Benyamin Netanyahou n'a pas tardé à réagir aux propos du nouveau Secrétaire d'Etat américain à propos du Plateau du Golan. "Avec ou sans accord, nous ne redescendrons jamais du Golan. Il restera partie intégrante du territoire souverain d'Israël" a affirmé hier le Premier ministre israélien. Il répondait ainsi aux déclarations d'Anthony Blinken, interrogé lundi sur CNN, sur la position de la nouvelle administration démocrate à propos de la reconnaissance de l'annexion du Golan par Israël par le président Trump. "Laissons les questions légales de côté. Sur le plan pratique, le Golan est très important pour la sécurité d'Israël" avait estimé le nouveau Secrétaire d'Etat. En langage diplomatique, cela équivaut à un revirement, ou en tout cas à l'annonce d'un revirement ultérieur de la position américaine sur la question du Golan et donc le retour à sa position antérieure à la décision de Donald Trump. Le sort du Plateau du Golan, conquis par Israël en 1967 et annexé depuis 1981, devra, pour Washington, faire l'objet d'un règlement négocié avec la Syrie.
Cela dit, Anthony Blinken s'est également montré réaliste. "Aussi longtemps qu'Assad sera au pouvoir en Syrie, que l'Iran et les milices pro-iraniennes seront présents en Syrie, tout cela constitue des menaces graves pour la sécurité d'Israël. Et d'un point de vue pratique, je pense que le contrôle du Golan reste très important pour la sécurité d'Israël" a ajouté le chef du Département d'Etat. "Quand la situation en Syrie aura changé, nous réexaminerons la question. Mais nous en sommes encore très loin" a conclu Blinken.
Même si les déclarations étaient prudentes, elles ont été l'occasion de la première passe d'armes diplomatiques entre Jérusalem et Washington. L'administration Biden est en train de reconfigurer sa politique extérieure et a envoyé un premier signal vers Israël, alors que les contacts directs au plus haut niveau tardent à venir. Si le nouveau Secrétaire d'Etat s'est déjà entretenu avec son homologue israélien Gaby Ashkénazi, Benyamin Netanyahou en revanche, attend toujours un appel de Joe Biden.
Pourtant, jusqu'à présent, l'essentiel est préservé. Israël garde les mains libres dans sa campagne silencieuse contre l'Iran en Syrie. C'est ce qui ressort des déclarations d'Anthony Blinken. Mais il ne faut pas oublier non plus le raid effectué par l'aviation de Tsahal contre des positions iraniennes dans la région de Hama, le lendemain même de l'investiture de Joe Biden à la Maison Blanche. Les frappes n'avaient suscité aucune réaction du côté de Washington. La mise au point cette semaine du Secrétaire d'Etat confirment qu'il n'y aura pas d'interférence américaine.
Israël avait intensifié ses frappes dans les dernières semaines du mandat de Donald Trump, en prévision d'un possible changement de cap de son successeur. Il est désormais clair qu'il pourra continuer. Mais si le dossier syrien ne représente pas de problème à court terme dans les relations israélo-américaines, des divergences pourraient apparaitre rapidement sur la question du nucléaire iranien et celle du règlement du conflit israélo-palestinien. Mais à Jérusalem comme à Washington, on préfère attendre encore un peu avant d'aborder les sujets qui fâchent.
Pascale Zonszain
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