En apparence, rien ne désignait le cargo roulier Helios Ray comme un bâtiment israélien. Mais il n'était pas difficile de découvrir que le navire qui battait pavillon panaméen, appartenait à la compagnie Helios, inscrite dans l'île de Man, mais dont les actionnaires sont israéliens. Ce n'est donc certainement pas un hasard s'il a été la cible d'une attaque en plein jour, jeudi dernier, alors qu'il venait de décharger de la marchandise dans le port saoudien de Damman et qu'il naviguait dans le Golfe d'Oman, en route vers Singapour. Ce sont deux missiles sol-mer, qui ont traversé sa coque de part en part, au-dessus de la ligne de flottaison, heureusement sans faire de blessé et sans atteindre la salle des machines, ce qui a permis au cargo d'atteindre le port de Dubaï.
La nouvelle de l'attaque n'a été rendue publique que le lendemain. Mais rapidement, Israël a désigné l'Iran comme responsable. Vu la proximité du détroit d'Ormuz, le tir a pu être effectué par les Gardiens de la Révolution ou par des milices pro-iraniennes opérant dans la région. Le chef d'état-major de Tsahal Aviv Kochavi a affirmé que cette attaque venait rappeler que l'Iran ne représente pas seulement une menace nucléaire, mais qu'il propage aussi le terrorisme". Moins officiellement, des responsables de la défense israélienne ont également préconisé une riposte contre l'Iran, qui a franchi une ligne rouge en s'en prenant à une cible civile israélienne.
On a donc franchi une étape de plus dans la tension qui oppose Israël et l'Iran, depuis que la République islamique a promis de venger deux actions qu'elle attribue à Israël : l'explosion l'été dernier dans l'installation nucléaire de Natanz et l'élimination en novembre à Téhéran de Mohsen Fakhrizadeh, considéré comme le père du programme d'armement nucléaire de l'Iran.
Déjà il y a un peu plus d'un mois, une bombe avait explosé à proximité de l'ambassade d'Israël à New Delhi, sans faire de blessé. L'attaque avait été revendiquée par un groupe terroriste pro-iranien et promettait de n'être que la première salve de la riposte iranienne. Les responsables de la défense israélienne n'avaient d'ailleurs pas attendu cet avertissement pour renforcer leur niveau d'alerte et de vigilance sur tous les fronts, en Israël comme à l'étranger et considéré que les cibles visées par l'Iran pourraient être aussi bien militaires que civiles et que les attaques pourraient venir de toutes les directions. C'est ainsi que de batteries de défense antimissile avaient été déployées dans la région d'Eilat, pour protéger le port de la mer Rouge de tirs de missiles en provenance du Yémen. Et il y a quelques jours, c'est la participation d'une délégation israélienne au salon de l'armement qui se tient à Abu Dhabi qui a été annulée sur décision du ministère de la défense. Officiellement à cause de la situation sanitaire, mais en réalité très probablement parce que les dirigeants des principales firmes de l'industrie de défense d'Israël auraient fait une cible de choix pour une attaque terroriste iranienne.
Pascale Zonszain
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