C'est la première fois depuis la guerre du Liban de 2006, que le Hezbollah cherche à déclencher une offensive limitée contre Israël. Dans leur rapport présenté la semaine dernière sur les enjeux sécuritaires pour 2021, les experts d'Aman, les services de renseignements de Tsahal avaient confirmé avoir observé un changement de comportement des milices chiites libanaises pro-iraniennes depuis l'été et de nouveaux éléments préoccupants au cours des dernières semaines. D'abord une tentative d'incursion terrestre par deux hommes sans arme qui ont franchi la frontière libanaise avant de rebrousser chemin sous les tirs de semonce d'une patrouille israélienne. Puis, quelques jours plus tard, un drone de reconnaissance de Tsahal visé par un tir de missile au-dessus du Liban.
Pour les analystes de la défense israélienne, ce ne sont pas des coïncidences ni des incidents fortuits. Déjà, en juillet dernier, le Hezbollah avait envoyé en éclaireurs des bergers libanais pour tester le dispositif de défense israélien, avant de faire passer un commando armé. Quant au tir sur le drone, c'est une réaction dont le Hezbollah s'était abstenue au cours des deux dernières années. Le missile, de fabrication russe avait donc raté sa cible, et Tsahal avait préféré ne pas riposter. Ce genre d'action de l'organisation chiite libanaise ressemble à la tactique utilisée par le Hamas dans la Bande de Gaza, quand il cherche l'escalade face à Israël.
Parallèlement, le Hezbollah a créé une nouvelle unité commando, baptisée "Radwan", spécialement entrainée pour des opérations d'infiltration en Israël, et qui peuvent viser soit des localités frontalières avec prises d'otage de civils, soit des objectifs militaires contre des soldats de Tsahal. Ce type d'attaque générerait nécessairement une riposte israélienne, et dans le scénario d'escalade envisagée, entrainerait des attaques du Hezbollah tout le long de la frontière libanaise, accompagnées de tirs massifs de missiles et de roquettes contre le territoire israélien.
Selon les analystes des renseignements de Tsahal, le Hezbollah considérerait le temps venu de passer à l'action et de riposter globalement aux opérations israéliennes de ces dernières années, qui ont pris pour cible les convois d'armes acheminées par l'Iran via la Syrie et en particulier les systèmes de guidage, qui doivent donner à l'arsenal de missiles du Hezbollah une précision de tir d'une dizaine de mètres et dont quelques dizaines de ses missiles seraient déjà équipées. Ces frappes préventives de Tsahal en Syrie ont également causé des pertes dans les rangs du Hezbollah, et notamment en juillet dernier.
Depuis, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah promet des représailles et surtout assure qu'il veut rétablir la "dissuasion" face à Israël, ce qui signifie de son point de vue, riposter à toute mort de milicien chiite et empêcher le survol du Liban par des appareils israéliens. C'est dans ce contexte que Tsahal a donc organisé deux exercices successifs en une semaine. D'abord celui de la division de Galilée, puis celui de l'aviation, tous deux destinés à tester la réactivité et la puissance de feu de la défense israélienne, face à une action du Hezbollah, qui peut surgir à tout moment.
Pascale Zonszain
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