Les Juifs orthodoxes de Bnei Brak dans l'œil du coronavirus

Israël.

Les Juifs orthodoxes de Bnei Brak dans l'œil du coronavirus
(Crédit : DR)

C'est en partie ce qui s'est passé à New York avec les communautés juives ultra-orthodoxes, qui a fait prendre en Israël la mesure du risque dans les centres de population ultrareligieuse. Et si Bnei Brak est devenue le casse-tête sanitaire du gouvernement et des autorités, c'est parce qu'elle coche toutes les cases.

Bnei Brak est la deuxième agglomération à population harédite après Jérusalem. La ville qui jouxte l'est de Tel Aviv, compte environ 200.000 habitants, mais surtout c'est la première ville d'Israël en termes de densité de population : 27.000 habitants au kilomètre carré. A titre de comparaison, c'est 20.000 à Paris et 24.000 à Calcutta. La majorité des foyers sont des familles nombreuses qui résident dans des appartements, où les enfants sont plusieurs par chambre et où la surface est insuffisante pour permettre le confinement. La vie sociale et religieuse s'effectue évidemment en communauté. Les prières, l'étude se déroulent en groupe. Les yechivot accueillent des centaines d'étudiants réunis dans une même salle, où ils étudient généralement par deux. La population de Bnei Brak, plus pauvre que la moyenne nationale, a moins de véhicules individuels et se déplace plus par les transports en commun. Sans parler des commerces de proximité, où les habitants s'approvisionnent et qui sont aussi des foyers de contamination.

Comme on l'a déjà expliqué ici, pour les ultra-orthodoxes, l'autorité de référence est d'abord celle de leurs rabbins et de leurs chefs de communauté.  Le fait qu'ils aient tardé à réaliser la gravité de l'épidémie et à ordonner à leurs fidèles de suivre les consignes du ministère de la Santé, explique que les habitants de Bnei Brak n'aient pas modifié leurs habitudes avant ces derniers jours, laissant au virus le temps de se propager. En extrapolant à partir des tests de dépistage déjà réalisés, on estime qu'environ 38% de la population de la ville pourrait être contaminée, soit quelque 75.000 personnes.

La population de Bnei Brak est aujourd'hui parfaitement consciente de la situation et appelle les autorités à l'aide. Il faut pouvoir isoler les malades sans gravité, protéger les personnes âgées, plus vulnérables. Pour cela, une seule option : les faire sortir de la ville. Ce sont des soldats de Tsahal qui vont être affectés à cette mission. 4.500 personnes âgées de plus de 80 ans vont être évacuées vers une installation qui leur sera réservée. Deux bataillons de Tsahal, placés sous le commandement du Pikoud Haoref, assisteront la population dans l'évacuation des malades et l'approvisionnement en vivres.

A ce stade, la ville de Bnei Brak ne sera pas totalement bouclée, mais la circulation des habitants sera encore limitée. Seuls les déplacements indispensables seront autorisés et devront être justifiés. Ces mesures pourraient être étendues à d'autres agglomérations ou à des zones spécifiques. Elles sont fixées par le gouvernement pour une durée de sept jours, renouvelables jusqu'à 21 jours. Ensuite, il faudra une autorisation du parlement. Tout cela va encore compliquer les préparatifs de la fête de Pessah. Mais cette fois, la population a compris que c'était indispensable.

Pascale Zonszain

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