'Israël à New Delhi vient en tout cas rappeler que la menace terroriste de l'Iran est plus que jamais une réalité.
Pascale Zonszain
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.